Si je vous dis qu’un album c’est avant tout une histoire, une tranche de vie, une ambiance, vous me direz que je n’ai pas été chercher ça très loin, et que j’aurais pu me fouler un peu plus, j’accepte et je partage cette critique. Et c’est pourtant d’ambiance que l’on va parler tout au long de cette missive avec le troisième album de Thornbridge, groupe allemand de power metal qui sévit depuis déjà plusieurs années dans cette sphère. Le groupe est composé de Jorg Naneder au chant et guitare, Patrick Rogalski à la guitare, Tomi Gottlich à la basse et enfin Vincent B. derrière les futs, et dire que les messieurs en ont dans la cafetière c’est peu de le dire. Avec Daydream Illusion ils vont nous transporter pendant plus de 47 minutes dans un univers féérique flippant des fêtes foraines et autres cirques d’antan qu’on constate dès le visuel de cet album dont le travail est sacrément chiadé. Nous sommes bien dans une ambiance fête foraine avec un carrousel en arrière-plan et un personnage typique de cette ambiance mais plus du côté flippant, genre génie ou train fantôme, le genre de personnage qui nous faisait bien peur quand on était gosse mais qu’on avait envie d’aller voir de près, et qui donne de suite l’envie d’aller plonger dans cet univers et découvrir cette galette, alors c’est parti pour le grand huit ?
Après une intro qui plante bien le décor, le groupe envoie d’entrée un superbe morceau de power metal avec Daydream Illusion qui, tout en restant dans la sobriété, marque son territoire avec une mélodie parfaite et un équilibre entre les guitares et la batterie. Le morceau (comme beaucoup d’autres de cet opus) est, certes, assez conventionnel mais reconnaissons qu’il fonctionne à merveille et transporte l’auditeur dans cet univers enchanteur voulu par le groupe.

C’est parti pour le grand saut avec Kingdom Of Starlight, titre juste parfait ! Tout y est : intro sympa et gros riffs de guitares, refrain dantesque et titre assez speed. Le groupe monte d’un cran et ça se ressent et risque ne pas retomber de sitôt car avec I Am The Strom, Thornbridge balance du power metal de compet’ parfaitement exécuté avec les guitares bien en avant entre lead et rythmique. Le groupe arrive à transporter l’auditeur que nous sommes rien que sur le refrain soutenu par des chœurs de folie (exercice de chant que l’on retrouve un peu plus loin sur d’autres titres) pour l’un des meilleurs titres de cet album.

Avec Sacrifice, nous y voilà, nous sommes au milieu de cette fête foraine, perdu avec toutes les lumières et les mouvements, le bruit, la sensation d’être un peu perdu. Voilà comment définir cette chanson qui monte encore d’un cran niveau rapidité, même si l’on reste toujours sur du power metal depuis le début de cet opus.
Si avec Island Of My Memories on voit arriver des riffs plus bourrins, plus heavy et des guitares très présentes pour notre plus grand plaisir, il convient de s’arrêter un moment sur Send Me A Light. Après une magnifique intro au piano, Thornbridge embraye sur la ballade de l’album tout en légèreté et en émotion qui contraste avec le reste de l’album, mais qui offre une belle lumière sur le chant de Jorg dont on peut apprécier toute la qualité. Il est assez rare que celui qui écrit ces lignes se pavane sur ce type de mélodies, mais là bon dieu ! Le genre de truc à faire pâlir les plus grands spécialistes Bon Jovi ou Scorpions pour ne citer qu’eux.

Thornbridge sait aussi faire dans le gros son et va le prouver avec Final War et envoyer la purée comme il faut. Ça ne mégote pas et dès l’intro ça balance du lourd avec des chœurs suivis par une envolée guitare / batterie ou on voit bien que Vincent B. a bouffé du lion et s’acharne comme un dératé sur ses futs à en avoir des ampoules aux doigts. Final War est beaucoup plus heavy et speed que le reste mais toujours exécuté de manière magistrale et avec en cadeau, une fois n’est pas coutume un solo ben… superbe ! C’est à se demander à quel moment Thornbridge va faire un faux pas (je vous vous donne la réponse : il n’y en aura pas !). L’album s’achève sur un Lost On The Dark Side toujours parfaitement exécuté et redoutable de justesse pour conclure un album superbe, mais faut-il encore le répéter ?
Après What Will Prevail en 2016, puis Theatrical Masterpiece en 2019, on peut raisonnablement qualifier le troisième opus de Thornbridge Daydream Illusion comme l’album de la maturité. C’est surtout le genre de galette qui va prendre toute son ampleur sur scène, les ambiances s’y prêtent à coup sûr pour de beaux moments en perspective. Un groupe à connaitre et à suivre à dès que la « fête foraine Thornbridge » aura posé ses valises dans nos contrées.

Tracklist de Daydream Illusion :

01. Come On In !
02. Daydream Illusion
03. Kingdom Of Starlight
04. I Am The Storm
05. Sacrifice
06. Island Of My Memories
07. Send Me A Light
08. Bird Of Salvation
09. Final War
10. My Last Desire
11. Lost On The Dark Side