Artiste/Groupe:

Till Lindemann

CD:

Zunge

Date de sortie:

Novembre 2023

Label:

Autoproduit

Style:

Metal Industriel

Chroniqueur:

Le Diable Bleu

Note:

18.5/20

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Vous dire que je suis fan de Rammstein, serait un gros mensonge.
Vous préciser que je ne l’ai jamais été serait une trahison.
Vous raconter que c’était mieux avant ne pourrait laisser transpirer qu’une indéniable lâcheté malodorante.
Vous rajouter que j’admire les artistes qui forment les grosses pointures du monde Metal, reviendrait à renier mes convictions profondes.

Faisons fi de tout cela au risque de s’y perdre en conjectures.
Alors, mettons l’ensemble de ces premières lignes hors jeu, et hop direction la poubelle.
Faisons fi également de nos saletés de préjugés, dont on sait bien, qu’il faudra encore plus s’en détacher parce que les protagonistes maitrisent parfaitement l’art de la provocation, de la vulgarité assumée et du grand déballage.

Et pour une fois, au moins une fois, soyons honnêtes.
Objectivement, ce dernier album de Till Lindemann est bon, très bon même, frisant le sublime à quelques endroits.
Un cristal musical au sein duquel on trouverait emprisonnée une coulée de pétrole, ou plus exactement un boulet de charbon ardent et chantant.
Imaginez un charbon comme une note basse, profonde et sombre, jouée sur une contrebasse vocale. Ce charbon est formé dans les profondeurs de la terre, résultant de la pression et de la chaleur qui transforment la matière organique enfouie depuis la nuit des temps, en une mélodie terne et lourde. Ce serait comme une mélopée, une partition lyrique utilisée principalement pour sa puissance et son énergie.
Maintenant, concentrez-vous sur le diamant, il ressemble à une note haute et cristalline, jouée sur un violon stradivarius. Le diamant, tout comme la matière de notre précédente contrebasse, se forme sous terre, mais dans des conditions bien plus intenses. Il est créé par une mélodie complexe de pression et de chaleur, transformant le carbone en une structure cristalline étincelante. Le résultat est une harmonie précieuse, transparente, et d’une beauté rare, comme la mélodie du violon enchanteresse de l’âme.
Le charbon et le diamant partagent ainsi une origine commune, mais leurs symphonies ont évolué de manière très différente. Le charbon, depuis l’avènement du Bobo, est associé à la puissance brute, à la pollution vulgaire, diabolisé et passé de mode. Tandis que le diamant ne cesse de représenter la richesse, la beauté, l’éclat et la rareté. Chacun d’eux forme une note unique dans la partition de la nature, créant un contraste entre l’obscurité et la luminosité, le brut et le raffiné, dans l’orchestre de notre  monde Metal. Deux éléments si proches et si éloignés, fusionnés en symbiose au sein de chaque chanson de ce surprenant et captivant album Zunge, une sorte de pied de nez associé à l’art du contrepied.
Un album aux sens troublés, aux thèmes torturés, et dont l’interprétation XXL ne pouvait être que très personnelle, et découlant d’un Till toujours torturé. Je vous recommande de faire effort, un gros effort de traduction pour chaque piste, qui vous ouvrira les portes de ce Metal Indus, tout à la fois classique et moderne.
Comme toujours, on y trouve les problèmes existentiels du Herr Till, qui se trouvant décrépi dans la glace du petit matin, déclame un bien triste Altes Fleish.

On y trouve également un hymne aux lymphes corporelles dans ce Schweiss aux effluves lourds du Metal Indus.
On y trouve tout ça et plus encore.
Vous y trouverez, dés l’entrée en matière, le tonitruant et troublant Zunge, dont la "lanque" silencieuse s’exprime avec force tonitruante.

 


Ensuite, je vous recommande vivement le tango rock opéra, Tanzlehrerin, empreint de cette heimweh (Nostalgie) tout allemand.
Merveilleuse piste portée par la voix de Till en contre accord avec une voix féminine d’opéra, vous donnant l’envie de prendre des cours de danse dans un bar latino.

On y trouve également le nouvel hymne sportif du Ced12. Ce Sport Frei, sautillant et agrémenté de cœurs épiques, rappelle le passé de nageur sportif du Herr Till et donc sa connaissance du haut niveau. Avec ses merveilles (dépassement de soi, courage ..) et ses inévitables errements (dopage, lassitudes ..), qui donneront sans doute au Ced12 le goût des potions magiques et du moteur électrique planqué dans le cadre.

 

 

Peut être apprécierez vous également ce Alles Für Die Kinder, sonnant théâtre des horreurs, emprunt de violons lourds, agrémenté de voix d’enfants, et dont il ressort une piste totalement dingue à la frontière du rock Metal opéra.

 


Il ne nous manquera pas non plus le combo ballade/chanson pop allemande, dans le Selbst Verliebt, développant la chanson populaire allemande (satire sur le travail forcené faisant suite (après une pause de quelques secondes) faisant suite à une ballade sombre (sur l’autosatisfaction et l’amour de soi-même). Il est probable que je sois le seul à apprécier cette piste.
Les fans du Rammstein apprécieront sans doute un Lecker, bien déjanté, nettement plus facile à appréhender.

Un album XXL porté à bout de voix par un Till majuscule, qui dénote avec la passivité, le manque d’originalité et de folie du dernier Rammstein. Reconnaissons-lui sa créativité, son grain de folie somme toute contenue, une acrimonie poétique, un lyrisme inqualifiable et surtout cette voix posée comme une signature.
Un album coruscant, débarquant de la martienne Prussie, délivrant la voix d’un Till qui charbonne et des mélodies aériennes qui diamantent au rythme du contrepied.
C’est bien agaçant, bien déstabilisant pour un tout petit Diable Bleu qui jurait tous ces grands et maitres diables, qu’il ne retournerait plus voir les Rammstein en live.

Mince !

Tracklist de Zunge :

01. Zunge
02. Sport Frei
03. Altes Fleisch
04. Übers Meer
05. Du Hast Kein Herz
06. Tanzlehrering
07. Nass
08. Alles Für Die Kinder
09. Schweiss
10. Lecker
11. Selbst Verliebt, incl. hidden track

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