Le jeudi 15 juin, comme cela se fait souvent la veille d'un passage au Hellfest, un groupe en route vers Clisson décide de faire une petite pause dans notre chère capitale histoire de proposer un concert plus intimiste avant de se confronter aux dizaines de milliers de chalands qui l'attendent le lendemain. Et ce fameux jeudi, le groupe en question n'est autre qu'Elegant Weapons, le nouveau projet de Richie Faulkner (Judas Priest). Alors, comme votre serviteur a décidé de ne pas se rendre au Hellfest cette année, cette occasion était à saisir. D'autant plus que le premier album du groupe, Horns For A Halo, est une livraison heavy de qualité dont le style devrait bien passer sur scène. Malgré l'absence du bassiste Rex Brown (occupé par la tournée en cours de "Pantera") et du batteur Scott Travis, aucune raison de bouder l'événement. D'autant plus que Ronnie Romero sera bien présent derrière le micro et que les remplaçants Dave Rimmer (Uriah Heep) et Christopher Williams (Accept) ne sont pas des rigolos. Mais d'abord, place à la première partie assurée par les français Overdrivers.

Overdrivers, je ne connaissais pas, je l'avoue. Eh bien, je peux avouer qu'au rayon des premières parties découvertes le soir du concert, on peut tomber sur bien pire ! C'est du hard rock traditionnel, fier héritier des frères Young (on pensera de nombreuses fois à AC/DC pendant le set), avec une grosse énergie qui n'est pas sans rappeler celle des Australiens d'Airbourne (et donc AC/DC) et un côté Steel Panther pour le côté grivois des paroles (quelques titres pour vous faire une idée : She Hides A Big Packet, She's On Her Period, Show Your Boobies...). Et là, je sens que vous vous méfiez. Certains d'entre vous sont peut-être en train de se dire que c'est du déjà vu et que ça n'a probablement aucun intérêt. Ca s'entend... sauf que non ! Parce que c'est fun et très efficace. Bête à bouffer du foin mais suffisamment énergique et fait avec amour pour donner le sourire et faire passer un bon moment à toute l'assistance.

Déjà, les gars mouillent la chemise. Surtout le guitariste soliste qui ne cesse d'arpenter la scène de droite à gauche comme un animal en cage. On aura même le droit à un gros solo bien long et excité avec passage dans la foule, fosse et balcon, s'il vous plait. Et puis, ça joue bien, c'est carré. Le chanteur manque peut-être un peu de hargne/puissance (à mon goût en tout cas) mais il est juste et joue son rôle de frontman sans démériter. Bonne humeur, rock'n'roll, compos qui ne réinventent pas la roue mais qui possèdent des mélodies et riffs entêtants ou entraînants... On passe un très bon moment, le sourire aux lèvres. Merci Overdrivers pour ce début de soirée plus que plaisant. 

Elegant Weapons ou le Faulkner show.

Oui, la star de la soirée, c'est bien Richie Faulkner. Aucun doute là-dessus. Il a beau être bien accompagné, beaucoup de regards sont tournés vers lui. Et pas juste parce que cela fait douze ans qu'il joue de la guitare pour l'un des plus grands groupes de heavy metal de la planète. Non, il y a autre chose... que l'on doit à l'ingé son ce soir : le son de guitare est énormissime. Très. Trop. A tel point qu'il couvre le reste... et surtout la voix de Romero que l'on peine véritablement à distinguer sur les premiers morceaux (c'est dommage car quand on l'entend, le Ronnie, on se rend bien compte que sa réputation n'est pas usurpée). C'est le gros point noir de cette soirée qui va néanmoins rester très sympathique. Car on a beau faire savoir au chanteur qu'on ne l'entend pas (il nous demandera à plusieurs reprises si on l'entend mieux, les trois ou quatre premiers titres passés) et il a beau le signaler, on notera assez peu de progrès. Un peu quand même... mais la guitare restera incroyablement forte, totalement dominante. Pourquoi ? N'y avait-il pas moyen de faire quelque chose de plus équilibré, pendant le set, une fois cette anomalie constatée ? Vraisemblablement non...

Alors, maintenant que c'est dit, on peut aussi trouver très appréciable d'entendre aussi bien chaque petit mouvement de médiator du père Faulkner, il est rare d'en prendre à ce point plein la tronche... amateurs de guitare heavy, bienvenue au paradis, la tête dans l'enceinte, ce ne serait pas mieux. Et Richie gratouille plus que correctement. C'est l'occasion de le constater pour ceux qui n'en seraient pas persuadés. En plus de cela, il ne manque pas de charisme et dégage une aura certaine... Il aime bien lever sa guitare vers le ciel aussi, jouer à la verticale, les jambes écartées, en secouant sa blonde crinière... Parfois, on pourrait clairement lui trouver un côté Zakk Wylde, les quatre B en moins (il est moins barbu / biscoté (= adjectif inventé pour désigner quelqu'un qui a de gros bras = biscoteaux) / bourrin / bourru).

Les compos ? J'avais pressenti qu'elles passeraient bien en live... je ne m'étais pas trompé. Ce bon vieux heavy des familles est taillé pour la scène. Le début du show fait la part belle aux titres les plus accrocheurs (les singles Do Or Die ou Blind Leading The Blind en tête). Le groupe n'a qu'un album à son actif, il va donc le jouer en intégralité. Mine de rien, pour les fans, c'est un moment quasi-historique... Car ce soir, c'est bien le premier concert en tête d'affiche jamais donné par Elegant Weapons. Quelques jours avant, ils ont pu jouer deux sets plutôt courts, dont l'un en première partie de Pantera. Le lendemain, ce sera le Hellfest pour un autre mini-show... mais ce soir, la primeur d'un concert plus complet, c'est sur Paris que ça se passe. Bon, je vais quand même râler un tout petit peu... J'avais imaginé qu'avec un album d'un peu moins d'une heure, le groupe en profiterait pour enrichir son set de quelques reprises bien sympas et, en fait, pas tant que ça. Il n'y aura qu'un titre non présent sur l'album : le surpuissant Painkiller de Judas Priest joué en rappel. Ambiance survoltée, compo jouée à une guitare (ça n'est pas commun, avec Faulkner qui se tape les solos tout seul), c'est fun... mais ça laisse un goût de trop peu. Pourquoi seulement onze titres ? C'est un peu radin, non ? Avec quelques discours et rallonges, le concert aura tout de même duré une bonne heure dix... Pas ridicule mais clairement pas super généreux. On sera gentil / compréhensif en se disant que le groupe n'a probablement pas eu le temps de répéter d'autres morceaux avant de partir en tournée. 

Si Dave Rimmer est très discret et ne sortira pas trop de derrière son pied de micro à droite de la scène, Christopher Williams assurera un show plus que décent à la batterie (en plus d'assurer les chœurs plus que régulièrement). Le gars est très souriant et donne bien de sa personne. Sa performance ne peine absolument pas à convaincre. Et puis, il y a Ronnie Romero. A l'aise, un peu poseur (juste ce qu'il faut... rien de méchant, il a du charisme, il n'est pas dégueu à regarder), il assure comme il faut. Quand on l'entend chanter (comme sur la belle ballade bluesy Ghost Of You), c'est encore mieux ! Il joue un peu avec le public, le fait chanter (bonne participation sur le refrain de la très bonne Downfall Rising) et s'essaye à la déclaration sulfureuse du style "j'ai joué avec un autre Ritchie... mais celui-ci est meilleur !", avec un petit sourire en coin...
J'ai dit qu'il n'y avait eu qu'une reprise, j'ai un peu menti : Elegant Weapons nous a gratifié d'un Lights Out (UFO) bien charpenté ! Mais comme cette chanson est déjà sur l'album, on dira que la surprise est moindre. 

Le groupe nous remercie chaleureusement et semble bien profiter de ce moment intimiste (il l'est d'autant plus que la salle est assez vide, effet Hellfest ?) et se montre proche de son public. Les conditions pour prendre des photos sont top, alors les fans ne se privent pas. Faulkner prend la pose sur le devant de la scène... et plaisante régulièrement en fixant quelques fans dans les yeux en leur disant "no pictures" avant de laisser éclater un grand sourire. Ne jugez pas, chacun ses blagues... Bref, tout cela fait que l'on passe un moment bien sympa. Les musiciens sont classes et cette première fois restera un moment unique pour les fans qui ont fait le déplacement. Mais, comme dit plus haut, ce concert aurait été encore meilleur avec un son qui permette de mieux profiter du chant. A revoir dans de meilleures conditions donc... et avec plus de chansons ! 

Setlist Elegant Weapons :

01. Do Or Die
02. Dead Man Walking
03. Blind Leading The Blind
04. Horns For A Halo
05. Lights Out
06. Dirty Pig
07. Ghost Of You
08. White Horse
09. Bitter Pill
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10. Painkiller
11. Downfall Rising