Groupe:

Death Angel + Witches + Thrashback + Malemort

Date:

02 Août 2015

Lieu:

Eragny

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Le 2 août 2015, c'est le milieu de l'été, il fait chaud... très chaud, et dans la banlieue parisienne, à Eragny (pas bien loin de Cergy), quelques fans de metal qui ont la "chance" (toute relative, j'en conviens) de ne pas être en vacances à ce moment-là sont sur le point de vivre une soirée rude. Rude pour les cervicales, rude pour ceux qui sont allergiques à la transpiration (la leur et celle de leurs voisins), rude pour ceux qui n'ont pas de quoi se désaltérer... mais une soirée inoubliable néanmoins. Car en cette fin de journée, à partir de 19h30 exactement, ça va thrasher... et pas qu'un peu... avec la venue dans la toute petite salle intimiste du Covent Garden, des excellents Death Angel. Ils écument les festivals d'Europe (comment ça ?! Ils n'ont pas fait le déplacement depuis San Francisco rien que pour nous ?!) et marquent un petit arrêt chez nous avant de repartir sur les routes. On les remercie. Et a posteriori, on les remercie doublement... parce que, mes amis, quelle soirée !! 

Commençons par le commencement. Pas de concert sans première partie. Et ce soir, il y a en trois !! Que des groupes français... que je connais peu, mal ou juste pas. C'est donc l'heure de se cultiver. Mais brièvement car les sets sont courts (une petite demi-heure par groupe, en gros) et aussi parce que quand j'arrive, Malemort est déjà en train de s'activer face à une salle partiellement remplie (tout le monde n'est pas encore arrivé, ce n'est pas moi - à la bourre - qui leur jetterai la pierre et comme, il fait très chaud, il y a des gens dehors... et une partie de l'assistance se rafraîchit avec une bonne bière). 

Alors, Malemort, c'est quoi ? Eh bien... difficile à dire. Leur metal est assez varié, à mi-chemin entre thrash, punk et d'autres choses (un morceau démarre avec une intro tribale assez originale, un peu plus tard, un autre sonnera beaucoup plus rock'n'roll), avec des textes en français. Ce qui est sûr et qui ne m'a pas échappé, c'est que c'est pêchu. Et les gars se donnent avec conviction. Bonne attitude, musiciens compétents, chanteur qui communique bien avec le public... tout cela passe comme une lettre à la poste. Le son est fort, puissant, un peu bordélique... la grosse énergie dispensée par les musiciens nous emporte et on se dit que, décidément, il fait très chaud ce soir (et ce n'est que le début). Entre deux morceaux, le chanteur nous dit qu'un putain de groupe de thrash est en ville ce soir, il évoque le Big 4 du thrash en précisant que s'il s'agissait d'un Big 6 ou Big 7, on pourrait y ajouter des groupes comme Testament, Exodus... et Death Angel quand même (beau joueur). Il manifestera aussi son soutien au Rock Fort Show (la fameuse émission de radio menacée de disparition) et nous incitera à nous mobiliser... sans oublier de gueuler un beau et sincère "Vive le peuple du metal". Tout cela se termine avec une reprise très énergique du Last Caress des Misfits. Un moment très sympa ! 


Setlist de Malemort :

Japan Airlines
Insoumission
Madame
Décadence
Mauvaise Passe
L'enfant-machette
Cabaret Voltaire
Last Caress

 

Ensuite, c'est au tour de Thrashback de venir chauffer l'assistance. Chauffer, par une telle soirée, est-ce bien utile ? On dégouline presque sans rien faire... mais passons. Le set de ce groupe local qui fait dans le thrash rapide, brutal, old-school, sans concession démarre de la meilleure des façons possibles... avec une gamelle du bassiste qui s'étale par terre en entrant sur scène, juste avant de balancer la sauce ! Excellent ! Evidemment, il ne l'a pas fait exprès Le Gorg (c'est son nom... enfin, pas son vrai nom, hein... du moins, je l'espère), mais on le remercie car, déjà il ne s'est pas fait mal, et du coup, tout le monde se marre. On n'a pas encore entendu une seule note mais on a déjà la banane... bien joué ! 

Mais à part ça, Thrashback, ça envoie ! Bah oui, se marrer c'est bien... mais on ne s'est pas déplacé pour voir un numéro de Pierre Richard non plus. Alors, une fois la gamelle passée... c'est l'heure de s'en prendre plein la tête. Le trio est énergique, on ne leur enlèvera pas ça. Freddy, le guitariste, est plus discret que ses deux compères mais il est efficace. Le batteur, Speed (un nom bien porté), s'occupe aussi du chant... et le pauvre souffre un peu de la chaleur... on le comprend, on compatit. Mais animé par sa bonne humeur et une volonté d'en découdre, le gars ne se démotive pas et donne tout. C'est surtout Le Gorg qui harangue la foule... La communication passe bien. On remarquera qu'elle est très régulièrement ponctuée du mot "bordel" (et quelques autres politesses). Alors, ça va BORDEL ? Vous êtes prêts BORDEL ? Gueulez... BORDEL !!! A en croire que le bassiste avait oublié que la ville s'appelait Eragny et non Bordel. 

Musicalement, c'est très carré. J'avoue que je ne connais pas bien les morceaux (honte à moi) mais j'apprécie. Le style est facile d'accès... c'est du bon vieux thrash... idéal pour la scène. D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas... et ça gueule, ça pogote, ça se marre. Tout va bien. Il y a un petit dialogue sympa entre les fans et le groupe sur le refrain de Unleashed The Beast (rebaptisée Unleashed The Fucking Beast, c'est tout de suite plus festif, plus estival...) et, comme pour le set précédent, c'est une reprise qui vient conclure les hostilités : United Forces de S.O.D.
Mission accomplie pour Thrashback. A revoir... Et, au fait, je ne sais pas si je vous l'ai dit mais... il fait de plus en plus chaud ! 

Setlist de Thrashback :

Endless War
Night Of The Sacrifice
Thrashback
Bombers Of Death
Wardance
Unleashed The Beast
United Forces

 

Le temps de boire une petite bière avec quelques confrères, partager nos avis sur les sorties du moment... et voilà que les premiers accords de Witches se mettent à faire trembler les murs du Covent Garden. On retourne vite dans la salle pour voir de quoi il en retourne. Et là, ça ne rigole pas. Pas de gamelle en début de concert déjà... décevant par rapport à Thrashback... Plus sérieusement, je découvre Witches et pourtant le groupe est loin d'être un nouveau venu. Et il fait dans le thrash (c'est un peu le thème de la soirée quand même) mais dans le thrash velu... celui qui s'acoquine volontiers avec un death metal plutôt old-school. Et, par conséquent, ça tabasse ! 

Ce n'est pas un frontman mais une frontwoman qui sévit chez Witches... Et elle fait dans le chant guttural. On en voit de plus en plus, des femmes, se frotter à ce type de chant... mais Sibylle - puisque c'est ainsi qu'elle s'appelle - ne vient pas de s'y mettre. Je me fais expliquer par une jeune femme dans l'assistance (qui connaît le groupe bien mieux que moi) que Witches a été formé dans les années 80 (j'ai vérifié, c'est 1986 exactement) et qu'il s'agit du premier groupe en France à compter une chanteuse qui fait dans le growl. Et la prestation est agressive et parfaitement carrée. Rien à redire, ça dépote. Les musiciens sont tous au taquet (rien ne déborde, tout est en place) et Sibylle décoche des riffs assassins en même temps qu'elle hurle... Le public reçoit cette prestation comme il se doit. Et là, vous vous demandez s'il fait toujours chaud... Oui, à crever !

Pour ma part, je trouve ça bon mais, je l'avoue, c'est moins mon style. Du coup, je reconnais le savoir-faire mais n'apprécie pas non plus autant que certains amateurs du genre qui semblent s'éclater. Peu importe, le groupe est bon, la prestation est aussi courte que les deux précédentes et il est toujours bon de se cultiver un peu. Witches joue quelques anciennetés mais privilégie le nouvel album annoncé pour septembre et intitulé The Hunt (allez voir leur site, la pochette claque bien !). Les amoureux d'agression sonore pourront se refaire plaisir le mois prochain et retrouver le groupe en première partie de Venom Inc. (Vader et Divine Chaos sont également à l'affiche) au Divan du Monde. La soirée n'est pas finie... il reste la tête d'affiche, ceux pour qui la plupart d'entre nous ont fait le déplacement : les terribles Death Angel... 


Setlist de Witches :

Horror Museum
No Matter If The Wind

Serial
Crystal
Jump With Fright
Riding And Hunting

 

Ayé, l'heure est venue... de se prendre une dernière claquasse avant d'aller au lit. Celle-là est administrée par un groupe qui n'a plus à faire ses preuves (et surtout pas sur scène) : Death Angel. J'avais été impressionné par le concert donné fin 2013 peu après la sortie du très réussi The Dream Calls For Blood ; et du coup, j'ai certaines attentes concernant la performance du quintet californien. Tellement que je risque la déception ? Non, c'est mal connaître Death Angel qui démarre son show avec Left For Dead et nous terrasse d'entrée de jeu. Nous ne reprendrons notre souffle qu'une grosse heure et demie plus tard. 

La période de promo de The Dream Calls For Blood est passée mais les Californiens sont toujours aussi fiers de leur dernier méfait... car comme en 2013, le groupe nous balance pas moins de sept extraits du fameux disque. Sur scène, ces morceaux sont toujours aussi redoutables. On voit mal les setlists du combo se passer de petits brûlots comme Fallen ou The Dream Calls For Blood dans les années à venir. J'apprécie toujours autant les chansons tirées de Relentless Retribution dans leurs versions live. Claws In So Deep (sur laquelle le guitariste Rob Cavestany donne un peu de sa voix) et Truce sont implacables... des pépites thrash savoureuses et explosives.

Malgré la chaleur étouffante, le groupe fait preuve d'une énergie remarquable. Tout le monde se dépense, se défonce... et perd des hectolitres de sueur ! Quand Mark Osegueda (très en voix) présentera tous les membres du groupe, il aura d'ailleurs une pensée sympa pour le batteur Will Caroll qui, comme nous, subit une forte température... mais il bat, lui... et pas qu'un peu ! Le vocaliste dira également de Ted Aguilar (le deuxième guitariste) qu'il ne l'a jamais vu suer avant ce soir. Pour lui, il était véritablement l'homme qui ne suait jamais. La légende du "man who never sweats" aura donc pris fin à Eragny... 

Et pendant ce temps-là, que se passe-t-il dans la fosse ? Ce qui doit se passer pendant un concert de thrash... Le public avait déjà bien démarré la soirée avec les premiers groupes, il n'allait certainement pas se calmer sur Death Angel. Alors, ça bouge, ça saute, ça fait du crowdsurf, ça pogote un peu quand il le faut... Beaucoup de fans ont laissé tomber le t-shirt, d'autres ne font plus qu'un avec lui. Sérieusement, il fait combien, là ? Cinquante degrés ?? Mais surtout, ces fans réservent un accueil de folie aux Américains. A chaque fois que le groupe s'arrête de jouer, l'assistance scande "Death Angel ! Death Angel ! Death Angel !" et le groupe (qui en a pourtant vu d'autres) n'en revient pas. Il se passe quelque chose de fort. La communion est réelle. Mark ne cesse de nous remercier, nous encourage à rester tels que nous sommes, il gueule des "Vive la France !!" tellement fort qu'on en viendrait presque à s'inquiéter pour ses cordes vocales (qui, elles aussi, en ont vu d'autres). 

Les compos s'enchaînent et ça fait mal. Quelques petits détours par le passé sont de la partie (dont les imparables Evil Priest, qui remplace Mistress Of Pain dans la setlist prévue et scotchée sur la scène, 3rd Floor ou Seemingly Endless Time) et comme on est vraiment un public génial (c'est pas moi qui le dis mais Mark), on a même le droit à un sulfureux Kill As One, pas prévu... Le groupe a envie de changer la setlist et de nous récompenser. Ok, qu'à cela ne tienne. C'est géant... et la gueulante ultra-longue qu'Osegueda pousse à la fin du morceau force le respect. Juste avant, on aura eu le droit au fameux Bored, second extrait de Frolic Through The Park. Pas de rappel, le groupe ne quitte pas la scène pour nous asséner le coup de grâce avec le final qui est le sien depuis un petit moment : Thrown To The Wolves (précédé de l'intro de The Ultra-Violence). Bam ! Bim ! On tient encore debout, le groupe aussi... on se demande comment... la magie du thrash, sûrement. 

Voilà, Death Angel n'a pas failli à sa réputation et demeure toujours aussi fort sur scène. Ces gars-là jouent le thrash comme il doit être joué... pas planté, statique, derrière leur pied de micro (on ne va pas balancer des noms, mais certains grands groupes de thrash feraient bien d'en prendre de la graine) mais en occupant l'espace et en donnant tout. Tripes, sueur, bonne humeur, communication avec le public... tout y est. On en ressort épuisé mais plus que satisfait. Le groupe aussi a l'air ravi. Le frontman finira d'ailleurs en nous disant : "We can't wait to come back, come back and FUCKING COME BAAAAAAACK, you hear me?!". Oui, on t'entend bien... pas de souci, c'est quand vous voulez. 

Setlist de Death Angel :

Left For Dead
Son Of The Morning
Claws In So Deep
Fallen
Buried Alive
Evil Priest
Succubus
Execution / Don't Save Me
Truce
3rd Floor
Seemingly Endless Time
The Dream Calls For Blood
Caster Of Shame
Bored
Kill As One
The Ultra-Violence (extrait) / Thrown To The Wolves