Il est parfois des disques semblant comme sortis de nulle part venant de formations dont on n’attendait plus rien. Groupe réputé des 80’s avec un Sonic Temple hautement référentiel avec des brûlots fantastiques (Fire Woman, American Horse) . The Cult c’est aussi un binôme : Ian Astbury à la voix si originale, si marquée et Billy Duffy élégant guitariste. Si les deux sont doués, question caractère cela semble plus compliqué. Ian Astbury a en effet un passé / passif assez lourd et semble bigrement torturé. La marque des grands artistes ? Vaste débat, mais on ne peut cacher que les plus marquants ont eu de drôles de parcours, ce qui explique sûrement qu’ils aient quelque chose à « dire » (dans les textes, c’est indéniable).
Star des 80’s donc, The Cult est aussi connu pour avoir été produit par un certain Bob Rock qui, repéré pour la qualité de son job, allait produire l’un des plus grands disques de heavy. Disparaissant progressivement des radars comme pas mal de formations des 80’s, The Cult allait se payer un come-back incroyable avec ce Beyond Good & Evil au titre faisant référence à Nietzsche. Ça part déjà très bien ! Autre très bon point avec de nouveau Bob Rock à la production. Je ne vais pas rappeler les qualités du garçon, elles sont immenses et il est d’ailleurs un peu dommage qu’on le voit moins depuis (il est sous-employé sur les derniers The Offspring). On ne s’étonnera donc pas de l’excellence du son, des guitares notamment, tranchantes, véloces, puissantes. C’est vraiment un son que j’apprécie beaucoup personnellement. Autre retour fracassant, celui de Matt Sorum passé entretemps au sein de la tornade Gunssur les réussis Use Your Illusion puis viré comme les autres par un Axl Rose devenu hors sol. Oui, c’était aussi ça la fin des 90’s. Matt Sorum sera d’ailleurs qualifié de « remplaçant » par un Axl Rose assez peu reconnaissant car le jeu de batterie puissant de Matt Sorum avait sa part dans le succès délirant des Guns. On le reverra par la suite chez Velvet Revolver.
Ce Beyond Good & Evil commence magnifiquement avec un War (The Process) bien enlevé, un The Saint inspiré et ce Rise au riff de guitare que je kiffe pour ma part, épais comme il faut. Il reste une touche 80’s dans la musique du groupe mais bien mis à la page. Le rendu est vraiment sympa. American Gothic se remarque aussi avec là encore un Billy Duffy en forme olympique. The Cult avait déjà montré par le passé un savoir-faire dans les ballades avec Edie (Ciao Baby). Avec Nico, le groupe confirme ses capacités en la matière pour une ballade que certains trouveront convenue mais indéniablement réussie confirmant un disque de haut vol et très réussi.
L’excellente tenue de ce disque, le côté fun associé avait laissé penser à un retour aux affaires de The Cult mais le groupe retombera dans un anonymat relatif, un succès d’estime mais, à ce jour, aucun grand disque (même si le dernier Under The Midnight Sun se tient bien) n’a été proposé par le binôme au caractère parfois compliqué. Une formation étonnante qui au final aura sorti deux immenses coups d’éclat, bien aidé par un producteur de classe mondiale, mais au final un manque de régularité, des prestations live jugées imparfaites et une impression de gâchis au vu du potentiel des deux disques référentiels proposés. En attendant, très grand disque de rock que ce Beyond Good & Evil de deux musiciens surdoués mais compliqués.