Ça y est, l’année est terminée, fin des sorties, on peut souffler. Après avoir profité des fêtes, on a largement le temps de digérer -aussi bien les sorties de l’an passé que les réveillons- en attendant les disques de 2023. Le mois de janvier met toujours un peu de temps à se mettre en route, pas grand-chose à se mettre sous la dent au départ. Trois solutions s’offrent à nous, alors : réécouter les albums de feu 2022, se remettre les sempiternelles vieilleries qu’on aime tant ou -et c’est ce que j’ai fait- faire nos rattrapages. Parce que vu le nombre de sorties par an, on passe forcément à côté d’une foultitude de super disques, autant profiter du petit vide de début janvier pour les trouver. Alors hop hop hop, on grimpe dans notre DeLorean et on retourne dans le passé, pas si lointain, oui, je sais.

Oh punaise, quelle transition de fou ! Parce que retour dans le passé, machine à voyager dans le temps, Retour Vers le Futur, DeLorean, PAF : la pochette du nouvel album de Talas, sans aucun doute la pochette de l’année. Idée vraiment cool, superbe traitement, c’est original et ça fait parfaitement référence au titre de l’album et à son concept. Quel concept, me demanderez-vous ? Talas est un tout petit groupe américain, qui a officié dans les années 80, sortant deux albums, dont quasiment personne n’a entendu parler. Pourtant, c’est le premier groupe de sieur Billy Sheehan, qui jouera ensuite avec David Lee Roth, Mr Big et des tas d’autres groupes !

Mais revenons en 1985. Talas avait commencé à préparer un nouvel album. Plus que commencé, même, une petite dizaine de compos étaient déjà prêtes. Mais le groupe a splitté, chacun a fait autre chose et toutes ces chansons ont fini sur une étagère poussiéreuse -ou au fond de la boîte à gants d’une DeLorean, allez savoir, condamnées à disparaître dans l’oubli... Et puis, le temps a passé...

Manifestement, et j’ai du mal à croire que j’écris cette phrase, la pandémie a eu du bon. Parce que c’est pendant le confinement que les petits gars de Talas ont décidé d’enfin finir cet album en l’enregistrant, avec un nouveau guitariste. Donc ouais, on a un album qui date théoriquement de 1985, mais enregistré en 2020, avec les moyens techniques de 2020. Vous la comprenez, la pochette ? À noter que, même si le retour du groupe est réussi, ce sera probablement leur dernier album, puisque le chanteur, Phil Naro, nous a quitté en 2021, des suites d’un cancer. 1985 lui est dédié, forcément.

Tiens, puisqu’on parle de lui : Naro est un excellent chanteur, parfaitement à sa place dans ce hard rock old-school joué par le groupe. Il y a quelque chose de Graham Bonnett dans sa voix, ce qui n’est clairement pas pour me déplaire. Un peu moins éraillé, peut-être. Un croisement entre Bonnett et le Brian Johnson de ces dernières années. Autant dire pile poil ce dont on a besoin pour ce genre de compos. Quel genre, me demanderez-vous ? Du hard rock, donc, très typé 80’s. Si vous voulez du gros metal ou un truc plus moderne, vous ne trouverez pas votre bonheur ici. Si vous êtes comme moi, par contre, nul doute que vous allez vous régaler.

Alors bien sûr, on n’aura rien de bien original ici, le groupe ayant eu la bonne idée (oui) de ne pas toucher aux compos. 1985, l’album, c’est du pur nectar de 1985, l’année. Sauf sur le titre Black & Blue, qu’ils ont composé en enregistrant ce "nouvel" album. Et, bien entendu, les références et influences de Talas s’entendent, elles sont mêmes flagrantes : on pense pas mal à Deep Purple, beaucoup à Scorpions... Pas ce qu’on a vu de pire, dans le genre, faut le dire. Je me demande même si les couplets un peu reggae de Crystal Clear ne viennent pas de The Police. Mais est-ce bien gênant ?

En ce qui me concerne, vous avez vu la note, pas du tout. Quitte à écouter un produit ultra référencé 80’s, je préfère encore écouter un pur jus avec pulpe de l’époque, composé à l’époque qu’un énième groupe de revival (contre lequel je n’ai rien en soi, tant que les compos sont bonnes). Ça chante très bien, ça joue très bien, ça gratouille très bien, y’a de l’énergie, y’a de la joie, y’a du bonheur, sans tomber dans une pathétique nostalgie. Nan, vraiment, Talas a presque tout bon !

Évidemment, l’on pourra toujours trouver des défauts et pinailler. Tiens, par exemple, je n’aime pas trop le son de cet album, trop propret. Le pire, c’est la voix de Naro, malheureusement un peu trop recouverte de polissages en tous genres, alors qu’il n’en a vraiment pas besoin. Mais je chipote. 1985 est un super petit disque de hard rock à l’ancienne franchement enthousiasmant, très agréable, l’idéal en bagnole ou pour vous filer la banane en toutes circonstances. Pas l’album de l’année, mais ce serait dommage de passer à côté !

Tracklist de 1985 :