Artiste/Groupe:

Wolves In The Throne Room

CD:

Thrice Woven

Date de sortie:

Septembre 2017

Label:

Artemisia Records

Style:

Black Metal des bois

Chroniqueur:

Kjeld

Note:

19/20

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Dire que j'ai failli passer à côté, parce que la production trop étriquée réduisait à rien mes envies d'évasion, parce que le manque de soin apporté aux transitions cassait mes débuts de rêves. J'ai failli passer à côté de ce disque que je voulais immersif et dépaysant mais qui se montrait âpre et bourru. J'ai failli passer à côté mais la magnificence de certains plans, de tous les plans finalement, me poussait à insister, à l'écouter encore, jusqu'à ce ce que je fasse le lien avec ce Black Metal séculaire que j'aime tant, celui de Dark Mediaval Times et The Shadowthrone, celui de Under A Funeral Moon, ce Black Metal qui ne s'encombrait pas d'un son bling-bling ni d'un songwritting de haute précision. Ce Black Metal solennel, brut et abrupte, qui générait des émotions pures.

Thrice Woven est de cette lignée, bourré de défauts qui font sa beauté, d'imprécisions qui font le charme, bourré d'une musique simplement belle qui se joue de la forme pour nous emporter dans ce fond du propos devenu trop rare. Les écoutes se multiplient, l'oeuvre se livre, et je quitte enfin notre monde pour celui des frères Weather. Alors tout n'est plus qu'évidence, cette nouvelle offrande est d'une profondeur inouïe ; je la souhaitais immersive, elle m'engloutit ! Je me retrouve vingt ans plus tôt face à un disque naïf qui se joue de moi comme l'ont fait le First Spell de Gehenna, Hvys Lyset Tar Oss ou Nachtymnen en leur temps.

Sobre et riche, austère et chatoyant, Thrice Woven, l'auguste, navigue sereinement dans les bois entre riffs grandioses et dantesques, cascades de notes majestueuses, agression primitive et breaks simplement touchants, au delà-des mots. Pas une seconde de ce disque n'est à jeter et, chose rare, les guests, prestigieux, sont à la fête et au diapason. L'intervention magique d'Anna Von Hausswolff sur Born From The Serpent Eye's, purement céleste, et son chant séraphique sur Mother Owl, Father Ocean, emplissent ce grand disque d'une aura immense et éthérée alors que la voix râpeuse de Steve Von Till sur le fantastique The Old Ones Are With Us l'ancre profondément dans la terre. Thrice Woven ou l'art de se recentrer sur l'essentiel.

Après l'anecdotique Celestite, sorti en 2014, qui proposait une musique purement ambient, je n'attendais pas grand chose de cet album qui m'a happé sournoisement, lentement, son aspect revêche montant la garde avant de me laisser entrevoir le trésor qu'il contenait ; une musique lourdement chargée en émotions vertigineuses, musique authentique d'une beauté confondante... n'est ce pas là toute la subtilité du Black Metal... Ils sont rares mais celui-ci en est un, chef d'oeuvre !

Tracklist de Thrice Woven :

01. Born from the Serpent's Eye
02. The Old Ones Are with Us
03. Angrboda
04. Mother Owl, Father Ocean 
05. Fires Roar in the Palace of the Moon