Artiste/Groupe:

The Algorithm

CD:

Brute Force

Date de sortie:

Avril 2016

Label:

Fixt

Style:

Electronic Metal

Chroniqueur:

Lurk

Note:

19/20

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Ça fait longtemps que j'ai envie de vous parler de The Algorithm sur Aux Portes Du Metal. C'est en effet mon petit chouchou depuis 2012, après la baffe monumentale que m'avait collé le clip de Trojans, un après-midi d'été. Pour que vous visualisiez le contexte, The Algorithm, c'est le groupe qui m'a ouvert à un tout nouveau champ des possibles de la musique, c'est grâce à lui que j'ai daigné m'intéresser au monde en dehors du metal, et si ce n'est pas le sujet ici, je peux vous assurer qu'il y a de quoi voir.

The Algorithm, c'est principalement le projet de Rémi Gallego, que l'on a pu voir accompagné par Mike Malyan (Ex Monuments) à la batterie, et actuellement par Jean Ferry. C'est aussi principalement un projet électronique, mais influencé majoritairement par les mouvances progressives du metal telles que le djent et le mathcore. Ainsi, riffs syncopés et arpèges numériques se mêlent dans une orgie de basses pour des morceaux aux structures imprévisibles piochant leurs influences dans de nombreux courants. La richesse qui en découle, que ce soit en terme de songwriting ou de sonorités, est immense. L'évolution du projet est aussi très intéressante. Après des premières démos extrêmement expérimentales et extrêmes, Rémi Gallego calme un peu le jeu avec son premier album, Polymorphic Code, qui se pose tout simplement comme un chef-d'œuvre opératique apte à capter l'attention des metalleux tout comme celle des amateurs de musiques électroniques. Octopus4 laisse légèrement de côté le metal pour se concentrer sur l'électro, en conservant un sens de la violence et de la surprise intact. Puis nous en arrivons à l'album qui nous concerne aujourd'hui, à savoir Brute Force, qui infuse plus de metal dans son électro.

Cela commence avec Boot, qui introduit le nouvel auditeur aux sonorités qu'il va encaisser pour les trois quarts d'heure à venir. Déjà, syncopes et synthés entrent en scène, prenant le temps de développer un peu de mélancolie. 

Sans pause, cela s'enchaîne avec Floating Point qui enclenche la machine à pains dans la gueule. Les guitares s'allient aux machines dans une union sonore incomparable. Un solo mélancolique se lance, The Algorithm nous plonge dans son monde, avant de tabasser à nouveau. Et si vous souhaitez connaître le penchant vaporwave de ce morceau, c'est ici que ça se passe

Puis vient Pointers, l'un des points forts de l'album avec son pont trance, sa référence sonore à Metal Gear Solid, et ses déchaînements de violence. 

Brute Force, quant à lui, se démarque par des arpèges de toute beauté, rapides, dont chaque note est appuyée par un kick sec et précis (normal venant d'une machine me direz-vous, mais sachez qu'en live, Jean Ferry s'y colle avec brio). Bien entendu, Rémi est incapable de s'éterniser sur un même motif et laisse libre cours à son imagination, apportant toutes sortes d'ambiances dans la cohérence la plus totale, pour se finir sur un feeling post rock mélancolique. 

Userspace, c'est l'ovni de l'album. Ici, une boucle de basse jouée au synthé sert d'épine dorsale au morceau, qui monte progressivement en puissance dans une atmosphère mêlée de post rock et de synthwave. Et ça fait encore mouche. Et puis le clip est magnifique :

Suite à cela, Shellcode nous propose un nouvel étalage de folie maîtrisée, dont un passage où une orgie de synthés accompagne en toute mélancolie quelques notes éparses au piano. Magnifique, sans parler de la suite, apte à détruire un dancefloor. 

Avec Hex, on ressent une influence à la Carpenter Brut qui est loin d'être dégueulasse, ce morceau est moins foufou que les autres, au profit de l'ambiance qui se développe. Encore une fois magistral.

Puis vient un featuring que nombreux attendaient : The Algorithm et Igorrr. Oh putain ! Et le résultat est un gros djent glitché avec un son plus que monstrueux. Le sound-design est pété.

La fin approche avec Rootkit, la recette est la même que précédemment, difficile de ne pas se répéter ; mais encore une fois c'est un coup de maître, véritable amphétamine sonore allumant des circuits dont j'ignorais l'existence dans mon cerveau. Le plaisir esthétique à son paroxysme.

Puis l'album se finit sur une reprise de Trojans en "hard mode", c'est-à-dire encore plus furieuse, intégrant des éléments trance, trap, des parties d'anciens morceaux et des extraits de vidéos youtube devenues des memes. Tout cela donne un résultat absolument apocalyptique laissant l'auditeur lessivé. 

The Algorithm a encore frappé, et je ne saurais que trop vous conseiller d'y jeter une oreille ou deux, car il s'agit sans aucun doute possible de l'un des groupes le plus originaux de notre époque.

 

Tracklist de Brute Force :

01. Boot
02. Floating Point
03. Pointers
04. Brut Force
05. Userspace
06. Shellcode
07. Hex
08. Deadlock ft. Igorrr
09. Rootkit
10. Trojans (Hard Mode)