Je vais commencer cette chronique en vous racontant un peu ma vie, et si vous n’en avez rien
à faire, ce que j’entendrai aisément, vous pouvez passer au paragraphe suivant.
J’ai eu le plaisir de travailler dans une MJC du côté de Gradignan il y a une
quinzaine d’année. MJC dans laquelle la musique avait une vraie place puisqu’elle est
le berceau du festival Les Z’arpètes. Et de cette MJC est également sorti le
groupe Toxi Faktory qui dans sa biographie rappelle que : « Leur premier concert
a lieu à la MJC de Malartic, lieu chargé de symboles pour le groupe puisqu’il est le
berceau du festival Les Z’arpètes, premier festival dans lequel Toxi
Faktory s’est produit, et au sein duquel tous les membres du groupe sont ou ont
été impliqués. » C’est donc avec une certaine émotion que
je vous présente le second effort de ces petits Bordelais The Tower Below.
Toxi Faktory est un groupe de metal à l’univers atypique, qualifié
de« véritable ovni de la scène bordelaise ». Leur univers est tiré de
science-fiction dystopique de Georges Orwell ou encore Aldous Huxley.
Le groupe se compose de Niko créateur de l’univers et chanteur, de
Tom à la batterie, Floguit à la guitare,
Adrien au synthé, et de Feulaux à la basse. Ce quintet
mélange, mixe, et surtout amalgame aussi bien des influences gothiques, électro ou punk,
le tout à tendance progressive faisant de Toxi Faktory une entité on ne
peut plus singulière.
L’album ouvre avec Begin Through qui n’est autre que l’introduction de
Diggin’ Through, et il faut reconnaître que cette ouverture d’album est une
véritable réussite. Un début de morceau avec un arpège, à la fois
malsain et lancinant, la voix gutturale de Thomas tranche cette première impression de
quiétude, et ensuite s’enchaînent des passages plus rapides ou d’un calme
inquiétant. Le titre est varié, dans sa structuration, des changements de rythmes qui
évitent la redondance et des éléments sortis du chapeau, comme des chœurs
très aiguës comme de petits instants de folies. Ici rien de standard, le groupe ne cherche
pas la structure refrain couplet. Leur manière d’aborder la musique me renvoie à
celle d’Anorexia Nervosa version Exile. Ce qui est déjà remarquable dans cette époque tellement friande de
standardisation.
Autre avantage dans l’univers de Toxi Faktory, c’est que
chaque titre est une proposition d’univers. Que ce soit les ruptures de Damnation, le
côté arabisant de New World Order ou le côté plus écrasant de
son pendant New World [Dis]order, les ambiances sont variées et c’est à
chaque fois une découverte différente. C’est souvent le duo basse-batterie qui tient
la baraque et laisse la place aux autres musiciens qui peuvent laisser leur imagination
s’exprimer. La guitare oscille entre riffing agressif et mélodie mais c’est le
clavier qui apporte le plus souvent une dose d’originalité toujours bienvenue.
L’apport de chaque musicien est évident et même si les compositions peuvent partir
dans tous les sens, elles restent cohérentes.
Pour conclure, il faudra forcément vous accrocher pour tenter de rentrer dans l’univers de
ce quintet. Les titres sont longs, fournis et fouillés, ce qui est habituellement dans mes
standards d’écoute, et j’estime que c’est plutôt une qualité. Mais
je serais plus modéré car je pense que le groupe pourrait gagner en efficacité en
élagant un peu ses compositions. Je salue la volonté de pousser les compositions dans un
certain jusqu’au-boutisme, mais la limite est clairement l’accessibilité, même
si ce n’est évidemment pas leur objectif. Toxy Faktory s’adresse
à une frange particulière d’un segment déjà restreint, le pari est
risqué mais il est clairement réussi.
Tracklist de The Tower Below:
01. Begin Through 02. Diggin’ Through 03.
Damnation 04. Requiem For The Toxi Faktory 05. Rise &
March 06. New World Order 07. New World [Dis]order 08.
BlackShell 09. Clones’ Faktory 10. Intox Corp. 11.
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