Les Etats-Unis sont un pays-continent chacun le sait et ça se remarque mécaniquement sur la musique proposée. Du skate-punk californien au celtic punk made in Boston en passant par la musique du Sud, dont le cœur bat du côté de Nashville. Evidemment je ne vais pas tenter de me lancer dans une quelconque liste à la Prévert, il y en a trop et je n’ai abordé le sujet que sous le prisme de nos scènes musicales. Chacune de ces scènes raconte une certaine Amérique, plus superficielle côté Californien ou Floridien (forcément les stations balnéaires drainent un brassage de population plus important), plus terrienne du côté du Sud, et notamment proche des bayous, là où stoner et sludge sont roi.
Wayfarer c’est le récit d’une certaine Amérique, celle des cow-boys, des aventuriers de l’Or Noir. Les paysages changent, on bascule dans des environnements plus sombres, plus visqueux. Plus désespérée surtout. Ici, on n’y vend pas du rêve mais de la sueur, une vie paraissant plus rude. Wayfarer avec son post-black raconte tout cela. C’est dark, la voix est profonde, black, la musique rentre dans une énergie dépressive, le tout est épais, pesant. Mais il en ressort une lumière noire permise par de belles mélodies, des breaks aussi très immersifs (The Cattle Thief).
Wayfarer pose ses ambiances, nous embarque dans de longues plages (les deux premières pistes, excellentes, multipliant les plans, passionnantes de bout en bout). Les américains offrent vraiment une musique étonnante, très aboutie avec un vrai univers, dans lequel on plonge avec délectation. La section rythmique de Jamie Hansen (basse) et Isaac Faulk (batterie) est solide, les guitares de Joe Strong-Truscelli et Shane McCarthy sont bien énergiques, très post dans les riffs. Le chant est partagé, avec des lignes très profondes, avec quelques passages plus parlés pour approfondir les atmosphères bien cow-boy dépressif. Les deux pistes To Enter My House Justified et A High Plains Eulogy, dans des formats plus conventionnels de 4-5 minutes, sont plus accessibles, avec même une ballade dark pop pour la seconde. Wayfarer brasse large, ça aère bien l’ensemble, varie le propos tout en conservant une vraie cohérence de l’ensemble.
Cette Amérique poisseuse, qui a perdu espoir, continue d’être bien contée par toute une scène qui transcende les genres. On peut penser à All Them Witches plus poisseuse encore à qui j’ai pensé pour l’ambiance générale. Groupe original et intéressant, Wayfarer s’est fait remarquer positivement en Fest 2024 et 2025 fort de ce très bon disque. Sombre, puissant, Wayfarer c’est du post-black passionnant.