Artiste/Groupe:

Ted Nugent

CD:

Double Live - Gonzo

Date de sortie:

1978

Label:

EPIC

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

botem

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En cette deuxième moitié des années 70, la scène dite "hard rock" de l’époque (les catégories étaient bien moins fournies qu’aujourd’hui et en pleine effervescence, ainsi que mutation.

Pour faire simple, il y avait les incontournables et dinosaures, tel que Led Zeppelin, et Deep Purple…le premier annonçait alors déjà les prémices d’une fin qui se dessinait inexorablement, précipité par l’événement qu’il est inutile de rappeler.
Quant au second, bien que n’existant plus, sa fin récente, là aussi dans des circonstances tragiques, avait tellement marqué les esprits et surtout les bases du hard-rock, qu’il était toujours bien présent, ajouter à cela, l’arc-en-ciel de l’homme en noir, qu’il venait de mettre en orbite, vivait sa période la plus emblématique et lumineuse. Et puis, ceux que l’on désignait de seconds couteaux, Black Sabbath (bien que l’on puisse considérer ces derniers de premier plan) Kiss, Queen et j’en passe. On pourrait même ajouter une troisième catégorie, qui contient des groupes à en devenir, tel qu’AC/DC qui à cette époque écume les planches lors de premières parties de Queen par exemple, ou du tout nouveau Whitesnake, emmenait par le beau David, embarquant avec lui un tiers du défunt pourpre profond, avec le destin que l’on connaît de nos jours.

Époque bénie, pour ceux qui l’on vécut, car quelle richesse, et découverte, qui apportait régulièrement son lot de nouveautés, qui plus est le plus souvent de qualité, avec une réelle innovation et talent.

1958, le jeune Ted n’a que dix ans, quand il joue dans un groupe dénommé The Royal High Boys, puis plus tard, fondera Amboy Dukes, celui-ci officiera entre 1965 et 1974, évoluant dans un style qui se cherche, entre rocks psychédéliques, acid rock…brefs, rien de vraiment percutant et de marquant.
Dans ce groupe, Ted évolue à la guitare bien sûr, et assure les chœurs.

Nous voilà en 1975, Amboy Duke n’est plus, et Ted sort son premier album éponyme.
Libre de toute contrainte, et contrôlant désormais seul sa musique, celle-ci se révélant bien plus carrée et travaillée qu’auparavant, et là on sent bien que le bougre n’était pas à son aise avec son groupe précèdent. Ici on a droit à un titre en ouverture de plus de huit minutes, qui navigue entre rock et prog rock, tout le reste laisse présager de belles choses. Ce premier essai rencontre un beau succès, sans toutefois casser la baraque comme il le souhaite. Il enchaîne l’année suivante son second album (Free-for-All), mais déjà des querelles existent entre lui et ses musiciens, nous verrons plus tard que c’est une récurrence chez le monsieur. Du coup, l’album manque de cohérence, alignant pas moins de trois chanteurs, dont le mythique Meat Loaf, Ted ne tenant pas encore le rôle de chanteur attitré. Malgré tout, l’album trouve son public. Arrive le troisième l’année suivante (Cat Scratch Fever), où il assure seul le chant, celui qui permit enfin à l’homme de rencontrer le succès qu’il attendait tant. En effet, cet album a, ce que les deux précédents ne possédaient pas, à savoir un hit, en l’occurrence celui qui donne le titre à l’album Cat Scratch Fever titre au riff mémorisable, et qui lui permit enfin d’étendre à de plus larges horizons sa notoriété, qui peinait à démarrer jusque-là.
Très bon disque, pourtant bien inférieur au premier de mon point de vue, qui reste un bijou.

Ce long préambule me paraissait nécessaire, avant de parler de l’album qui nous intéresse ici, afin de mieux cerner l’état d’esprit du bonhomme à ce moment-là.

Ce live, donc, est en fait un condensé de deux tournées effectuées en 1976 et 1977, ce qui explique que peu de titres du troisième album y figurent.
Ces deux tournées, Ted les a organisées à l’économie, n’ayant pas comme évoqué plus haut, le statut pour voir grand. Qu’à cela ne tienne, il choisit d’une part de tourner à cent à l’heure, et d’autre part, de choisir des villes pas trop importantes et gourmandes en matière de tarifs.

Dans la set-lit, on trouve trois morceaux de l’ancien groupe Amboy Dukes et deux titres Gonzo ainsi que Yank Me, Crank Me pour lesquelles aucune version studio n’existe. De plus, Ted prend bien soin de ne pas graver dans la cire, les titres chantés par le second guitariste Derek St Holmes, lors de la tournée marathon. Ajoutons à cette délicieuse délicatesse, que sur la pochette aux innombrables photos, pas une seule n’est dédiée à ses acolytes… Ted veut être le maître absolu, et ne lésine pas sur les moyens. Ses compagnons de route claqueront la porte avec perte et fracas suite à ce manque de reconnaissance. Ce sera du reste, le dernier témoignage en quartet.

Et la musique dans tout ça me direz-vous…comment dire ? Dantesques, jouissifs, atomiques sont les adjectifs qui me viennent à l’esprit.
La quintessence du rock à l’état brut, à l’écoute on se demande comment ce gars a pu ronger son frein durant toutes les années précédentes.
Un déluge de feu incandescent, de plus la guitare qu’utilise notre ami, une Gibson Byrdland participe beaucoup au style et son de Ted, guitare conçue pour jouer du jazz, mais le bonhomme l’a choisi, pour les effets qu’il peut avoir avec. Il ne lâchera cette dernière, qu’à la fin des années 2000. Clairement pas de virtuosité ou inspiration à la Blackmore Page, non ici il est question de furie à l’état pur, il n’y a qu’à voir la pochette, un sauvage qui s’arrache les oreilles, pour deviner le contenu.

Et n’en doutez pas, il est bien à l’image de la photo. À ce sujet, le guitariste chanteur est sourd de l’oreille gauche depuis 1965, et depuis, joue avec une protection sur celle de droite…sage précaution. Sa citation fétiche ‘’si c’est trop fort c’est que vous êtes trop vieux " prend ici tout son sens. À ce propos, la tournée fut émaillée de plainte des habitants environnants pour le bruit.

Ses acolytes ne sont pas en reste, et assurent sévères, permettant ainsi à leur patron de s’exprimer en toute liberté. Malgré les doutes sur les capacités du batteur (Cliff Davies) à assurer la tournée, ce dernier étant à l’origine un batteur de jazz, et un peu à la peine en studio…durant la tournée il s’équipa de baguettes plus longues pour appuyer sa frappe, à la manière de John Bonham, la métamorphose est plus que convaincante.

Je ne vous ferais pas un titre par titre, suis par fan de l’exercice, simplement sachez que Ted regrette la version Strangehold qu’il trouve trop lente. Pour conclure, si vous voulez du feeling, de la puissance, de la furie, foncez tête baissée…aucun risque de rester sur sa faim. Plus de quarante ans après, cet enregistrement, n’a pas pris une seule ride.

Longtemps le gars a déclaré avec force, qu’il était le meilleur guitariste au monde, bien que beaucoup aient pris sa déclaration au sérieux, alors qu’en réalité il n’en pensait pas un mot. Mais il est vrai que pour arriver à ce niveau, il s’est sacrément arraché les tripes en se payant durant de longues années les services d’un professeur de guitare (Joe Podorsek). À l’écoute de ce brûlot…on se demande si finalement, ce n’est pas lui le meilleur.

Ted Nugent : Guitars - Vocals
Derek St. Holmes : Guitars - Vocals
Rob Grange : Bass
Cliff Davies : Drums - Vocals

 

Tracklist de Double Live - Gonzo :

01. Just What The Doctor Ordered
02. Yank Me, Crank Me
03. Gonzo
04. Baby, Please Don’t Go
05. Great White Buffalo
06. Hibernation
07. Stormtroopin’
08. Stranglehold
09. Wang Dang Sweet Poontang
10. Cat Scratch Fever
11. Motor City Madhouse

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