Grande année 2005 pour System Of A Down avec les sorties à six mois d’intervalle de Mesmerize puis Hypnotize. Hallucinant de se dire qu’il s’agit là des derniers albums studio du groupe plus de quinze après, tant à l’époque on se disait que SOAD avait tout pour devenir un GÉANT de la scène Metal, voire rock tout court en fait. Rarement un double-album (appelons-les ainsi même si c’est imprécis, ils sont issus des mêmes sessions) a atteint un tel niveau de qualité. Des joyaux en tout genre, des registres variés abordés du reggae au disco, des ballades haut de gamme, SOAD a tapé très très fort à cette occasion. 

Pour autant, les problèmes étaient déjà là. Daron Malakian prenait le contrôle quasi exclusif du groupe reléguant presque Serj Tankian au rang de second chanteur du groupe. Le pire sera pour Shavo Odadjian qui apprendra en promotion du premier Mesmerize que les parties de basse sur les albums étaient l’œuvre de Daron Malakian et non la sienne. Il y a de quoi être vexé, admettez. Pour en revenir au chant, si l’alternance de chant entre Daron et Serj permet quelques beaux effets, il reste que la voix de Serj est infiniment plus identifiable que celle de Daron et la propension de ce dernier à prendre le lead sur ce plan est assez pénible. Et hautement irrespectueuse envers l’immense Serj Tankian qui s’en ira d’ailleurs se consoler en solo. La ballade Lonely Day, purement chantée par Daron, m’est d’ailleurs pénible à l’écoute et ce sera mon seul grief contre ce disque.

Pour le reste, un festival. Entre les agressives et percutantes Attack, Dreaming et Kill Rock N’ Roll, le démarrage est juste splendide. Du SOAD comme on l’aime, des riffs de guitare mémorisables, estampillés pur SOAD et cette voix absolument géniale et reconnaissable entre mille. Du tubes à gogo, et ce n’est pas fini. Holy Mountains renvoie à l’exceptionnelle Aerials et plus globalement, SOAD brasse ici tout son spectre avec un talent maximal. Aussi critiquable soit-il de par son côté despotique, le Daron Malakian est ici à son zénith de créativité le tout au service d’une ébouriffante efficacité. Le Soldier Side final qui reprend le thème déjà esquissé en ouverture de Mesmerize, un chef-d’œuvre de ballade. Bien dans son époque, ce disque aux thématiques anti-guerre (B.Y.O.B. / Soldier Side) s’inscrit dans un moment où l’Amérique envoyait ses jeunes en Afghanistan et Irak dans un contexte contestataire mais nous ne sommes pas là pour aborder ces thématiques. Reste que ce contexte est important à rappeler et que ces deux disques - indissociables - sont aussi ceux d’une époque. 

Incroyable doublette que ces Mesmerize – Hypnotize connectés jusque dans l’artwork (œuvre de Shavo, il fallait bien qu’il participe un minimum tout de même). Le groupe rencontrera un immense succès populaire avec entre autres un événementiel concert à Bercy. La qualité live ne sera pas trop au rendez-vous selon moi et le groupe s’auto-détruira dans un anonymat certain (comprendre sans clash ultra « médiatisé » type Sepultura !). On reverra le groupe en live événementiel dans le cadre de festivals mais au vu des inexistantes interactions scéniques, on devine que l’ambiance n’est pas au beau fixe. Serj Tankian continue de traîner la patte pour un retour studio et ce malgré d’immenses attentes (et à mon avis propositions financières conséquentes à l’appui). Ces deux disques restent deux joyaux de néo-metal / rock / heavy, classez-les où vous voulez. Deux classiques pour un SOAD à son top. Dommage que le groupe ait ensuite périclité tant le talent ici à l’œuvre est insolent. Bien regrettable mais on a là largement de quoi se sustenter tant les pépites abondent, le tout avec un son remarquable. Sacré groupe. 

Tracklist de Hypnotize :

01. Attack
02. Dreaming
03. Kill Rock N’ roll
04. Hypnotize
05. Stealing Society
06. Tentative
07. U-Fig
08. Holy Mountains
09. Vicinity Of Obscenity
10. She’s Like Heroin
11. Lonely Day
12. Soldier Side