The Agonist

Artiste/Groupe

The Agonist

CD

Prisoners

Date de sortie

Juin 2012

Label

Century Media

Style

Death mélodique

Chroniqueur

Scum

Note Scum

17/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Et un retournement de situation complet, un ! Souvenez-vous pour les plus fidèles d'entre vous, The Agonist avait déjà fait une apparition sur "les Portes", avec un album insipide et totalement dispensable alors sorti en pleine période où il était hype de sortir un disque typé metalcore avec bonus féminin. Depuis, le groupe s'était amélioré avec le juste bon Lullabies For A Dormant Mind, paru deux ans plus tard. Et suite logique, nous voici en cette année de fin (supposée-espérée ?) d'un monde avec le troisième album des Québécois, Prisoners, toujours sur le label Century Media. Et la courbe de progression ne connaît pas de baisse de tension, car voici le meilleur album du groupe, ni plus, ni moins... Explication.

Tout commence avec un artwork étrange, comme à l'habitude. La production est signée Tue Madsen, gage de gros son quand on connaît la liste de groupes pour lesquels il a œuvré ces dernières années. On commence par une guitare sèche, bien sympathique et bam ! Explosion de riffs, orage vocal, tonnerre de batterie, c'est parti. Un peu rude il faut avouer. Une petite accélération, la voix death prévaut dans ce début de You're Coming With Me. Musicalement, ça tient carrément debout, et la belle Alissa est très en forme. Et lorsque débarque le refrain, on sait. On sait que derrière cette voix claire et cette lead guitare mélodique, on tient ici du death mélodique pur jus en lieu et place du laid metalcore, et que sans trop s'avancer on peut imaginer le pari gagné si c'est la même sur tout l'album. Le refrain est une tuerie surtout en voix death, et il ne sortira pas de votre tête de sitôt, tandis que le solo de la fin hantera les guitaristes de metalcore. Un vrai bon tube et une excellente mise en bouche. The Escape enchaîne les plans improbables, tel un patchwork d'émotion qui malgré son statut, est d'une cohérence étonnante. Le ton est très sombre et ce titre ne manque pas d'intensité avec à nouveau une prestation vocale de tout premier ordre. Puis The Agonist revêt une efficacité impitoyable avec Predator And Prayer, pourtant introduit par le chant d'enfants avant de virer lourd. Là encore musicalement le death mélodique joué est très riche et sacrément bien construit tandis qu'Alissa oscille entre sorcière possédée et monstre en furie. Le rendu est brutal, et on imagine assez bien le rapprochement entre Pantera et At The Gates. Oui, ça bute.

Anxious Darwinians ralentit le rythme, mais reste très tendu, avec un travail mélodique plus présent pour un rendu donnant dans le dramatique. Panophobia ajoute un petit côté Lamb Of God dans sa musique pour varier encore un peu sa palette de couleurs. Cette fois le chant clair est mis en avant, histoire de profiter un peu du très joli organe de la demoiselle, et il faut constater que bien mieux intégré que par le passé, il passe comme une lettre à la poste tandis que les quelques grognements sont parfaits. Depuis le début, la complexité des structures des compositions ressort assez bien, et le groupe arrive à enchaîner sans temps mort et sans baisse de tension, soulignant le soin apporté à l'ensemble de l’œuvre. Ideomotor est le premier single de Prisoners, étrange choix si on observe ses huit minutes, mais d'une parfaite logique tant son équilibre est parfait entre mélodie et brutalité, rage et émotion. Le refrain est là encore traumatisant pour notre cortex, la cavalcade essouffle. Un mur du son se dissimule dans le titre, pour renforcer encore la puissance du propos, et jusqu’à ce que l'on bascule dans la seconde partie du morceau l'efficacité sera le maître mot. La seconde partie, toute en mélodie et en technicité est la preuve que le groupe a bien mûri, nourrissant son single d'une fin en forme d'apothéose instrumentale qui donnerait là encore le tournis a bien des petits jeunes et donnant l'occasion de souligner la prestation énorme de Danny Marino à la guitare.

Enchaînons si vous le voulez bien avec Lonely Solipist qui met en avant un refrain là encore monstrueux et une petite partie totalement apocalyptique aux alentours des deux minutes trente pour lesquelles vous en aurez pour votre argent. Dead Ocean est un bijou d’orfèvrerie, guitares sèches superposées aux guitares électriques, chant pur de la décidément géniale Alissa, des mélodies que ne renierait pas Opeth vers la fin, encore un très très bon moment que nous font passer les Canadiens. The Mass Of The Earth est un poil plus convenu, se démarquant par sa fin fournie en émotions fortes et en revirements de situations mélodiques. Everybody Wants You "Dead" se pare de faux airs de bide avant un break qui étonnerait plus d'un fan d'Iron Maiden et Slayer de par sa créativité débordante qui le transcende en incontournable en quelques secondes et quelques cris inhumains. Quelques mots en français entament la conclusion Revenge Of The Dadaists, qui se laissera couler jusqu’à la quatrième minute et la réapparition du fantôme d'Opeth jusqu’à une fin totalement parfaite. Rideau.

Alors que peu de gens plaçaient encore de l'espoir en The Agonist, le groupe prouve avec Prisoners qu'il est loin d'avoir fait le tour de son propos et propose un album que l'on pourra aisément qualifier d'excellente surprise parmi les plus marquantes de l'année sans le moindre doute. Parfait mix de brutalité et de douceur, il met en avant les immenses qualités vocales de la remarquable Alissa White-Gluz qui en plus d'être l'une des plus belles chanteuses du genre metallique s'impose dans le peloton de tête des meilleurs frontwomen. Après la superbe prestation de Candice (Eths) il y a quelques mois, c'est une certaine Angela qui a du souci a se faire. Pas de souci en revanche pour The Agonist à qui on dit merci et pour les aider, on va même aller de ce pas (n'est-ce pas chers lecteurs ?) commander l'album pour lui permettre de tourner en Europe et de venir nous dire bonjour dans notre si beau pays. Ils le méritent.

 

Tracklist de Prisoners :

01. You're Coming With Me
02. The Escape
03. Predator And Prayer
04. Anxious Darwinians
05. Panophobia
06. Ideomotor
07. Lonely Solipist
08. Dead Ocean
09. The Mass Of The Earth
10. Everybody Wants You 'Dead'
11. Revenge Of The Dadaists

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !