Artiste/Groupe:

Witherfall

CD:

Curse Of Autumn

Date de sortie:

Mars 2021

Label:

Century Media

Style:

Dark Melodic Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

17/20

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Witherfall : un groupe américain que je découvre sur le tard étant donné que le Curse Of Autumn qui nous intéresse aujourd’hui est déjà son troisième album (on ne compte pas Vintage, un long EP sorti en 2019). J’avais entendu un morceau ou deux et connaissais certains de ses musiciens (notamment Jake Dreyer, guitariste chez Iced Earth il n’y a pas si longtemps de cela) mais rien de bien approfondi... Eh bien, je peux immédiatement affirmer que maintenant que j’ai (enfin) fait plus ample connaissance avec ces messieurs, je ne vais pas repartir et les oublier comme si de rien n’était. 

Curse Of Autumn est un album extrêmement travaillé, peaufiné. Rien n’a été laissé au hasard et cela se sent dès le superbe artwork (que l’on doit à Kristian Wåhlin, déjà responsable des visuels précédents) qui fait office de belle vitrine. Niveau production, le groupe ne s’est pas entouré de petits joueurs non plus : Jon Schaffer (Iced Earth) a tenu à produire la galette et le légendaire duo Morris (les frères Jim et Tom) du studio Morrisound Recording s’est occupé de l’enregistrement, du mixage et du mastering. Avec tout cela en tête, on ne s’étonnera pas d’être face à d’un produit léché, qui sonne très bien et dont le style musical (sombre, fougueux, mélancolique, un peu torturé, théâtral, progressif ou rageur quand il le faut) n’est pas sans évoquer l’alliance d’un heavy puissant avec un thrash incisif sans oublier quelques touches de death technique lors de certains passages instrumentaux virtuoses. Le niveau des musiciens force le respect (on va en reparler) et ce n’est certainement pas l’arrivée de Marco Minnemann (une recrue de choix, vous en conviendrez) derrière la batterie qui va venir gâcher la sauce.

Musicalement, le groupe ne se refuse rien et montre un savoir-faire impressionnant, en plus de dévoiler une richesse et une diversité bienvenues. Vous trouverez des attaques speed et concises flirtant malicieusement avec le thrash avec la colérique The Last Scar (premier vrai morceau faisant suite à une courte intro instrumentale mêlant sonorités acoustiques et électriques dans une ambiance dramatique du plus bel effet) ou la belliqueuse The Other Side Of Fear. Vous aurez également du heavy enlevé au refrain plus fédérateur avec As I Lie Awake, une courte chanson titre, majoritairement acoustique, suivie d’une piste instrumentale (The Unyielding Grip Of Each Passing Day) de moins de trois minutes où les musiciens sortent le grand jeu, une ballade sombre à la mélancolie palpable (The River), une reprise du Long Time de Boston fort différente de l’originale (elle est transformée en douce ballade acoustique et désenchantée pour l’occasion)... Et ce n’est pas tout : le voyage comportera également des étapes bien plus progressives sous la forme d’une Tempest épique de huit minutes ou d’un morceau homérique d’un quart d’heure intitulé ... And They All Blew Away qui s’offre le luxe de concurrencer Dream Theater (tout en rappelant parfois Nevermore) sur son propre terrain lors de breaks instrumentalement hallucinants. Certes, la technique ne fait pas tout. Mais quand même, difficile de ne pas être impressionné par la maîtrise de ces messieurs. Cela dit, le plus important, malgré une foisonnance et un aspect pas toujours très "easy-listening" qui pourraient rebuter certains auditeurs de prime abord, c’est que l’écriture est de qualité et que les morceaux tiennent la route avec un savant dosage de puissance, atmosphère prenante et mélodies chiadées qui vous emportent... avec frissons en bonus (le final de Another Face illustre parfaitement ce dernier point).  

Toutes les chansons de cet album ont plusieurs points communs et l’un de ceux que l’on retiendra est sans aucun doute la prestation habitée du chanteur Joseph Michael, à l’aise dans les mediums, graves ou aigus, l’agressivité ou la douceur. Sa palette est complète, de la gueulante Halfordienne au petit growl velu de temps en temps. On comprend pourquoi il a été choisi pour succéder à Warrel Dane au sein de Sanctuary. Il y aussi la performance de Jake Dreyer qui pond des riffs et solos impeccables. Je n’avais pas perçu à quel point il était un guitariste talentueux en l’écoutant chez Iced Earth. De toute façon, je vais m’arrêter là, tous les musiciens sont brillants (on entend bien la basse d’Anthony Crawford qui nous régale avec - entre autres - quelques passages fretless bien sentis). Conclusion : le metal sombre et virtuose, les ambiances théâtrales et mélancoliques, le heavy progressif aux influences thrash, ça vous parle ? Iced Earth, Sanctuary, Nevermore, King Diamond, Death ou Dream Theater sont des groupes qui vous plaisent ? Si c’est le cas, Witherfall (qu’on devrait retrouver en première partie d’Evergrey lors de sa tournée européenne prévue à l’automne prochain... ou plus tard, merci le Covid) mérite toute votre attention. Avec cet ambitieux Curse Of Autumn, le combo californien a vraiment de quoi faire sensation et se retrouver en bonne place dans les tops de fin d’année.


Tracklist de Curse Of Autumn :

01. Deliver Us Into The Arms Of Eternal Silence
02. The Last Scar
03. As I Lie Awake
04. Another Face
05. Tempest
06. Curse Of Autumn
07. The Unyielding Grip Of Each Passing Day
08. The Other Side Of Fear
09. The River
10. ... And They All Blew Away
11. Long Time (acoustic version)

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