Unexpect

Artiste/Groupe

Unexpect

CD

Fables Of The Sleepless Empire

Date de sortie

Octobre 2011

Style

Avant Garde Metal

Chroniqueur

Didier

Note Didier

18/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Je connaissais le livre qui rend fou, mais pas encore le CD qui rend fou et je crois bien que je viens de le trouver. Unexpect est un groupe canadien (francophone mais au chant en anglais) dont je n'avais jamais entendu parler. Je me suis intéressé à l'album car dans le press kit on pouvait lire que Mike Portnoy en disait beaucoup de bien, ma curiosité a fait le reste. En creusant, on découvre que Fables Of The Sleepless Empire est le troisième album d'Unexpect après In a Flesh Aquarium sorti en 2006 et Utopia sorti en 1999 (et un EP We, Invaders sorti en 2003). Les membres du groupe se cachent derrière des pseudos rigolos:

  • syriaK, guitariste et chanteur,
  • Artagoth, guitariste et chanteur
  • Borboën, violoniste
  • Chaoth, bassiste
  • Leïlindel, chanteuse
  • Landryx, batteur

Ouais pourquoi pas ? Faudrait leur demander l'origine de ces noms à l'occasion (j'y travaille). Bref, j'aurais peut-être du faire gaffe au style, car derrière le pompeux "Avant Garde Metal" se cache un truc de dingue. On note des influences progressives, death, black, heavy metal, mais aussi jazz fusion, cirque, electro, tzigane et j'en passe. Je vous vois froncer les sourcils, eh bien, vous avez raison. Unexpect ne ressemble à rien ... que je n'avais encore entendu jusqu'alors. J'vous jure, la vie d'ma mère !

A la première écoute, je dois l'avouer, j'ai arraché à plusieurs reprises mon casque. Je devenais dingue, fallait que je fasse un break, je boive un coup. Mais en même temps j'étais intrigué, et reprenais où j'avais craqué.

Il est quasi impossible de vous décrire tous les morceaux dans le détail. Quelques points importants sont à relever. La technique est irréprochable, tous les musiciens sont à féliciter. Je note un son de basse de dingue. C'est une basse 9 cordes que manipule Chaoth, et c'est énorme, certains passage sonne comme du clavecin (début de Unsolved Ideas of a Distorted Guest ou The Quantum Symphony), d'autres comme une bonne grosse basse claquante (Words). Ensuite les voix. Enorme travail du côté des voix. Avec d'abord la voix de Leïlindel, tantôt angélique (un petit côté Björk par moment, surtout dans la manière de manier l'étrange), tantôt death, telle une sorcière qui vous glace les sangs. Elle alterne les deux registres sans aucun complexe. Ensuite les deux voix de syriaK et Artagoth, souvent ils se répondent avec la chanteuse pour un effet bœuf, surpuissant. On retrouve ce travail des voix dans tous les morceaux, mais dans Words c'est particulièrement représentatif. Autre point important la grosse présence du violon (Unfed Pendulum), qui n'est pas juste là pour s'exprimer de temps à autres, mais qui est partie intégrante du son Unexpect. Je ne pensais pas cela possible. En plus d'être un excellent violoniste, Borboën est aussi très habile au piano (Oranges Vigilantes). Dernier point, sur les compositions. Clairement on est dans le progressif, voire expérimental par moment (bruitages dans Words). On ne parle plus ici de break, puisque la normalité semble le break, peu ou pas de linéarité, aux chiottes les schémas classiques intro, couplets, refrain, ici tout est totalement chamboulé, pour servir l'originalité et la créativité.

Il est carrément impossible d'écouter cet album en faisant quoique ce soit d'autre, c'est une expérience qui accapare totalement le bulbe. L'écoute au casque est fantastique, pour capturer, écoute après écoute les subtilités de cette musique qui au premier abord peut sembler trop chargée, complexe, dissonante et sans style, puisque de tous les styles. Effectivement les influences sont piquées dans tous les styles pour ce savant assemblage. Une grosse dose de metal prog, certes, des chants par moment death, ok, des bruitages, des moments symphoniques, des passages d'opéra, des bouts de musique tziganes (le violon aidant). Par exemple dans The Quantum Symphony, on a un mix de tout ça, on se croirait dans une musique de film ou de comédie musicale. Moi je dis que si Tim Burton avait rencontré Unexpert, il les aurait pris pour la musique de Charlie et la Chocolaterie. Je dis ça mais dans certains autres passages, Roman Polanski aurait tout aussi bien pu les choisir pour la musique du Bal de Vampires (sauf qu'ils n'étaient probablement pas nés, mais bon). L'aspect Fusion, vient du fait que les plans de chaque instrument sont toujours assez complexes donnant parfois l'illusion que chacun joue son truc dans son coin, sans causer aux autres (problème que j'ai avec le jazz fusion). Pourtant là, en creusant un peu, on se rend compte que tout est bien calculé, assemblé et au final synchronisé, pour un effet unique et une expérience inoubliable.

Pour les morceaux, je trouve que le premier, Unsolved Ideas of a Distorted Guest, est un de mes favoris avec Words. C'est en effet dans ce premier morceau qu'on découvre le concept Unexpect. La basses 9 cordes, la douce voix de la chanteuse qui se transforme en furie au bout de seulement 1mn48, les contres voix des mecs, les riffs de guitare, le violon, les signatures de temps improbables, les sons electroniques. Tout y est ! Ensuite le Unfed Pendulum, à l'intro Floydienne est aussi des plus étranges. Les voix font un peu penser aux B'52s en versions Death :-). L'alternance de piano sautillant et de riffs agressifs est franchement flippante, tout comme l'est cette Quantum Symphony. Côté étrangeté inclassable on a aussi In the Mind of the Last Whale, où on se retrouve tout à coup dans Le Grand Bleu, sous les mers à nager avec les baleines, accompagné par des glouglous d'eau, des bruits et des voix/cris, un morceau qu'on aurait pu tout aussi bien retrouver sur un album de Björk, pour le coup, franchement expérimental. Moins expérimental (quoique) mais toujours très surprenant le petit A Fading Stance avec un joli duo violon/voix qui s'enchaine sur le très progressif When The Joyful Dead Are Dancing (même si le style est plus metallique et brutal, les amateurs de bons vieux Yes, époque de The Yes Album ou Relayer devraient s'y retrouver). Le dernier morceau, Until Yet a Few More Deaths Do Us Part (les titres sont aussi complexes que la musique) s'enchaine aussi, les trois derniers titres formant une unique pièce de dix minutes.

Au final, je ne comprends pas, ce truc est totalement addictif et je le réécoute. Ou bien je le réécoute parce que je ne le comprends pas, je ne sais plus. Je vous ai dit c'est un album qui rend fou... Certain crieront à la cacophonie, d'autres au génie musical, je ne vois qu'une façon pour vous de trancher. Si vous cherchez un peu de folie dans ce monde pas toujours des plus drôles, je crois que vous devriez trouver une petite heure de bonheur avec cet OVNI.

Peut être qu'au final c'est ça l'avant garde metal : la musique qu'on écoutera en 2112 ;-) !

 

Tracklist de Fables Of The Sleepless Empire:


01. Unsolved Ideas of a Distorted Guest
02. Words
03. Orange Vigilantes
04. Mechanical Phoenix
05. The Quantum Symphony
06. Unfed Pendulum
07. In the Mind of the Last Whale
08. Silence This Parasite
09. A Fading Stance
10. When the Joyful Dead Are Dancing
11. Until Yet a Few More Deaths Do Us Part

 

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