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Death Angel + Dew Scented
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L I V E R E P O R T
Death Angel est un très bon groupe de thrash... Pas forcément le plus populaire, pas celui qui fait le plus parler de lui, c'est vrai, mais ô combien attachant quand on prend la peine de se pencher sur son cas. Evidemment, tous leurs albums ne font pas l'unanimité et le groupe a connu des hauts et des bas, mais s'il y a un point sur lequel s'accordent les personnes qui ont été témoins d'un de leur concerts, c'est bien que, sur scène, Death Angel tue. Alors quand un groupe doté d'une réputation aussi solide se pointe sur Paris et qu'en plus, The Dream Calls For Blood, leur dernier album en date est l'un des disques les plus réussis et agressifs de leur discographie, que fait-on ? Question rhétorique, on y va bien sûr... d'autant plus que le concert a lieu à La Maroquinerie, petite salle intimiste idéale pour ce genre de rendez-vous. Ce soir, les thrashers californiens ne sont évidemment pas venus seuls. Extrema et Adimiron eurent la tâche de faire démarrer la soirée... mais je ne pourrai rien vous en dire, et cela pour deux raisons : d'abord, parce que la soirée commenca bien avant l'heure annoncée sur le billet ou sur différents sites censés relayer les infos concernant les horaires et, ensuite (et surtout), parce que pendant une bonne partie du temps pendant lesquels ces deux groupes se produisaient, j'étais en pleine interview avec le très loquace Rob Cavestany, éminent guitariste / fondateur de Death Angel. Passons donc directement au groupe suivant : Dew-Scented.
Dew-Scented est un groupe que je ne connais que très peu. Je n'aborde donc pas le show en tant que fan mais plus en curieux. Et, rapidement, je dois reconnaître que ça passe plutôt pas mal. Leur thrash/death est rapide et assez dévastateur. Les gars maîtrisent leur art, pas de souci là-dessus, ça joue vite, fort et précis. Le set s'articule principalement autour de trois albums. Trois titres (Sworn To Obey, Storm Within et Thrown To The Lions) sont extraits du récent Icarus (sorti en 2012), trois autres (Soul Poison, Cities Of The Dead et Acts Of Rage) proviennent du plus ancien Impact sorti il y a dix ans, et deux autres morceaux (Turn To Ash et Never To Return) nous viennent directement de Issue VI (2005).
Une partie de la foule se montre très réceptive aux show carré proposé par les Allemands. Quelques fans bougent bien et quelques stage-divings ont lieu. Pendant ce temps, le groupe défouraille avec précision. Un bémol pour le novice que je suis : je trouve leur musique efficace, certes, mais assez linéaire et finalement un brin répétitive. C'est bien simple, à un moment, je n'étais plus très sûr de savoir si l'on était toujours sur le même morceau ou si l'on était passé au suivant. Ma méconnaissance du sujet est probablement à blâmer, c'est sûr, mais je ne pense vraiment pas qu'elle soit la seule cause de cette hésitation. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à une scène du film Didier d'Alain Chabat où un groupe de skinheads zappent les pistes d'un CD dans leur voiture ("Mets la trois... nan, la trois... ça c'est la sept... c'est la meilleure de l'album !") alors qu'il s'agit toujours de la même chanson. J'exagère un peu évidemment, mais j'y ai quand même pensé... Setlist de Dew-Scented : 01. Sworn To Obey Néanmoins, le concert fut costaud et assez court... je ne suis donc pas devenu fan de Dew-Scented mais n'ai pas détesté non plus. Je suis sûr que j'aurais plus apprécié le concert si j'avais mieux connu la musique du groupe... De toute façon, je ne vais pas vous mentir, c'est bel et bien pour Death Angel que je me suis déplacé ce soir. Et là, point de déception ou de regrets, comme on pouvait s'y attendre, ce fut la grosse claque ! Comme je le disais un peu plus haut, sur scène Death Angel est un groupe qui assure, impressionne et donne tout. En tout cas, c'est le souvenir que j'en avais (souvenir partagé par toutes les personnes avec qui j'ai discuté de ce groupe ces dernières années) avant que le set de La Maroquinerie ne démarre. Un moment d'hésitation s'empare de moi à quelques secondes du début des hostilités... Et si j'avais un peu embelli la réalité ? Et même sans aller jusque-là, peut-être que les Californiens ont pris un petit coup de vieux... Oui, la dernière fois que je les ai vus, c'était quand même en 2004, au Wacken Open Air (voilà qui ne nous rajeunit pas). Ne se pourrait-il pas, qu'en un peu plus de neuf ans, ces messieurs aient un peu perdu de leur hargne ? Bon, et bien après s'être pris Left For Dead et Son Of The Morning, les deux premiers titres de The Dream Calls For Blood dans la tête, la réponse est : non, la hargne est toujours là ! Les Death Angel ont de la fougue à revendre.
En plus de se montrer particulièrement énergiques et sympathiques, nos amis thrasheurs redonnent toute sa signification à la phrase "être fier de son nouvel album". Alors que beaucoup de groupes actuels préfèrent se reposer sur les valeurs sûres, les chansons qui ont déjà bien fait leurs preuves pendant des années, Death Angel balance énormément de morceaux récents, quitte à un peu laisser de côté les albums cultes des débuts. Cela dit, on n'a vraiment pas envie de se plaindre, les nouvelles compos sont redoutables sur scène. Et celles de l'album précédent également. D'ailleurs sur les dix premiers titres joués, deux seulement appartiennent aux premières heures du groupe (Mistress of Pain et Seemingly Endless Time), tout le reste provient de The Dream Calls For Blood et Relentless Retribution. En tout cas, quelque soit l'époque dont proviennent les différents titres proposés, le point commun est facile à trouver : la patate ! Très de peu de mid-tempos ou d'accalmies ce soir, le groupe a décidé de miser sur une musique rapide et rentre-dedans. Le public exulte et les pogos se font fréquents dans une fosse remontée à bloc... mais qui garde le sourire ! Les points forts du groupe sont nombreux. Il y a l'énergie bien sûr... mais aussi la précision. Les performances du groupe ont toujours été bonnes, mais j'ai la très nette impression que les musiciens sont encore meilleurs aujourd'hui. J'ai notamment en tête le live sorti il y a quelques années (Sonic German Beatdown), de bonne facture, mais où le groupe ne m'apparaît pas aussi carré qu'aujourd'hui. Est-ce l'expérience acquise depuis qui fait la différence ? L'arrivée récente de Will Carroll (batterie) et Damien Sisson (basse) qui, à eux deux, forment une section rythmique aussi puissante que solide ? Je ne sais pas... mais, clairement, Death Angel arrive à balancer la sauce sans faire dans le bordélique. Autre atout des Californiens : le chanteur Mark Osegueda. Voilà un vocaliste qui ne s'économise pas. Il hurle, il headbangue, il va à gauche de la scène, à droite, sollicite le public, raconte quelques anecdotes, se montre très chaleureux dans ses remerciements... bref, un vrai frontman jusqu'au bout des ongles. Comme le groupe assure et se démène sans compter, le public le lui rend bien et l'ambiance est excellente. Oui, le thrash a beau être agressif... ça n'empêche pas la bonne humeur. C'est clair, Osegueda a le sourire. Il voit bien le public est acquis à sa cause... ça aide. Alors le monsieur plaisante. Il se marre après avoir tendu une bouteille vide à un fan dans la fosse. Il sourit en remarquant que le nom de famille du bassiste (Sisson) sonne bien français. Quand un gars de la Maroquinerie apporte à tous les membres de Death Angel un petit shot de je ne sais quel breuvage alcoolisé, il s'étonne et affirme qu'il ne savait pas qu'on avait des leprechauns en France. Tout cela est bien fun... mais n'amenuise absolument pas la force de frappe des thrasheurs ! Quand ça joue, ça ne fait pas semblant. Peu de moments pour souffler ce soir... Heureusement que le frontman est un peu bavard (c'est lui-même qui le dit) et nous livre un petit discours sur la perséverance du groupe après le départ de quelques-uns de ses membres fondateurs et malgré les déclarations de certains qui prétendaient que Death Angel était mort. Discours ponctué par un petit "Alors, vous pensez vraiment qu'on aurait dû s'arrêter ?!". Evidemment, la foule se montre réceptive au speech, et c'est reparti pour un tour !
Je me dis rarement cela mais un rappel, c'est parfois utile pour souffler deux minutes ! Evidemment, je pense au groupe mais aussi à nous, le public. Parce que depuis le début, ça enchaîne les morceaux furieux à une allure impressionnante et après s'être pris en travers de la figure une triplette composée de Thicker Than Blood (proprement redoutable en live), Sonic Beatdown (sauvage) et Caster Of Shame (terrassante), on sent bien que la fosse de La Maroquinerie savoure quelques secondes de répit. Pour leur retour sur scène, les Californiens délaissent leur dernier album et proposent à leurs fans un petit voyage dans le passé. Le premier morceau nous ramène à l'ère The Ultra-Violence avec Evil Priest. Pour ceux qui n'avaient pas pu résister à l'envie de regarder les setlists proposées par le groupe lors des concerts précédents celui de Paris, c'est une bonne surprise. En effet, depuis des semaines Death Angel entamait quasi-systématiquement son rappel avec Lord Of Hate et Truce (pas dégueu non plus, cela dit), accentuant ainsi davantage l'abandon des premiers albums... mais pas ce soir. D'ailleurs, juste après Evil Priest, c'est Bored (seule rescapée de Frolic Through The Park) qui est jouée. Je ne suis personnellement pas hyper fan du morceau mais c'est sympa... Ce qui est encore plus appréciable, c'est ce passage de Heaven and Hell de Black Sabbath accolé à Bored. Tout cela est bien beau, mais la soirée doit toucher à sa fin et, pour se faire, Death Angel choisit de terminer le show comme il l'a commencé, avec un titre bien speed et thrash : Thrown To The Wolves ! C'est direct, entraînant... parfait. Et comme si ça ne suffisait pas, à peine le titre terminé, les gars en remettent une petite couche en enchaînant avec le début de l'instrumental The Ultra-Violence. Et là, c'est vraiment fini, le show a duré plus d'une heure quarante, le groupe a tout donné, le public a été impérial et ne s'est pas ménagé non plus. Superbe soirée qui restera gravée dans la mémoire des fans présents mais probablement aussi dans celle de Death Angel et plus particulièrement de Mark Osegueda qui n'a eu cesse de nous répéter qu'on était le meilleur public qu'ils avaient eu jusque-là sur cette tournée. Alors oui, ce n'est pas la première fois qu'on nous la sort celle-là... mais l'atmosphère est si électrique, l'alchimie si palpable, le moment tellement fort et le chanteur a l'air si convaincu qu'on a bien envie d'y croire. Et pour ceux qui n'étaient pas là et qui le regrettent, séance de rattrapage obligatoire en juin prochain au Hellfest !
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