La Rolls du Hard FM est de retour ! W.E.T. ne s'est pas immédiatement imposé comme une évidence à mes oreilles, je le confesse sans honte. Au début (les deux premiers albums), j'aimais bien, c'est tout. Puis j'ai trouvé leur live excellent... et j'ai totalement succombé au charme d'Earthrage, leur troisième offrande. Je suis maintenant acquis à leur cause. La recette - pourtant bien éculée - proposée par les têtes pensantes Erik Martensson (guitare et chant), Robert Säll (claviers) et Jeff Scott Soto (chant) fonctionne avec une facilité déconcertante. J'en profite pour rappeler que le trio ne travaille évidemment pas seul, vous trouverez ici trois autres musiciens : Magnus Henriksson (guitariste d'Eclipse, comme Martensson), Andreas Passmark (bassiste jouant chez Royal Hunt, Narnia ou Harmony) et le batteur Robban Bäck (ex-Eclipse).
Au programme : point de bouleversement. La troupe suit des sentiers bien balisés et trouve ses racines solidement ancrées dans les années 80. Le style de W.E.T. n'a pas vocation à changer la donne mais à procurer du hit en brochette avec des énormes refrains fédérateurs et des riffs qui donnent envie de faire du air guitar. C'est du hard (très) mélodique traditionnel fait par des fans du genre pour les fans du genre. C'est tout. Enfin presque. On pourra toujours légèrement nuancer en précisant que la production est bien moderne (le son est énorme) et que le groupe incorpore tout de même quelques riffs et breaks nerveux qu'on ne trouvait pas dans les 80s. En tout cas, un constat simple se dresse à l'écoute de Retransmission : bien que le propos ne soit pas révolutionnaire et n'offre pas d'évolution notable dans la disco du combo, W.E.T. s'acquitte de sa mission avec un panache et une assurance indiscutables. Il n'a même peut-être jamais autant excellé qu'aujourd'hui.
La formule qui résume le mieux ce quatrième effort : onze chansons, onze tubes. Rien à jeter. "All killer, no filler" comme on le dit outre-Manche. Et franchement, sans être inquiet, je n'étais pas persuadé que le résultat serait aussi bon. J'avais récemment commencé à me lasser de l'écriture de Martensson. Je n'avais pas été totalement emporté par le second effort de Nordic Union par exemple, ni par le dernier album d'Eclipse. Pour moi, c'était du "sympa sans plus". Agréable mais pas si frais ou efficace que cela. Mais là, l'inspiration est au rendez-vous. Est-ce parce que Martensson n'est pas seul aux commandes ? Possible. L'osmose avec ses partenaires doit jouer. Et puis, il y a Jeff Scott Soto derrière le micro. Le monsieur a beau ne plus rien avoir à prouver, il le fait quand même et continue de s'affirmer comme l'un des meilleurs vocalistes rock de la planète. Ajoutez des riffs imparables, un beau contraste entre couplets énergiques posés sur des rythmiques qui donnent envie de taper du pied et des refrains aux mélodies léchées et entêtantes et le tour est joué.
Bien sûr, comme souvent avec ce style, il y a du sucre à foison... attention à l'hyperglycémie ! Mais en termes de "refrain à gueuler sous la douche", Retransmission se pose là, c'est un carton plein. Comment résister aux lignes mélodiques de Big Boys Don't Cry ? Comment ne pas succomber à The Moment Of Truth et The Call Of The Wild qui musclent un peu le jeu, proposent du tempo plus enlevé (il y a même de la double grosse caisse à la fin de la première) et s'imposent comme des hymnes rock propres à soulever des stades ? Ils ne sortent plus de ma tête depuis des jours. Got To Be About Love caresse le fan de mélodie plus posée dans le sens du poil avant que Beautiful Game ne fasse repartir la machine sur les chapeaux de roue avec un riff heavy classique et une énergie communicative. How Far To Babylon se démarque dans un style différent, beaucoup plus groovy. Il y a la ballade de service, What Are You Waiting For, que votre serviteur aime moins que le reste (de par la nature de la compo) mais qui reste bien faite dans son genre. Je vous épargne mes commentaires répétitifs sur deux ou trois pistes et termine en vous disant que le final proposé par How Do I Know (mid-tempo irrésistible avec un des meilleurs refrains de la galette) et One Final Kiss ne déçoit pas. Il se montre aussi percutant et bien écrit que ce qui a précédé. Bilan : le divertissement est total, l'ennui impossible.
Voilà le genre de disque qui donne le sentiment (ou l'illusion, pour les plus pessimistes) que tout va bien, que le soleil va se lever, que cette journée vous appartient et que vous allez la bouffer toute crue. Enchaîner autant de hits jubilatoires en une petite quarantaine de minutes, c'est quasiment illégal. Il y a quelques années, je n'étais vraiment pas fan de ce style musical mais je dois avouer que W.E.T. fait partie de ces formations qui m'ont amené à revoir mon avis. Face à des albums de cette trempe, impossible de résister. Alors oui, on sait où l'on va, on n'est jamais désarçonné mais il en faut pour tous les goûts et toutes les humeurs. J'adore l'album de Jason Bieler (qui sort le même jour) parce qu'il sort des sentiers battus mais cela ne m'empêche pas de me régaler avec celui-ci, moins audacieux mais terriblement efficace. Une histoire très classique s'apprécie quand elle est bien racontée. Retransmission, meilleur que les derniers albums d'Eclipse ou Jeff Scott Soto ? J'en ai bien l'impression. Meilleur opus du groupe ? Je le crois. Un des meilleurs disques de Hard FM que j'ai entendu depuis des années ? C'est une certitude. La B.O. de mes prochains départs en vacances (enfin, si départs en vacances il y a... merci la pandémie) est toute trouvée !
Tracklist de Retransmission :
01. Big Boys Don't Cry 02. The Moment Of Truth 03. The Call Of The Wild 04. Got To Be About Love 05. Beautiful Game 06. How Far To Babylon 07. Coming Home 08. What Are You Waiting For 09. You Better Believe It 10. How Do I Know 11. One Final Kiss
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