Artiste/Groupe:

Todd La Torre

CD:

Rejoice In The Suffering

Date de sortie:

Février 2021

Label:

Rat Pak Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15.5/20

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Pas facile de trouver des points positifs à l’arrivée du COVID dans nos vies... même avec toute la bonne volonté du monde. Pourtant, grâce à lui, l’album solo de Todd La Torre (chanteur de Queensrÿche depuis 2012) aura vu le jour plus tôt que prévu, le chanteur ayant profité du temps d’arrêt imposé au groupe dont il fait partie pour terminer ce Rejoice In The Suffering. Maigre consolation au vu de tout ce que nous inflige le coronavirus, j’en conviens, mais on dira que c’est mieux que rien. Et on en profitera pour remarquer que, d’une certaine façon, l’album porte assez bien son nom car on a beau souffrir, on va tout de même pouvoir se réjouir.

On le sait, Todd s’est fait remarquer pour ses capacités vocales hors-normes qui lui ont d’abord permis d’aller chez Crimson Glory avant d’intégrer Queensrÿche. Cela dit, si vous vous attendez à une œuvre s’inscrivant dans une lignée semblable à celle de ces deux groupes, vous allez être sacrément surpris. Bien sûr, il y a de la mélodie et il sera toujours possible d’établir quelques liens entre ce disque et les formations auxquelles Todd est rattaché mais, dans l’ensemble, on est face à quelque chose de bien plus heavy, menaçant et massif. Rejoice In The Suffering, c’est du gros metal puissant et direct qui ne fait pas semblant. Parfois old school dans son approche, d’autres fois plus moderne, il propose une certaine variété d’influences et styles. Il est ce que j’attends d’un album solo (puisqu’il se distingue fortement de ce que fait Queensrÿche) car, franchement, quel intérêt de sortir un album sous son propre nom si c’est pour proposer la même chose qu’avec son groupe habituel ?

Niveau chant, il y a longtemps que La Torre a fait ses preuves. En revanche, certains avaient peut-être des doutes quant à sa capacité à voler de ses propres ailes. Ces doutes vont pouvoir être officiellement levés car, avec son complice Craig Blackwell, il a écrit un album solide. Pour info, La Torre joue aussi de la batterie ici (il avait déjà enregistré les parties du dernier Queensrÿche) alors que Blackwell s’occupe de tout ce qui est guitare, basse et clavier et que Chris "Zeuss" Harris se charge du mix et du mastering. 

Essayons de synthétiser tout ce que vous trouverez dans cette galette. Du gros riff puissant dès l’ouverture avec un Dogmata percutant sous influence thrash. On retrouvera cette influence sur les belliqueux Darkened Majesty (au refrain tout de même plus mélodique et majestueux justement) et Vanguards Of The Dawn Wall (sans conteste le plus méchant du lot). Todd excelle dans un registre vocal plus agressif que celui auquel il nous avait habitué jusque-là et se fait plaisir en nous livrant des lignes Halfordiennes (qui rappellent pour quelle raison il était une recrue de choix chez Crimson Glory). Il y a aussi des pistes plus mélodiques et vous aurez du heavy sur l’excellente Vexed (chouette intro acoustique suivie d’un super riff puis d’un refrain mélodique entraînant... c’est le morceau qui se rapproche le plus de Queensrÿche sans imiter le groupe en question non plus) ou de la ballade sombre - sur laquelle Todd livre une prestation plus "grave" et posée, montrant qu’aucun registre ne lui pose souci - avec Crossroads To Insanity. On trouve aussi des touches de groove metal issues des nineties dans cet opus et il m’est arrivé de penser au fameux Fight de Rob Halford à plusieurs reprises. Le chant et l’ambiance de certaines pistes m’ont également rappeler les travaux de Warrel Dane (Sanctuary ou Nevermore). Tout cela devrait vous donner une idée assez claire du style de power metal made in USA qui vous attend. Ajoutez un soupçon de heavy thrash à la Metal Church par endroit et l’image gagnera en précision. Le son est clair, puissant et moderne, rien à redire là-dessus. Quant à Blackwell, l’ami d’enfance, il livre du riff baraqué et du solo fluide avec talent. Je n’irai pas jusqu’à dire que tout est inoubliable pour autant mais il me sera difficile de nier que l’ensemble affiche de belles qualités et se révèle franchement efficace.

Si vous devez vous laisser tenter par l’aventure, je vous recommande l’édition limitée qui comprend trois titres bonus car ils sont de qualité et contribuent à la diversité de l’album. Fractured fait dans le heavy mid-tempo assez classique mais efficace et percutant alors que Set It Off emprunte une voie dont l’instrumentation, le son et l’ambiance me rappellent vraiment les plages les plus mélodiques du War Of Words de Fight. Le titre le plus surprenant du lot est One By One, un morceau plus agressif aux influences extrêmes (batterie énervée avec clavier ambiance black metal sur l’intro, growls sur le couplet, riffing à l’avenant) qui apporte quelque chose de réellement inédit à la galette. Intéressant.

Rejoice In The Suffering est la déclaration d’amour de Todd La Torre au metal sous différentes formes. Le monsieur montre ici qu’il n’est pas qu’un vocaliste (ou batteur) talentueux et qu’il a plus d’une corde à son arc. Un album que je n’attendais pas forcément avec beaucoup d’impatience mais qui constitue une des bonnes surprises de ce début d’année. Je vous conseille vivement d’y jeter une oreille voire deux.  

Tracklist de Rejoice In The Suffering :

01. Dogmata
02. Pretenders
03. Hellbound And Down
04. Darkened Majesty
05. Crossroads To Insanity
06. Critical Cynic
07. Rejoice In The Suffering
08. Vexed
09. Vanguards Of The Dawn Wall
10. Apology
11. Fractured (bonus track)
12. Set It Off (bonus track)
13. One By One (bonus track)

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