Dee Snider, le leader de Twisted Sister, qui pose pour la postérité sur la pochette de cet album avec son morceau de barbaque et qui semble vouloir nous inviter à le partager, veut peut-être aussi nous prévenir que ça va saigner. Et il n’a pas tort. Vous noterez d'ailleurs au passage qu'il n'est pas nécessaire de dépenser des mille et des cents pour faire une pochette d'album à cette époque. Il suffisait de demander au chanteur du groupe de poser en tenue de scène dans un coin d'une maison désaffectée un os à la main et hop, emballé c'est pesé.

Stay Hungry est tout simplement le plus gros succès de Twisted Sister, l'album qui a fait entrer le groupe dans le cercle des plus gros groupes américains de Hard Rock du milieu des années 80. Il contient d'ailleurs, et ce n’est pas un hasard, les deux plus gros succès du groupe, à savoir We're Not Gonna Take It et I Wanna Rock, dont les vidéos ont tourné en boucle aux Etats-Unis à cette époque (non, non, pas chez nous).
Twisted Sister avait bien compris l'impact que pouvait avoir la vidéo sur le succès d'un groupe et, devant le foisonnement de vidéos qui se ressemblaient toutes un peu (avec belles nénettes et bécanes ou grosses bagnoles entourant les groupes), a joué la carte de l'humour. Bingo ! A n’en pas douter, ce fut l’un des moteurs du succès de ces deux morceaux et du groupe. C'est par ailleurs la vidéo tournée pour le morceau Burn In Hell, drôle elle aussi, qui va scandaliser les ligues puritaines et va faire de Twisted Sister la cible privilégiée de la censure et du PMRC (au même titre que W.A.S.P.). Comme quoi, les religieux de tout poil n’ont vraiment pas d’humour… dommage d’ailleurs, ça les décrisperait peut-être un peu !

Mais revenons à cette galette. Difficile d’y trouver le moindre défaut. Car à côté des deux tubes déjà cités plus haut, totalement imparables, tous les morceaux de cet album sont essentiels. Le titre éponyme introductif est un concentré d’énergie. La voix puissante de Dee Snider prend l’auditeur aux tripes et nos deux guitaristes, Eddie Ojeda et Jay Jay French, montrent qu’ils forment une sacrée paire de tricoteurs. Burn in Hell est une composition magistrale (Dimmu Borgir lui a d’ailleurs rendu un bel hommage en 2001 sur Puritanical Euphoric Misanthropia). Le diptyque Horror-Teria, avec sa première partie bien lourde (Captain Howdy) et la seconde plus rythmée (Street Justice) marque aussi les esprits. Don’t Let Me Down, avec son refrain bien entêtant, aurait aussi pu devenir un hit. Le groupe sait aussi changer de registre et surprendre son monde avec le lourd et malsain The Beast. Et S.M.F. résonne comme un hymne (dédié aux "Sick Mother Fuckers", les fans du groupe). Même la ballade indispensable (The Price) est réussie.
Pas de doute, Stay Hungry est un sans faute.

Comme je le disais plus haut, le succès (mérité) de cet album fut colossal et permit à Twisted Sister de passer à la vitesse supérieure. On notera, pour la petite histoire, que le groupe embarqua à la sortie de l'album pour une grosse tournée en tête d'affiche dans tous les Etats-Unis en entraînant avec lui un petit groupe californien qui montait, histoire de faire chauffer la salle. Un certain Metallica...

Tracklist de Stay Hungry :

01. Stay Hungry
02. We're Not Gonna Take It
03. Burn In Hell
04. Horror-Teria
   a) Captain Howdy
   b) Street Justice
05. I Wanna Rock
06. The Price
07. Don't Let Me Down
08. The Beast
09. S.M.F.