Dans notre monde moderne, toujours innovant, le plus souvent étonnant, reconnaissons-lui tout de même cet atout, où tout est à portée de clic, on pourrait croire que la musique est devenue un produit de consommation courante, aussi standardisé qu’un burger dans un fast-food. Entre les plateformes de streaming qui nous offrent des playlists à la chaine et les artistes qui doivent se plier aux dictats du rendement (appelé autrefois hit-parade) pour survivre, le rock et le Metal ne sont pas épargnés par cette emphase. Tout y passe, du marketing agressif au merchandising à outrance, à la recommandation prévalant du You Tube ou des réseaux. On assiste à une industrialisation de la musique où la créativité et la qualité sont souvent sacrifiées sur l’autel du consumérisme. À ce stade, on peut se demander si nos chers Metalleuses et Metalleux ne seront pas en train de finir gaver comme les clients d’un buffet à volonté : remplis à ras bord et bien au-delà des ridelles de leurs assiettes, mais le tout sans véritable qualité gustative et d’hygiène ... et ce jusqu’à l’inéluctable écœurement ...
C’est donc dans ce monde merveilleux que Wintersun déboule avec leur dernier opus, renversant la table du festin musical moderne avec un immense plat de résistance aussi inattendu que délicieux. Imaginez un buffet asiatique à volonté. Pas un de ces buffets où la qualité laisse à désirer, mais un festin somptueux, où chaque plat est une explosion de saveurs. Exactement l’offre de Wintersun avec sa bombe Time II qui flirte avec le monumental. Dès les premières notes, on est transporté dans un univers où les sonorités métalliques fusionnent avec des instruments traditionnels asiatiques, créant une symphonie exotique et épique. Chaque morceau est un plat à savourer, et autant vous dire qu’on a envie de tout gouter et pas qu’une fois histoire de s’en convaincre.
Les guitares déchainées, combinées aux percussions tribales et autres violons orientaux, créent un mariage parfait entre l’intensité du Metal et la douceur des rêveries asiatiques. On se sent comme dans un restaurant chic, où le chef a décidé de mélanger tradition et modernité pour offrir un repas unique, léger et frais. Et comme tout bon buffet qui se respecte, il y en a pour tous les gouts. Des morceaux lourds et puissants pour les amateurs de gros riffs, des ballades éthérées pour ceux qui préfèrent les envolées lyriques, et même de longs intermèdes instrumentaux pour les puristes. Le tout ne forme pas un simple assemblage de saveurs basiques, chaque morceau est une création complexe unique, pensée et travaillée avec une précision d’orfèvre. Wintersun ne se contente plus de nous gaver de sons, ils nous invitent à un véritable voyage culinaire à travers la culture orientale, le tout saupoudré de cette touche métallique, symphonique, épique qui formalise leur signature depuis deux décennies.
En mélangeant habilement les saveurs musicales d’Asie avec la brutalité du Metal, le groupe nous montre que la diversité n’est pas un frein, mais bien une richesse, que le perfectionnisme mérite du Time (II), que l’opiniâtreté peut marier avec bonheur prise de risque et tradition. Cet album est un véritable antidote à la monotonie musicale moderne, un festin pour les oreilles qui rappelle que, malgré tout, il reste encore des artistes qui savent ’’cuisiner’’ avec amour et passion. Nous aimerions tellement les apprécier aux fourneaux lors des fest de 2025, mais rien n’est moins sûr ... Jari Mäenpää demeure le seul artiste permanent de Wintersun, tous les autres ont convolé avec des formations plus illustres. Ainsi Kai Hahto et Jukka Koskinen, batteur et bassiste, musiciens monstrueux, œuvrent respectivement dans Nightwish et Teemu Mäntysaari, le guitariste prodige,vient de rejoindre les gros lourds (les poids lourds ! Oups ...) du Trash, Megadeth(tel le barde, qu’est-ce qu’il doit s’y barber). Au vu de ce petit monde éparpillé façon puzzle, il ne se sera pas aisé de les retrouver ensemble, et ce même pour quelques rares concerts qu’ils soient permis d’espérer. Cependant on entend moins Jari au chant, peut être pour le laisser plus concentré sur sa guitare lors des sessions live, d’où un certain espoir contradictoire qui renait ...
En fin de compte, le buffet asiatique, servi à volonté par Jari et ses pairs, est une pure dinguerie. Ce Time II que nous attendions plus depuis une décennie n’est pas une simple réponse au consumérisme musical, mais un hommage à la diversité culturelle et à l’innovation artistique. Alors, que diriez-vous d’une nouvelle assiette ?
Amies lectrices et amis lecteurs, je serais fier de la partager avec vous... Storm et son intro Ominous Clouds appartiennent à la Master Class de celle qui laisse sur les fesses. Silver Leaves est la surprise de ce Time II. Le meilleur album de Wintersun, assurément et s’il est si simple de l’avouer, ce n’est pas rien de le dire.
Alors oui, on pourrait crier au scandale face à cette société de consommation qui transforme tout en produit de masse. On pourrait déplorer que la musique, autrefois sacrée, soit devenue une simple marchandise. Mais parfois, il faut savoir reconnaitre quand une œuvre transcende ce modèle pour offrir quelque chose de réellement unique. Je l’ai touché de toutes les cellules ciliées de mon oreille avec ce Time II de Wintersun. Alors je le jure, plus de consommation de musiques à m’en dégouter, dorénavant je gouterai la musique à déguster ...
Tracklist de Time II :
01. Fields of Snow 02. The Way of The Fire 03. One With The Shadows 04. Ominious Clouds 05. Storm 06. Silver Leaves