Je ne vais pas vous (re)faire tout le CV de Whitesnake ici, ça prendrait trop de temps. Sachez juste, si ce nom ne vous évoque pas grand-chose (quand même !), qu’on n’a pas affaire à des lapins de six semaines vu que le groupe a été formé en 1978 par David Coverdale après le split de Deep Purple et qu’il sort ce mois-ci son douzième album (ou treizième si on compte Restless Heart). Flesh and Blood, annoncé fin 2017, devait marquer les quarante ans du groupe et sortir donc l’année dernière mais sa sortie a été repoussée de plusieurs mois en raison, parait-il, d’un "sérieux problème technique au moment du mixage" (je cite). Le voici enfin, huit années après le dernier vrai album du groupe, Forevermore (l’album de 2015, The Purple Album, n’étant comme son nom l’indique, qu’un album de reprises de Deep Purple).

Le groupe, qui a connu un nombre incalculable de line-ups, se compose aujourd’hui de David Coverdale bien sûr, de Reb Beach (dans le groupe depuis sa reformation en 2002) et de Joel Hoekstra aux guitares, de Michael Devin à la basse, de Michele Luppi aux claviers et enfin de Tommy Aldridge à la batterie, le vétéran qui a connu la grande période de succès du groupe (1987 – 1990).
Flesh and Blood est donc le nom du nouvel album du serpent blanc. Un titre qui vous rappelle sans doute quelque chose si vous connaissez vos classiques du Hard Glam US (appelé aussi "Hair Metal"). Mais c’était une autre époque. 

David Coverdale est un très bon chanteur mais aussi un (très) bon compositeur, qui a toujours su s’entourer d’excellents guitaristes avec qui il partage le plus souvent l’écriture des morceaux (Moody, Marsden, Sykes, Vandenberg, Aldrich…). C’est aujourd’hui à Reb Beach (ex-Winger), qui co-signe cinq des titres de ce Flesh & Blood, et à Joel Hoekstra (ex-Trans-Siberian Orchestra), qui en co-signe six, que revient le rôle d’épauler le maitre dans l’élaboration des morceaux. Et, comme pour ceux qui les ont précédés, leur association avec Coverdale fonctionne très bien. 
Le résultat ? Un Hard Rock certes très académique (c’est Whitesnake en même temps, on ne leur demande pas de faire du néo metal) mais inspiré et excellemment exécuté (on a notamment deux guitaristes qui assurent). Voilà, on pourrait s’arrêter là. Vous avez apprécié Good To Be Bad et Forevermore, les deux derniers albums studio du groupe ? Vous ne serez pas déçus par ce petit nouveau qui se situe dans la lignée. Je dirai même que globalement, je le trouve meilleur que ses deux ainés. 

Vous voulez qu’on rentre un peu dans le détail ? Bon, d’accord. Alors on a un très bon début d’album avec Good To See You Again et Gonna Be Alright, deux morceaux bien entraînants. Coverdale nous montre dès ces deux premiers morceaux qu’il possède toujours une sacrée voix (il approche des soixante-dix ans quand même, le bonhomme !). Shut Up And Kiss Me, titre choisi pour illustrer la première vidéo tirée de l’album (à voir juste au-dessus), est très convenu mais s’écoute bien. Puis arrive le bien lourd Hey You (You Make Me Rock), avec ses énormes "Hey You!" sur le refrain, qui a tout du futur hymne du groupe. Très bon titre. Décidément, Whitesnake excelle dans ces titres aux tempos bien heavy (Still Of The Night, Judgement Day…).



Le plus léger Always & Forever fait bien le job (futur single ?) et nous rappelle les années 80. Dans le léger, on a aussi When I Think Of You que j’aime nettement moins, ce n’est pas le Whitesnake que j’adore sur ce genre de morceau, un peu trop sucré à mon goût. Dans le genre soft, je préfère la ballade Heart Of Stone, qui est bien plus réussie. After All, dans un autre style (ballade aussi mais tout en douceur et acoustique), n’est pas mal non plus et apporte de la variété à l’ensemble.
Après ce When I Think Of You peu mémorable, on repart sur du plus intéressant et énergique avec Trouble is Your Middle Name (peut-être un petit clin d’œil en passant au premier album du groupe, pour fêter les quarante ans). On continue sur un tempo nettement plus heavy avec Flesh And Blood et Well I Never, tous deux dotés d’un gros refrain (surtout le second) et encore une fois d’excellents solos. Plus loin, Get Up, dans un registre plus rock n’roll, est encore un titre bien entraînant et on termine avec Sands Of Time, de nouveau bien lourd avec un petit côté Kashmir par moments (eh oui, encore...). Du classique donc, mais efficace.

Après quarante ans d’existence, Whitesnake montre avec ce Flesh & Blood qu’il a encore l’inspiration et la patate et qu’on peut encore compter sur ces vétérans du Hard Rock. Pour conclure simplement, on citera le premier titre de cet album : "It’s good to see you again" !

Tracklist de Flesh & Blood :

01. Good To See You Again
02. Gonna Be Alright
03. Shut Up & Kiss Me
04. Hey You (You Make Me Rock)
05. Always & Forever
06. When I Think Of You (Color Me Blue)
07. Trouble Is Your Middle Name
08. Flesh & Blood
09. Well I Never
10. Heart Of Stone
11. Get Up
12. After All
13. Sands Of Time