Artiste/Groupe:

Thy Catafalque

CD:

Vadak

Date de sortie:

Juin 2021

Label:

Season Of Mist

Style:

Post Black Metal Experimental

Chroniqueur:

dominique

Note:

16/20

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Thy Catafalque c’est le projet un peu dingo d’un seul homme, le hongrois Tamás Kátai. Thy Catafalque c’est un metal avant-gardiste qui propose un mélange peu orthodoxe de post-black metal, de metal expérimental et de metal indus, le tout saupoudré de touches rock, pop, ethno-folk et electro. Thy Catafalque c’est onze albums ou EPs, sortis entre 1999 et 2021, date de sortie du dernier-né, le bien nommé Vadak, dont je vais parler aujourd’hui.

Bien nommé car, le terme indien Vadak signifie, dans la langue de Molière, "joueur". Joueur comme l’est cet album. Un disque qui va vous faire passer par tous les états tout au long des soixante-trois minutes d’écoute. Tamás, âme, multi instrumentiste et voix du groupe, s’est entouré de nombreux invités (seize au total, que je ne vais pas lister ici) pour souligner les couleurs et les ambiances souhaitées dans les différents titres. Un gigantesque patchwork qui pourtant trouve sa cohésion dans Vadak, et qui permet d’offrir, tout au moins sur certains titres, un visage un peu plus apaisé du projet. Un beau progrès, car, sans être un spécialiste du genre ni de ce groupe en particulier, des titres sensibles et mélancoliques comme A kupolaváros titka ou Zúzmara étaient pour ainsi dire absents à ce jour de l’espace musical de Thy Catafalque.

 

 

Il ne faut toutefois pas s’y tromper, ces touches de finesse, qui forment toutefois le premier des fils rouges de Vadak, restent minoritaires. Le corps de l’album oscille entre nu-electro et black metal, comme le souligne l’ouverture puissante proposée avec Szarvas. Les faux airs electros 70’s du début cédant rapidement la place aux chants gutturaux de fond, à un refrain plus indus que l’on pourrait croire sorti d’un album de Rammstein et à des riffs de guitare très heavy. Quand je vous dis joueur… Outre les instruments, un autre axe souligne la grande diversité de ce Vadak : les voix. Pas moins de cinq guests viennent en support de Tamás tout au long de l’heure d’écoute. Celles-ci, second fil rouge, apportent ces influences complémentaires nécessaires à donner la teinte du morceau. Dans Köszöntsd a hajnalt, la voix de Martina Veronika Horváth (présentes dans plusieurs autres titres) est le complément naturel de la cornemuse et permet de renforcer l’aspect ethno-médiéval dur titre. Une très belle réussite. Avec un rythme lourd et volontairement agressif, Gömböc nous ramène immédiatement dans le sujet. Ce titre entêtant mélange le metal et l’electro-pop assez efficacement. L’intro spatiale de Az energiamegmaradás törvénye, se trouve utilisée plusieurs fois au cours du titre, à chaque fois pour signifier un changement d’atmosphère. Comme le son d’un tuner radio, elle indique l’accès à un nouvel environnement musical. Electro-black sur trois minutes, metal indus imagé sur 1:30 puis rock souple pour finir. Un peu un résumé de Vadak. Mi death, mi black, Móló apporte lui aussi autre chose à l’album. Ses longs riffs de guitare soulignent que nous sommes bien dans un album metal malgré l’omniprésence de l’electro. La rupture avec le groove jazzy brillant de A kupolaváros titka est brutale. Mais bon, quand on aime, on ne compte pas.

 

 

Les deux titres suivants, dont l’ovni Kiscsikó (Irénke dala), diversifient encore le montage. Trompette, trombone et saxo accompagnent le son doux d’une guitare sèche et le coté rudimentaire d’une caisse sèche pour souligner peut-être les origines slaves du compositeur. Piros-sárga pourrait être proposé par un groupe islandais. Pop-rock et electro à la fois, il aborde aussi un aspect ethno-folklorique qui doit certainement être reconnu comme le troisième fil rouge tissé dans cet album ; un titre plus qu’intéressant. Le dernier jet de violence vient avec les douze minutes de Vadak (Az átváltozás rítusai). Sur presque quatre minutes, le son est lourd avant de s’alléger et de devenir plus folklorique à son tour. Même si la rythmique reste soutenue, le violon, le saxo et les voix calment le jeu sans pour autant perdre l’âme agitée du morceau. Le retour aux chant gutturaux se fait donc sans heurt, et la musicalité reste au rendez-vous. On referme ce voyage avec le mélancolique Zúzmara. Piano, contrebasse et voix aérienne, ce havre de paix permet de se remettre à l’endroit. Un excellent titre de fin qui va pousser l’auditeur à réécouter ce très bon et très diversifié album, tout tissé de fils rouges. Thy Catafalque est, pour moi, une belle découverte qui je l’espère sera appréciée par d’autres.

Tracklist de Vadak :

01. Szarvas
02. Köszöntsd a hajnalt
03. Gömböc
04. Az energiamegmaradás törvénye
05. Móló
06. A kupolaváros titka
07. Kiscsikó (Irénke dala)
08. Piros-sárga
09. Vadak (Az átváltozás rítusai)
10. Zúzmara

 

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