W.A.S.P. sort son premier album éponyme en 1984 et va faire couler beaucoup d'encre.
Le leader du groupe, Blackie Lawless, a bien compris que pour se démarquer de la multitude de groupes américains, il faut proposer quelque chose de plus. W.A.S.P. va donc jouer la carte de la provoc' à maximum et ça va marcher. Déjà, le nom du groupe. Non, ce n’est pas "White Anglo Saxon Protestants" que le sigle est censé signifier mais bien "We Are Sexual Perverts", selon Blackie. Les puritains du PMRC (Parents Music Resource Center) vont foncer dans le panneau tête baissée et faire de W.A.S.P. leur cible privilégiée. Voir leur présidente Tipper Gore brandissant la pochette du single Animal (F**k like a Beast) devant une assemblée offusquée, ça valait de l'or... Pochettes et paroles censurées car jugées subversives, concerts interdits (le groupe n’avait rien trouvé de plus intéressant que de balancer des quartiers de viande sanguinolents dans le public)... Tout y passe et crée un véritable "buzz" autour du groupe qui n'en demandait pas tant. Résultat immédiat : les teenagers américains vont se ruer sur ce nouveau groupe d'affreux, sales et méchants. Merci pour tout !

Mais la force de W.A.S.P. ne se résume pas à cela car si la musique proposée n'était pas de qualité, toute cette "pub" n'aurait servie à rien.
I Wanna Be Somebody, LOVE Machine, School Daze, Hellion, On Your Knees... autant de titres incontournables qui font mouche dès la première écoute, aux refrains énormes et accrocheurs, emmenés par la voix si particulière de Blackie. Et puis, musicalement, ça castagne sévère. Cet album a un côté fou furieux complètement jubilatoire. On a l’impression que ces quatre-là ont été enfermés pendant des années dans une toute petite cellule capitonnée et qu'ils ont été lâchés juste avant l'enregistrement de l'album. Une vraie bande de malades ! La voix de Blackie, hargneuse à souhait, donne l’impression qu’il va vous sauter dessus et vous arracher les tripes avec les dents. La paire de guitaristes, Randy Piper et le géant Chris Holmes (à l’époque, Blackie tient la basse), s’y entend très bien pour nous asséner des riffs Heavy et des solos décapants. Quant au batteur, Tony Richards (qui n’enregistrera que cet album avec le groupe), il assure comme il faut.
Le groupe qui a un peu vite été catalogué dans la catégorie Hard US aux côtés des Ratt, Mötley Crüe, Dokken et consorts est en fait bien plus méchant musicalement. W.A.S.P. joue du Heavy. Et même si le groupe s’autorise la ballade (somptueuse) Sleeping (in the fire), celle-ci reste quand même hyper heavy comparée à un Home Sweet Home de Mötley Crüe ou un Wanted Dead or Alive de Bon Jovi, deux très belles ballades soit dit en passant.
Le mot qui résume le mieux cet album : énergique.
Une nouvelle édition du CD a ajouté, entre autres bonus, le single Animal (f**k like a beast) par lequel le scandale a commencé. Titre excellent au demeurant.

Les Américains avaient donc frappé un énorme coup d’entrée, en se hissant directement dans la première division des groupes d’élites.
Ce premier album est à ranger parmi les classiques du Metal des années 80 car indispensable. C'est aussi, à mon avis, le meilleur album du groupe avec les non moins incontournables (mais déjà plus posés) The Headless Children (1989) et The Crimson Idol (1992). Celui-ci, c'est du brut de décoffrage.
Vous reprendrez bien un peu de viande crue à pleines dents ?

Tracklist de WASP :

01. I wanna Be Somebody
02. L.O.V.E. Machine
03. The Flame
04. B.A.D.
05. School Daze
06. Hellion
07. Sleeping (in the fire)
08. On Your Knees
09. Tormentor
10. The Torture Never Stops