Il m’aura fallu du temps pour rédiger cette chronique, non pas par manque d’envie mais par manque d’inspiration. J’ai écouté l’album, encore et encore, lu des critiques, souvent élogieuses, en me disant à chaque fois “c’est impossible, je passe à côté, j’ai dû rater un truc”. Je retournai donc écouter, plus attentif encore, attendant le déclic, en vain… J’ai eu du mal à écrire cette chronique parce que ce disque, qui aurait dû me transporter comme l’ont fait d’autres albums du groupe, me laisse de marbre et ne me procure aucune réelle émotion. Etrange, alors que tous les ingrédients sont réunis, les mélodies simples et épiques, les riffs entêtants et rugueux, les arrangements qui amènent ces ambiances typiques dont le combo nous régale depuis ses débuts, tout y est en effet mais… Mais j’ai la désagréable sensation que le groupe a justement pris soin de remplir son cahier des charges afin d’appliquer cette formule qui a fait le succès de ce Black Metal bien à lui. Rien ici n’est réellement nouveau, Wolves In The Throne Room ne propose rien qu’il n’ait déjà fait sur ses précédents albums et il me semble qu’il a déjà proposé tout cela avec un peu plus de détermination, voire de passion dans un passé pas si lointain. Malgré mes efforts, je n’ai pas trouvé ici de véritables grands moments.
Principal coupable, le songwriting qui n’est, à mon sens, pas à la hauteur de tout ce qui est présenté ici. J’aurais aimé une mise en scène plus soignée, des transitions plus progressives pour nous faire passer d’une émotion à une autre en douceur, intelligemment, et non pas ces coupures abruptes qui interrompent la rêverie naissante. Certains diront que cette approche rustique est une composante du groupe et de tout son concept qui puise directement ses racines et toute son essence dans la forêt primaire et la nature, sauvage et primitive. Ça se tient, très bien même, mais je suis un être fragile et je n’aime pas être tiré de mon trip trop brutalement. J’aime quand la musique est agencée avec soin et méticulosité. Certains titres aussi traînent en longueur sur des tempos parfois poussifs, je pense notamment à Underworld Aurora qui se veut majestueux mais qui est surtout… long.
Reste évidemment, car nous parlons ici d’un grand groupe, un artwork simplement classieux, quelques riffs somptueux (mais pas autant que d’habitude), des mélodies enchanteresses, et ces ambiances toujours très travaillées (peut-être plus que tout le reste d’ailleurs) qui ne demandent qu’à nous emmener faire un petit tour dans les bois. Primodial Arcana est aussi enrobé dans une production sur mesure, âpre et naturelle, qui lui sied à merveille mais laisse malheureusement trop peu de place aux guitares, trop maigrelettes, défaut qui ne facilite pas l’immersion et empêche certains plans de libérer toute leur magie.
Primordial Arcana, septième album de WITTR, remplit parfaitement son rôle et saura, à n’en pas douter, satisfaire les fans qui n’en attendaient pas moins, ni plus. Malheureusement pour moi, il n’a pas su me capter alors que j’aurais adoré retourner dans cette nature, souveraine et mystique, que le trio vénère et à laquelle il dédie toute son œuvre. Il y avait bien la mousse et l’humus, la pluie qui roule sur les feuilles et l’odeur des troncs humides mais pas le mystère et les profondeurs de la forêt secrète qu’aime nous dévoiler Wolves In The Throne Room. Je n’ai au final pas grand-chose à reprocher à cette nouvelle offrande des Américains, le charme n’a simplement pas agi cette-fois ci ; mais il transportera certainement bon nombre de ceux qui tenteront l’écoute et se feront, une fois de plus, ensorceler par ce groupe au talent depuis longtemps justement reconnu. Dommage pour moi.
Tracklist de Primordial Arcana :
01. Mountain Magick 02. Spirit of Lightning 03. Through Eternal Fields 04. Primal Cham (Gift of Fire) 05. Underworld Aurora 06. Masters of Rain and Storm 07. Eostre 08. Skyclad Passage (bonus track)