Artiste/Groupe:

The Ocean

CD:

Phanerozoic Live

Date de sortie:

Novembre 2021

Label:

Pelagic Records

Style:

Post Metal Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

16/20

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Cette pandémie nous aura fait beaucoup de mal. Et par nous, je veux dire, les simples amateurs de musique que nous sommes mais aussi et surtout les groupes créateurs de leur propre univers. Me voilà donc à devoir chroniquer une sorte d’hybride qui ne vous apporte ni la fraicheur d’un nouvel album ni la puissance émulative du live en public. Ce qui explique peut-être que je sois partagé, tiraillé. A la fois perplexe par l’approche utilisée dans Phanerozoic Live et stimulé par l’idée que The Ocean Collective n’a pas abandonné ses fans. Un grand groupe, deux albums extraordinaires et un enregistrement live (presque) sans âme, cela me rend un peu triste. Si Phanerozoic I m’avais permis de découvrir un groupe que je n’avais pas écouté dans le passé, Phanerozoic II m’avais révélé l’exceptionnelle qualité du travail de ce même groupe, capable de sortir en pleine pandémie ce qui est pour moi l’album de 2020.

Au cours du long confinement, le collectif berlinois s’est isolé dans les deux lieux publics que sont une salle de concerts à Brême et un festival en Hollande pour proposer à leurs fans deux concerts live en streaming. De ce point de départ, The Ocean a décidé de produire un double album de 1h45, avec les quinze titres regroupés dans les deux albums Phanerozoic I : Palaeozoic et Phanerozoic II : Mesozoic Cenozoic ; deux disques clôturent un voyage temporel initié avec la parution du double album Precambrian en 2007.

Que peut-on ressortir de ce travail ? Avant tout la musique (ouf), les variations propres aux prises live, la possibilité de cerner l’évolution entre les deux albums et aussi (et quand même) des images prises durant les enregistrements. Pas parfait, mais mieux, beaucoup mieux que le vide. The Ocean nous propose donc un long voyage de 541 millions d’années réalisé rapidement (un peu moins de deux heures), mais sans pour autant compromettre la qualité exigée par le groupe. Quid donc de ce Phanerozoic Live où les bruits, les chuchotements et les applaudissements sont simplement remplacés par un silence assourdissant entre les titres?

La première partie de l’album, enregistrée à Brême, concerne Phanerozoic I. Un album plus brut de décoffrage. Cela s’entend clairement sur ce live. Du vide exprimé par les débuts éthérés de The Cambrian Explosion à la fin inévitable et abrupte ressentie avec Permian : The Great Dying, le disque couvre une période dure qui se termine mal. Tel quel, ce live reflète bien ce que l’on pourrait penser de celle-ci. Les chants hurlés de Loic Rosetti prennent ici toute leur signification. C’est musicalement varié, haché et musical à fois (Cambrian II, Devonian), guerrier, dangereux mais aussi créatif et progressif (Ordovicium, Silurian) ; tout ceci pour finir en une sorte de chaos organisé (The Carboniferous Rainforest Collapse, Permian). Une bonne mise en oreille, mais aussi une première partie qui souffre un peu plus de l’absence de public.

La seconde partie, enregistrée au Roadburn Redux Festival, est peut-être plus abordable. Phanerozoic II est un album plus progressif, plus joueur qui va nous amener jusqu’à nos jours. Le vide de l’absence de publique va là être rempli par la créativité du groupe exprimée dans ce second album, et par une meilleure intégration des titres. Du génial Triassic au plus assagi Holocene, les musiciens montrent leurs qualités et les vidéos permettent de s’approprier un peu plus le concert. Pour finir, l’écoute en continue Phanerozoic I et II permet de mieux comprendre l’évolution voulue par le groupe pour représenter ce long voyage. Une évolution clairement perceptible avec les approches musicales proposées (de post metal brut à metal progressif travaillé).

Oui l’album est bon. La production, les enregistrements sont parfaits, chirurgicaux. Le groupe fait le job, et même un peu plus. Mais bon voilà, des live sans public, c’est un peu une fleur sans parfum. C’est beau, mais ce n’est pas complet ; presque pénalisant pour le groupe qui, pourtant, a fait de son mieux pour se permettre de garder le contact avec son public. Cela ne remet pas en cause l’exceptionnel travail de The Ocean, mais cela me pousse à recommander plutôt le focus sur les versions supportées par l’image de ces concerts que simplement les supports uniquement musicaux.

Tracklist de Phanerozoic Live :

01. The Cambrian Explosion (Live in Bremen)
02. Cambrian II: Eternal Recurrence (Live in Bremen)
03. Ordovicium: The Glaciation of Gondwana (Live in Bremen)
04. Silurian: Age of Sea Scorpions (Live in Bremen)
05. Devonian: Nascent (Live in Bremen)
06. The Carboniferous Rainforest Collapse (Live in Bremen)
07. Permian: The Great Dying (Live in Bremen)
08. Triassic (Live at Roadburn Redux)
09. Jurassic | Cretaceous (Live at Roadburn Redux)
10. Palaeocene (Live at Roadburn Redux)
11. Eocene (Live at Roadburn Redux)
12. Oligocene (Live at Roadburn Redux)
13. Miocene | Pliocene (Live at Roadburn Redux)
14. Pleistocene (Live at Roadburn Redux)
15. Holocene (Live at Roadburn Redux)

 

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