1999, neuf types masqués déversent un néo-metal extrême et, en dépit de quelques réserves d’une presse spécialisée un peu sceptique devant le foutoir scénique proposé, se paie un immense succès populaire. Archétype du groupe venu de nulle part (DesMoines dans l’Iowa dont les membres ne disent pas le plus grand bien !), s’imposant par d’incessantes tournées, une volonté farouche, un concept loin d’être novateur (Kiss l’avait déjà fait !!) mais hyper efficace et surtout bien adapté à une époque plus sombre. Il serait malhonnête de ne pas mentionner les quelques très bons titres proposés sur leur premier (vrai) disque à neuf. Le concept des masques, encore contrôlable Internet se développant tout juste, offrit un bon jeu de pistes aux suiveurs / fans. L’enchaînement avec Iowa mit Slipknot toujours plus dans l’œil du cyclone, les ventes augmentaient, les salles prenaient de l’ampleur, Slipknot devenait un grand de la scène. Ça continuait de spéculer sur l’identité des membres. Il faut cependant croire que les neuf étaient éreintés avec ce succès colossal aussi délirant qu’inattendu mais aussi des tournées épuisantes. Les gars n’avaient pas ménagé leur peine. Une pause fut donc décrétée et chaque membre allait vaquer à ses occupations. Ce fut donc l’occasion pour certains de réactiver des groupes antérieurs et on eut de belles surprises. Stone Sour en fut une. Inattendu, ce premier disque enchaînait à merveille sur le succès de Slipknot tout en  proposant une version musicale plus accessible de la bête. On trouvait Corey Taylor et Jim Root au sein de Stone Sour et quelle ne fut pas la surprise de découvrir que cette formation existait antérieurement à Slipknot. Il se passait quelque chose à DesMoines dans les années 90 ! 

Bonne surprise donc que Stone Sour, tout en assumant une certaine continuité avec le monstre Slipknot (les vocaux de Corey Taylor, certains riffs de guitares de Jim Root), a vraiment un truc à part qui fait que ce side-project n’en est pas vraiment un. Nous avions ici une autre formation avec un registre bien plus radio US - compatible et une dimension post-grunge / metal alternatif hyper agréable. Stone Sour c’est aussi l’écrin qui mit en valeur l’incroyable voix de Corey Taylor. On le sait, ce type est un phénomène mais il convient de ne pas négliger l’aspect découverte du garçon. Hyper à l’aise tant dans les hurlements que dans des refrains plus catchy, Corey Taylor régale, impressionne. Stone Sour va même franchir le cap en claquant LA ballade (alors encore inenvisageable chez Slipknot) avec ce Bother qui réalisa un joli carton, sans doute accentué par sa présence dans la BO du premier Spiderman, autre belle surprise de l’époque. Ce titre ne doit pas masquer les très bons missiles que sont des Get Inside, Orchids, Inhale.

Autre aspect qui fit sensation, Corey Taylor et Jim Root ne reprenaient pas le concept des masques et on découvrit enfin le faciès de nos deux amis. Evidemment, cela créa un peu l’événement comme pour le regretté Joey Jordison avec Murderdolls. Au-delà de ces considérations « médiatiques », Stone Sour tapait fort avec un premier disque réussi, frais, très complémentaire de ce que proposait alors Slipknot. Par la suite, certains diront que le Slipknot version années 2000 se rapprochait trop de Stone Sour et il y a du vrai dans cette remarque selon moi. On eut même la sensation que Stone Sour pouvait prendre l’ascendant sur l’autre groupe et m’avait semblé plus créatif et inspiré qu’un Slipknot alors épuisé. La dynamique des deux groupes s’est selon moi totalement renversée depuis. Stone Sour, malgré des vrais bons disques, a un peu stagné quand Slipknot est redevenu après la tragique perte de ses excellents bassiste et batteur un monstre avec un We Are Not Your Kind (2019) de très haut vol. Etonnamment, Jim Root a depuis été licencié de Stone Sour et semble aujourd’hui faire plus que jamais les beaux jours de Slipknot. Etrange business parfois ! Tourbillon incroyable pour Slipknot et ses membres en ce début de XXIème siècle aussi surprenant que démesuré. Et superbe disque dégageant un feeling 90’s post-grunge très plaisant. 

Tracklist de Stone Sour :

01. Get Inside
02. Orchids
03. Cold Reader
04. Blotter
05. Choose
06. Monolith
07. Inhale
08. Bother
09. Blue Study
10. Take A Number
11. Idle Hands
12. Tumult
13. Omega