Sept ans ! C’est le temps qu’il aura fallu à Ugly Kid Joe pour proposer un successeur au sympathique Uglier Than They Used Ta Be. Les Américains ne sont pas pressés mais on va dire qu’on a l’habitude... depuis leur reformation au début de la décennie précédente : un EP et un album. Et ce petit nouveau dont le titre Rad Wings Of Destiny montre que le groupe n’a rien perdu de son goût pour le détournement. Bien. Avec un tel titre, une pochette bien déglingos et son premier single (également en ouverture de l’album), That Ain’t Livin’, hommage hyper sympa au bon vieux hard rock (celui d’AC/DC, plus précisément), au riff d’une efficacité indéniable, sans oublier un Whitfied Crane sacrément en voix, je suis dans de bonnes dispositions pour la suite.
Le deuxième morceau de RWOD confirme la bonne impression de départ : Not Like The Other est fun, festif... c’est du rock bien emmené, assez léger, avec un refrain entêtant. Sympa et fédérateur. En revanche, on a connu Ugly Kid Joe plus heavy... et cette orientation plus soft va se confirmer avec les pistes suivantes. Everything’s Changing, par exemple, est une ballade, assez douce et mélancolique. Elle est réussie, je l’aime bien, pas de souci... mais ce genre de morceau en troisième position dans la tracklist, ce n’est pas un peu tôt ? Etrange... mais pas tant que ça. Car à l’écoute de Rad Wings Of Destiny, on se rend vite compte que les compos calmes sont nombreuses (pour ne pas dire majoritaires) et il faut donc bien commencer à les placer tôt sinon elles vont toutes se retrouver enchaînées à la fin de l’album. Ne vous étonnez donc pas si, après Everything’s Changing, on ne repart pas de suite sur du hard rock un tant soit peu enlevé ou remuant. Non, Kill The Pain utilise un tempo et des guitares semblables à ce qui vient d’être entendu même si la charpente est un peu plus sombre et électrique par moment. Lola sort les guitares sèches et Crane y entonne des "La la la Lola, La la la-la Lola" accompagnés de ses potes qu’on imagine assis autour d’un bon feu de camp, un soir, sur une plage californienne (bon, il y a une batterie quand même... c’est moins évident à imaginer sur la plage). Il faudra attendre la sympatoche Dead Friends Play (la sixième chanson donc) pour un retour à un style plus hard rock dans la lignée des deux premières pistes (avec des paroles faisant référence aux influences d’UKJ, vous entendrez des allusions à AC/DC, Black Sabbath, Van Halen...). Et là, il reste quatre chansons. Mais parmi celles-ci, on ne trouvera qu’un seul morceau "agité" : Failure (avec, encore une fois, un riff portant le sceau des frères Young) qui, contrairement à ce que son titre semble indiquer, n’est pas un échec. Les trois autres compos sont bien plus reposantes. J’aime bien le groove tranquille distillé par Up In The City, Drinkin’ And Drivin’ ressort les guitares acoustiques (et le feu de camp, pourquoi pas) comme à l’époque de Mr. Recordman... Quant à Long Road, c’est une ballade à l’esprit country rock. Et comme les autres, elle est super agréable à écouter, les mélodies sont chouettes, on se laisse emmener tranquillement, sans grande résistance... mais sans grande excitation non plus.
Rad Wings Of Destiny est plutôt un bon album en fait. On sent que les Américains ont passé du temps à réécouter les vieux AC/DC, mais aussi pas pas mal de classic rock ou de country. Plaisant, bardé de bonnes mélodies et de chansons bien écrites, ce cru 2022 passe tout seul. Il n’est juste pas très énergique. Cool mais pépère, si vous me pardonnez cette familiarité. Il est même largement ce qu’Ugly Kid Joe a sorti de plus tranquille depuis ses débuts. Ces sales gosses se sont bien assagis ! Mais si on l’accepte pour ce qu’il est, ce disque fait passer un bon moment et reste donc tout à fait recommandable.
Tracklist de Rad Wings Of Destiny :
01. That Ain’t Livin’ 02. Not Like The Other 03. Everything’s Changing 04. Kill The Pain 05. Lola 06. Dead Friends Play 07. Up In The City 08. Drinkin’ And Drivin’ 09. Failure 10. Long Road