Ne jamais se fier aux apparences. On le dit toujours, pourtant j’ai bien failli ignorer cet
album, à cause de sa pochette agressive (de l’artiste Chadwick St John),
noir et blanc, qui me faisait penser que le contenu n’était pas vraiment adapté
à mes goûts. Et pourtant il s’agit bien là d’une pièce
essentielle pour les amateurs de heavy metal. Le groupe est Français, originaire du Nord et ce
Mystery Of The Depths est le second album après …Of Shades &
Deadlands sorti en 2016 et un premier EP, No God, No Devil, sorti en 2013. Le line-up le
laisse apparaître que les initiales des membres du groupe YCG,
PPG, JCR et DGC, dans une configuration classique
à deux guitares, une basse et une batterie. C’est YGC qui en plus de la
guitare assure le chant lead. Ce qui est plus original c’est que les trois autres membres sont
crédités de backing vocals typé black pour JCR et thrash pour
DGC. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. J’y
viens. Le tout est produit de la meilleure des manières par Phil Reinhalter.
L’album
démarre en trombe par un pur bijou de heavy metal assez speed, qui m’a immédiatement
fait penser à Helloween, croisé avec du Judas Priest, chanté par un mutant savamment croisé
entre Rob Halford et Blaze Bayley. Le tout dans un super bon anglais. La voix, tout au
long de l’album est vraiment exceptionnelle. Les guitaristes balancent de bons solos, la basse est
puissante, la batterie hystérique, franchement ce Tattoo The Child qui ouvre
l’album est une réussite.
The Priests Control a été pour
moi un choc. Le morceau est assez classique, les notes du chanteur sont tenues, à la
Rob, le tout est bien emballé niveau production, mais dans la partie finale, le
groupe change de thème et attaque un riff de guitare digne du premier Metallica: pur thrash old school. Et pour clôturer, le chant
se transforme en thrash à la Slayer. C’est quoi ce morceau mutant ?? Même si je ne
suis pas fan du chant terminal, je trouve ce morceau hyper bien gaulé.
Tiens, mais qui
a changé de disque ? Ha ben non, c’est juste que Until The End est un morceau avec
un chant death sur le couplet et le chant heavy de YGC sur le refrain. Si je
n’aime pas trop le blast de batterie sur les refrains, ni le chant du couplet mais bon ça a
le mérite d’être assez surprenant. J’adore les breaks très heavy old
school qui ponctuent le morceau. Ça sonne très Judas sur le chant.
A Path To Arabia est un
interlude musical ou une intro pour le morceau d’après In The Stream Of Opium,
dans laquelle, le style s’assombrit, s’alourdit fortement, pour prendre une tournure presque
doom. Le refrain est beaucoup plus enlevé, plus heavy metal. Encore un morceau assez hybride et
j’aime le résultat final et ces contrastes de style.
Write My Name In The
Light est à mon avis le meilleur morceau de l’album dans le style heavy metal. La
voix est excellente, le break et ses harmoniques qui claquent très réussi, les solos de
guitare sont très bons. Je ne comprends pas trop l’utilité d’un morceau
d’une minute (Revelation Of The Losts), chanté en chœur à la Sabaton, mais j’aime beaucoup Inner Wounds,
particulièrement bien riffé, qui oscille entre heavy metal et thrash old school. Le groupe
maîtrise parfaitement ses aller-retours entre les styles. En plus je vous ai trouvé le clip
:
Le groupe nous dévoile ensuite avec The Drug I Miss, une
ballade typée Iron Maiden. Le chant et les chœurs sont
très réussis, le refrain très accrocheur. Le morceau se transforme soudain en
cavalcade de triolets dont l’ami Steve Harris a le secret. Ce morphing permet aux
guitaristes de placer leurs solos inspirés, le final est épique, difficile de ne pas
secouer sa crinière.
Le morceau enchaîne direct sur le titre éponyme, encore assez
complexe, savant mélange de thrash et de heavy metal. Le final me semble un peu abrupt et nous
fait plonger dans un morceau vraiment curieux Pharaoh’s Curse, qui alterne une sorte de
black metal obscur avec des sonorité orientales, voire slave (à la Dirty Shirt). Les deux voix (black/death et heavy metal) se
superposent, franchement ça part dans tous les sens, mais ça me plaît.
Ceci nous mène au dernier morceau, étonnant toujours, de cet album. The
Sand War (May 1940), un morceau hommage à un soldat Français, Pierre
Callipel dont une lettre est lu en fin de morceau sur des bruits de combats. Le pauvre
raconte l’horreur de l’évacuation de l’armée alliée à
Dunkerque lors de la débâcle de mai 1940. Le morceau est rapide, basé sur encore des
envolées de triolets, à la Iron Maiden. Le morceau s’arrête quasiment
net pour un break arpégé, pour mieux repartir en trombe. La partie finale, parlée,
est extrêmement touchante.
Au final, j’ai écouté cet album une
bonne douzaine de fois et j’y découvre de nouvelles choses à chaque fois. Je suis
épaté par la richesse et la qualité du résultat, dans un style heavy metal
souvent boudé par les groupes de l’hexagone. The Losts : perdus ?
Peut-être, mais pas pour tout le monde, c’est moi qui vous le dis. Alors faites un petit
effort, prenez-vous le dernier Iron Maiden, puisque vous ne pouvez pas y
résister (en plus je le trouve assez réussi cette fois), mais demandez-vous aussi ce
qu’un petit groupe du Nord peut offrir dans ce créneaux-là et vous allez rester sur
le c..
Tracklist de Mystery Of Depths
:
01. Tattoo The Child 02. The Priests Control 03. Until The
End 04. A Path To Arabia 05. In The Steam Of Opium 06. Write
My Name In The Light 07. Revelation Of The Losts 08. Inner
Wounds 09. The Drug I Miss 10. Mystery Of Depths 11.
Pharaoh’S Curse 12. The Sand War (May 1940)