Artiste/Groupe:

The Dillinger Escape Plan

CD:

Dissociation

Date de sortie:

Octobre 2016

Label:

Party Smasher Inc.

Style:

Mathcore

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

18/20

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Le weekend dernier, j’étais en train de déguster un bon jus de houblon au bar à côté de chez moi avec des amis. Nous débriefions l’élection américaine qui n’était pas une tendance en Trump-l’œil et que les prochaines urnes risquaient d’avoir une odeur des éternels relents de nausée tricolore. Quand tout à coup, un homme en pleine folie, passa en courant affublé d'un magnifique mankini vert devant le bar en hurlant : « Au secours, c’est trop chaud, c’est trop bon, mes sens sont en ébullition !!». A ma grande stupeur, il s’agissait de mon cousin Bret’Hell qui, d’habitude, n’est pas du genre à baisser facilement son froc. Il était pratiquement dans un état second après l’écoute de Dissociation, dernier album (au sens littéral du terme) de The Dillinger Escape Plan.

Je dois dire que je comprends totalement mon cousin, et je vais être extrêmement direct : « Arrêtez de suite ce que vous êtes en train de faire et allez acheter cet album, c’est une tuerie !! »  Voilà, merci Jean Mich’, à la semaine prochaine. Ah, Il vous en faut un peu plus ? Ok…


Pour tous ceux qui seraient passés à côté de DEP, déjà c’est bien dommage pour vous, vous avez raté ceux qui, avec Botch, Cave-In et Converge, ont mis un énorme coup de pied dans le ronronnement bien établi des productions hardcore de la fin des années 90. Vingt ans, six albums, trois EP et une bise à Mike Patton plus tard, le groupe devient la référence absolue d’un style qu’ils ont créé : le mathcore. Malheureusement le groupe met fin à sa carrière en cette année 2016, avec un dernier album et une tournée mondiale en guise de chant du cygne.

Mais revenons à l’essentiel : que vaut ce Dissociation ? Et bien honnêtement, je pense que c’est l’album ultime qui offre la conclusion parfaite à une carrière exemplaire. Ni plus, ni moins…

Limerent Death ouvre le bal de la déraison en offrant tout ce que Dillinger a de meilleur. Une première partie de morceau typique avec riffs à deux mille à l’heure, le batteur est en pleine crise d’épilepsie et un chanteur totalement dément. Une déferlante d’énergie mettant "celui qui donne des ailes" au rang d’excitant du pauvre. Puis, changement de décor dans le même morceau, avec l’apport d’un riff lancinant, inquiétant, où Puciato démontre une fois de plus sa palette au chant entre rage et émotion. Il ressasse tel un animal en cage : «I gave you everything you wanted. You were everything to me ». La conclusion de ce titre est A-PO-CA-LY-PTI-QUE, complètement dans l’esprit de ce que ces grands fous sont capables de nous offrir depuis deux décennies.



La seconde piste, Symptom of Terminal Illness prouve que DEP, ce n’est pas qu’une bande de sauvages tordus qui ne souhaite que faire mal à la tête à l’auditeur. Toutefois, la légèreté apparente de ce morceau contraste avec des paroles sombres pour une nouvelle métaphore, expression des peurs profondes de Puciato.

Wanting Not So Much as To est un bijou de créativité et d’imagination à la sauce Weinman. Une introduction d'une rapidité d'exécution hallucinante, suivie de main de maître par le duo basse-batterie de Wilson et Rymer. J'en profite pour souhaiter bon courage à Kevin Antreassian, second guitariste... Ce titre est vraiment significatif du talent exceptionnel de ce guitariste hors-nome, qui en plus se permet des sauts du haut des amplis en live.

Vous l’aurez compris, DEP nous livre ici une sorte de synthèse de sa carrière, on y retrouve tous les éléments qui font d’eux des magiciens de la musique, Apologies Not Included en est un exemple de plus... Seul Fugue, escapade électro, drum and bass, tranche avec le reste de l’album. Ce titre me permettra de dire que cet album n’est pas parfait. Et en guise d’épitaphe, on savourera Nothing To Forget qui est, je cite Weiman : « Notre meilleur chanson de Faith No More » et l’éponyme Dissociation qui sonne comme un adieu avec un Puciato vocalement au sommet de son art.

Je regrette très sincèrement la fin d’un des plus grands groupes de la scène metal et leur manière d’aborder la musique va indéniablement manquer au paysage musical mondial. Mais nous offrir en guise de dernier souffle ce Dissociation peut nous laisser présager que la mort n’a peut-être pas un goût si amer.


Tracklist de Dissociation :

01 Limerent Death
02 Symptom of Terminal Illness
03 Wanting Not So Much as To
04 Fugue
05 Low Feels Blvd
06 Surrogate
07 Honeysuckle
08 Manufacturing Discontent
09 Apologies Not Included
10 Nothing to Forget
11 Dissociation