Groupe:

Une Nuit en Enfer : Benighted + Gorod + Psykup + Molybaron

Date:

19 Mai 2022

Lieu:

Mérignac

Chroniqueur:

JeanMichHell

L’ami JC (qui illustre avec ses photos cet article) et moi-même arrivons en enfer !! Ah ah ! et le mot n’est pas trop faible car il fait une chaleur écrasante ce soir du côté du Krakatoa de Mérignac, mais nous n’avons pas hésité à affronter cette chaleur pour assister à la troisième édition d’ « Une nuit en Enfer » organisée par Base production.

Avant même de mettre les pieds dans cette fournaise, nous avons devant nous Kevin Paradis (batteur de Benighted) qui n’arrive pas à rentrer dans la salle, car il a du mal à convaincre la personne de la billetterie qu’il fait partie du groupe. Après quelques instants de discussion, tout rentre dans l’ordre et Benighted peut jouer comme prévu. Cocasse !

J’ai également le plaisir d’échanger quelques mots avec M. Julien Truchan, M. S-Growl de ces mêmes Benighted, qui prouve une fois de plus sa gentillesse et sa disponibilité. Même si ce début de soirée ne nous pousse pas à l’optimisme avec un public peu présent, et une véritable inquiétude sur le contexte économique qui ne manque pas d’avoir un impact sur le remplissage des salles.

Molybaron :

C’est donc Molybaron qui ouvre la soirée. Oui nous sommes d’accord, cela peut être un choix bizarre par rapport au reste de l’affiche, mais le quatuor a bien l’intention de convaincre son auditoire, très clairsemé en ce début de soirée.

 



A titre personnel, c’est une quasi-découverte. J’ai bien lu et écouté tout le bien qu’en pense l’ami Didier, mais je suis devant eux sans aucun a priori. Et je dois reconnaître que musicalement le groupe a bien des atouts dans sa manche. Leur rock typé, racé peut faire des merveilles. Je trouve que Camille Greneron derrière sa batterie est un des grands artisans de la musique de Molybaron. Il rajoute grâce à son jeu sur les tomes ou avec la double pédale, une forme d’agressivité distillé du meilleur effet.

Gary Kelly, chanteur-guitariste, possède un faux air de Tremonti, et finalement le parallèle avec ce groupe me paraît de plus en plus évident au fil du concert. Mais Molybaron possède un aspect progressif également. Globalement la prestation musicale est de qualité et je dois avouer que c’est un concert agréable.



Le hic, c’est que le public n’est pas extrêmement réceptif, à l’exception des quelques personnes présentes spécifiquement pour le groupe. Mais le groupe ne se laisse pas décontenancer et met l’énergie et la communication en place pour essayer de réveiller le public. Steven Andre à la guitare harangue le public, va le chercher et saute comme un cabri pour essayer de réveiller cette foule bien amorphe. (Qui a dit bienvenue à Bordeaux ?!!??). Sébastien de Saint-Angel à la basse, essaie de son côté de pousser le public à taper des mains en rythme, sans grand succès non plus. Et même sur le titre de clôture, Gary demande au public d’arrêter de l’ignorer, et promet un morceau thrashisant, pour tenter d’avoir les faveurs du public. Le tout avec le sourire car les messieurs savent bien qu’ils contrastent avec le reste de la soirée !

Difficile, malgré une belle prestation musicale et une envie de bien faire, pour Molybaron. Il est aisé de penser que le public n’était pas là pour du rock, mais bien pour prendre une rafale de BPM !

Psykup :

Attention montée de température en vue avec mes chouchous toulousains de Psykup. La playlist me passe devant les yeux, au niveau de la table de son, et je vois que le quintet n’est pas venu ici pour se laisser impressionner par Gorod ou Benighted, et va sortir l’artillerie très très lourde !



Après l’introduction Surfin’ Bird de The Trashmen, c’est Familly Burlesque qui ouvre le bal, et d’entrée de jeu le public est chaud. Le premier Julien de la soirée (guitare-chant) demande au public de se décoller du fond de la salle et de venir participer à la fête. Cela fonctionne bien et les premiers pogos débutent.

C’est bien Julien Cassarino qui mène la barque, tout d’abord il est le principal compositeur de ce patchwork Psykup, mais il est aussi devenu le leader incontestable de cette formation depuis le départ de Milka. Il fait les transitions entre deux titres, se mue en ambianceur jambe levée, sourit au public, bref il est le capitaine du bateau. Le seul bémol, sa mémoire, puisqu’il annonce que la dernière fois que Psykup était venu au Krakatoa c’était pour l’enregistrement du DVD Live Is Dead en 2006, sauf qu’il y a eu une autre date pour leur retour en 2015 avec la première date de Julian Gretz à la basse. Le bénéfice de l’âge paraît-il… 😊



Pour les collègues, je dois reconnaître que Matthieu Romarin est déjà plus à l’aise que lorsque nous l’avions croisé au Festival 666, Victor Minois reste un guitariste stupéfiant de facilité, Julian fait partie de ceux qui branchent le plus le public et envoie un Wall Of Death, quant à Brice Sansonetto, ben, il reste à mon sens un des batteurs les plus impressionnant en France. Même s’il a bien de la concurrence ce soir !

Mais surtout quelle setlist aux petits, non aux gros aux gnons ! Entre We Will Win This War, Teacher, Sun Is The Limit, Love Is Dead ou encore Cooler Than God, c’est du très lourd qui est envoyé par les toulousains ce soir. Et tant que vieux de la vieille de la tribu des autruches, un petit plaisir sucré avec Your Vision que je n’avais pas entendu en live depuis peut être quinze ans, et même si le titre est écourté, faute de triton, c’est le pied total !

 


Pour conclure le groupe nous propose du « Rimbaud ou du Prévert » (ou du pervers…) avec Masturbation Failed, qui finit d’assommer le public. Cette prestation tout en force de Psykup aura été comme à son habitude, excellente.  

Gorod :


Attention, changement d’ambiance et voici Gorod, qui vient clairement pour passer la surmultiplié. Et quoi de mieux pour ouvrir que Wolfsmoon ? A l’instar de leur dernier méfait Aethra, Gorod ouvre avec ce titre tout en puissance et particulièrement frontal.



Le second Julien de la soirée, s’en donne à cœur joie et massacre son micro en bonne et due forme. Et même s’il dit que le groupe a vieilli (comme nous tous !), ils ont encore de beaux restes ! (comme presque nous tous !). Le plus impressionnant reste la facilité avec laquelle les musiciens envoient des titres d’une technicité folle. Et ils se fendent la gueule ! Les mecs sont là en train de te détruire le museau avec des titres plus dingues les uns que les autres, et ils se marrent ! Cela fait plusieurs fois que je les vois sur scène, mais ça m’impressionne à chaque fois !

Surtout que comme Psykup, Gorod souhaite nous proposer une setlist absolument dingue ! Entre l’excellent Goddess Of Dirt, Aethra, ou encore Bekhten's Curse, il y a que du très bon ! Le groupe en profite pour fêter également les dix années d’existence de A Perfect Absolution, avec The Axe Of God ou Birds Of Sulfur, on est bien dans la setlist uppercut absolue !

 



Et le spectacle est complet lorsque l’on y ajoute les petits plaisirs que vit le groupe sur scène ! Matthieu Pascal, compositeur en chef, reste hallucinant de facilité alors qu’il est clairement un psychopathe du riff. Nicolas Alberny assure également ses parties avec une virtuosité sans faille. Quant à la paire rythmique, M. Karol Diers reste un batteur totalement stupéfiant, et M. Benoit Claus alias le "Barby barbue" possède non seulement une magnifique basse « à la Hulk » qui brille en vert la nuit mais reste un des grands animateurs de scène. Entre ses aller-retours vers les copains pour les faire craquer (il arrive à arrêter Julien en plein chant), sa manière d’aller chercher le public, où son typique léchage de manche de basse, zouk sur Carved in the Wind, et tout ça avec un grand sourire ! Il est celui qui donne l’énergie à l’ensemble.


 
Pour finir en beauté cet incroyable set, le groupe nous propose Victory, extrait du nouvel album à venir (Miam !) et conclut comme à son habitude avec un apocalyptique Disavow Your God, qui sera l’occasion de prouver encore une fois que ce groupe est bel et bien une machine à distribuer les fessées !

Là où Psykup aura mis le feu, Gorod n’aura laissé que des cendres. Quelle raclée mes amis ! Un set intense, d’une virtuosité dingue, rempli de sourire et de bonne humeur.
 
Benighted :

Après ces deux magnifiques raclées, il ne reste plus grand-chose à part des cendres, et Benighted va définitivement nous désintégrer. Car oui les patrons du Death Brutal français, ce sont eux et ça fait vingt ans que ça dure. Une preuve ? Le premier titre Obscene Repressed, issu du dernier album en date, et les petits gars de Saint-Étienne auront remis les pendules à l’heure.


 
Il faut reconnaître que le très charismatique (et troisième Julien de la soirée) M. Truchan, qui beugle comme un damné dans ce pauvre micro qui n’a rien demandé, est clairement le dynamiteur. Il est remonté comme une pendule et nous demande de nous casser le cou sur les coups de boutoir du groupe. Il est comme un lion en cage, à faire des allers-retours sur scène, va chercher le public, tire la langue… Et surtout il ne s’économise jamais, il a beau avoir les pieds nus, il ne risque pas d’avoir froid avec l’énergie que déploie l’animal tout au long du set.

Dans le public, c’est de la folie, le pit prend un sacré coup de chaud sur la petite minute trente que dure Necrobreed. Et c’est assez drôle de voir quel effet fait ce groupe à son public, puisque des danses totalement atypiques voient le jour entre pogo et valse, c’est très amusant de voir les gens s’éclater totalement sur cette musique d’une puissance incroyable ! Il y a même un concours de lancer d’avion en papier à côté de moi, bref c’est tout simplement la fête.



Et pourtant sur scène, c’est la guerre ! Même si les deux guitaristes Fabien Desgardins et Emmanuel Dalle sont concentrés sur leur instrument respectif (on le serait à moins..), Pierre Arnoux à la basse et chœur fait partie des animateurs de scène. Il se frappe le crâne, hurle comme une bête, et provoque le public pour qu’il se lâche encore plus… Mais celui qui est quand même juste hallucinant c’est M. Kevin Paradis, qui est juste incroyable de facilité en envoyant des banderilles d’une violence et d’une rapidité qui défie l’entendement.
 
Côté setlist on sera bien gâté aussi, que ce soit le très punk Slut, ou le très direct Experience Your Flesh font partie des temps forts du set. Mais je ne pensais pas forcément entendre Implore The Negative, qui à la base est en duo avec Jamey Jasta de Hatebreed, que je trouve encore meilleur sur scène. Son intro Sepulturesque, ce groove qui émane de cette composition, est loin de ce que propose le groupe usuellement mais apporte plus de variable et c’est tout de même fort appréciable. Il fallait, bien évidemment, un hommage à Trevor Strnad, chanteur de The Black Dahlia Murder disparu il y a quelques semaines, et proche de Julien, avec le titre Forgive Me Father. Comme quoi gros son, rime souvent avec gros cœur…



Benighted aura prouvé (si c’était encore nécessaire) qu’ils sont bel et bien les patrons mais aussi les parrains de la scène extrême. Leur carrière force le respect, et leur prestation scénique ne souffre d’aucune contestation. La puissance, la vitesse, et la chaleur qui émane de ce groupe ne peuvent que convaincre si l’on est un temps soit peu sensible à cette déferlante de violence.

Un grand bravo à Base Production qui aura bien réussi à nous faire vivre l’enfer en une nuit. Le public est ravi, nous aussi et j’ai déjà hâte d’être à la prochaine édition. Une bien belle soirée !

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