J’ai découvert Stone From The Sky ou SFTS pour les initiés, en 2015 avec leur premier EP, au mystérieux nom de NGC 1976. J’avais pu interviewer dans la foulée le groupe Mansois mais je n’avais pas suivi ensuite puisque j’ai zappé Fuck The Sun sorti en 2017 et pire encore, je me suis fait griller la priorité sur le suivant Break A Leg (2019), par mon chroniqueur et ami, Dominique. Le chien galeux ! Pour être complet sur la discographie du groupe, ajoutons qu’ils ont aussi sorti deux albums live: Live In La Grange (2020) et Live in Agger (2017), Pour ce Songs From The Deepwater, c’est moi qui m’y colle pour une dernière chronique de l’année (de merde) 2021. Dernière certes, mais pas des moindres, puisque ce troisième album de SFTS est une véritable réussite. Dans ce style instrumental, les compositions se doivent d’être originales, éviter les répétitions de plans, captiver l’auditeur, au point qu’il ne réalise pas l’absence de chant. Elles doivent aussi être interprétées avec précision et brio. C’est exactement le cas de ces sept morceaux. Le trio maîtrise totalement le sujet. La basse (5 cordes) de Dimitri claque et avec son acolyte Simon (qui remplace Dylan) à la batterie, ils assurent l’ossature des morceaux. Florent, à la 6 cordes vient ensuite poser des arpèges subtils ou des riffs hargneux. Le fuzz sur la basse donne une super couleur aux lignes de basse, c’est particulièrement le cas sur le premier morceau, Godspeed, au gimmick totalement addictif, c’est aussi le cas sur l’intro de Le Squinfus et tout au long de Karoshi. C’est clairement une des signatures du groupe ce fuzz dans les basses.

Autre exemple frappant, l’excellent Karoshi, où la guitare de Florent tantôt aérienne, tantôt énervée nous saute à la gorge et nous secoue, comme pour nous montrer une certaine urgence face à  _____________  (choisir le truc qui vous fait le plus flipper, c’est facile on a pas mal de choix en ce moment). Florent illumine le son de SFTS avec ses envolées, ses riffs, ses arpèges, il bénéficie d’une section rythmique atomique, c’est presque trop facile pour lui de briller. En fait, dans tous les morceaux c’est presque lui qui chante avec sa guitare. C’est dingue comme les trois musiciens sont parfaitement complémentaires, le fait qu’il n’y ait pas de chant, fait que l’alchimie entre eux vous explose aux oreilles. Dans l’intro de The Annapurna Healer, en fermant les yeux on croirait entendre la tempête himalayenne gronder puis frapper de plein fouet le camp de base. Superbe voyage de six minutes (sans produit illicite). Le fuzz fait partie du son du groupe mais pas toujours, car sur City | Angst, par exemple, la ligne de basse est bien ronde, sublime, on pense à Klone.

Même si le groupe semble particulièrement remonté contre pas mal de choses qui merdent dans ce bas monde, il ne manque pas non plus d’humour ; il le démontre avec le titre 49.3 Nuances De Fuzz, le plus long morceau de l’album. Le duo Dimitri/Simon y fait une belle démonstration de ce que devrait toujours être une section rythmique et la synchronisation que devrait toujours avoir le couple bassiste et batteur. Et, surprise, sur le dernier morceau, Talweg, quelqu’un vient poser quelques lignes de chant. Tiens, c’est rigolo, j’ai vu la même idée sur Gods le dernier album de SaaR.

Dans cette chronique, je vous ai vanté les compositions de grande classe, les musiciens talentueux mais à tout ça, il faut encore ajouter que la production est excellente, le tout ayant été enregistré et mixé par Jordan Jupin au studio LaGrange. Tout au long de cet album fort en émotion, on se retrouve bousculé, chamboulé même. On voyage aussi ! C’est beau, c’est fort et ça vous remue profondément. Voilà tout simplement un coup de maître pour Stone From The Sky et un dernier coup de cœur pour moi en 2021. Fuzzez-moi plaisir, écoutez-le !


Tracklist de Songs From The Deepwater :

01. Godspeed
02. Le Squinfus
03. Karoshi
04. The Annapurna Healer
05. City | Angst
06. 49.3 Nuances De Fuzz
07. Talweg