Witchorious est un trio de doom metal originaire de Seine-et-Marne composé de Antoine Auclair (guitare / chant) de Lucie Gaget (basse / chant) et de son frère Paul Gaget (batterie). Cet album éponyme est le premier du groupe, créé en 2019 et il fait suite à un double single, The Haunted Tapes sorti en 2020. L’album a été enregistré, mixé et masterisé par Francis Caste au Studio Sainte-Marthe à Paris, le groupe est aujourd’hui signé par le label italien, Argonauta Records et c’est Angie chez NRV Promotion qui nous transmet le son. Tout ces indices sont synonymes de qualité, d’où le fait que je me sois penché sur la galette, pourtant pas forcément dans un style que je chronique habituellement.
Il faut dire que l’ambiance insufflée par les trois compère est étonnante. C’est chaotique, maléfique, désespéré, enragé, ça fait par moment flipper car l’univers du groupe ou du moins de cet album, tourne autour de l’occulte. On aurait pu s’en douter, vu le nom du groupe, me direz-vous ? Oui c’est exact. Vous dites ? La tracklist fait aussi très peur ? Heu, oui, en effet et ça n’est pas la pochette qui va nous rassurer. Ici, tout tourne autour de la sorcière et de la sorcellerie, avec dix morceaux souvent de plus de cinq minutes et même deux de plus de sept minutes pour 56mn d’ambiance allant de poisseuse et pesante à carrément suicidaire. Les influences sont nombreuses, puisque sur certains morceaux on retrouve une touche de black metal, mais sur d’autres on est plutôt dans des ambiances fuzz très stoner teintées de doom suicidaire. Ce sont les voix d’Antoine et Lucie qui donnent le ton. Tantôt il hurle et elle chuchote des contre-chants (Sanctuaire), tantôt il passe en chant clair, elle le double, en mode clair aussi (Catharsis, Blood, To The Grave), enfin sur Eternal Night, c’est elle qui chante seule. La voix d’Antoine est proche de celle d’Ozzy sur certains morceaux, mais avec beaucoup plus de variations sur d’autres. Cette alternance permet de ne pas voir le temps passer à l’écoute de cet album pourtant assez long. Ca passe nickel, comme une bonne soupe de chauve souris un soir de pleine lune.
Le riffs sont lourds, bien sûr par moment (souvent), on pense à Black Sabbath (Monster, The Witch, Sanctuaire), la basse de Lucie ajoute à la lourdeur, la batterie de Paul est bien travaillée aussi, elle vient compléter le tout avec inspiration. Pour ajouter à l’ambiance, on retrouve bon nombre de bruitages (larsen qui dure, Thérémine, autres bruits de fond électroniques inquiétants sur To The Grave), non vraiment, c’est pesant.
Certains morceaux s’enchainent, ajoutant encore au concept de film d’épouvante médiéval, c’est le cas de Blood et Eternal Night sur lequel on découvre un peu plus la voix de la belle, pendant que la bête elle, repose ses cordes vocales en envoyant un riff de guitare lugubre passé au travers d’effets digne d’une messe satanique. Sanctuaire s’enchaine aussi avec un court Amnesia, assez dispensable, c’est plus une outro de Sanctuaire, qu’autre chose. Watch Me Die fait littéralement froid dans le dos avec un chant d’Antoine alternant du Ozzy-like et de chant presque black. Antoine balance un petit solo (il y en a peu dans l’album) à la wah-wah.
Après un morceau plus calme (mais pas moins sombre), To The Grave, l’album se termine par un doom-esque Why, hyper fuzzy et dans lequel Paul déballe un sacré savoir-faire.
Bon, c’est clair que mes enfants vont encore me dire que j’écoute des musiques qui donnent envie de se suicider, mais j’avoue que pour le coup c’est assez vrai (ceci dit, pas autant que d’écouter les news du monde). Si vous aimez les balades dans les cimetières, les films d’épouvante et les ambiances médiévale et mortifères, je crois que j’ai l’album qu’il vous faut. Si vous aimez le bon vieux Black Sabbath et que le départ à la retraite du quatuor de Birmingham vous a laissé un gout amer (de chauve-souris), vous risquez de retrouver le sourire (satanique) avec ce skud des Franciliens de Witchorious. C’est vraiment très bien fait et surtout c’est très addictif, puisque, comme souvent quand ça fait flipper, on éteint les lumières et on y retourne...