Artiste/Groupe:

Steve Vai

CD:

Vai/Gash

Date de sortie:

Janvier 2023

Label:

Favored Nations

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Bane

Note:

18/20

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Haut les cœurs, amis lecteurs : vous allez découvrir aujourd’hui un album qui n’aurait pas dû sortir. Enfin si, mais enfin non. Vous n’y comprenez rien ? J’explique, j’explique.

Nous sommes à la fin des années 80 et l’ami Steve Vai est au top de sa carrière. Pensez donc, le bonhomme a joué avec Frank Zappa, avec Alcatrazz, avec David Lee Roth, avec Whitesnake et il lance tranquillement sa carrière solo, qui lui permettra notamment de révéler l’immense Devin Townsend au monde entier. Pas dégueu, comme situation, faut le dire. D’autant que Vai révolutionne gentiment le monde de la guitare dans son coin, prenant la suite d’Eddie Van Halen et s’imposant comme LE Guitar Hero du moment, se permettant même de créer sa propre gratte. Fiou, monstrueux, le type.

En parallèle de tout ça, vu qu’il a un peu de temps le dimanche, Steve se prend de passion pour la moto et commence à traîner avec des motards. Un détail pour vous, mais pour cette chronique, ça veut dire beaucoup. Parce que c’est lors de ces sorties à bécane que notre gus fait la connaissance d’un autre gus, Johnny Sombretto, qu’on surnomme Gash, oui, celui qui donne son titre à l’album, vous allez voir, y’a un lien, mais laissez-moi finir, zut ! En plus d’être un type, apparemment adorable, Gash s’avère amateur de rock et un super chanteur. Ça tombe bien, Vai a pour projet d’enregistrer un bon gros disque de hard rock et il cherche la bonne personne pour chanter dessus. Et je peux vous dire que quand on vient de bosser avec des mecs comme Graham Bonnet, David Lee Roth ou David Coverdale, ça doit pas être de la tarte de trouver un type au niveau...

Sauf que Gash l’est, étant à l’aise dans tous les registres, donc les deux bougres enregistrent un album. Cet album, du coup. Mais ils ne le sortent pas, Vai étant déjà très occupé avec son Sex & Religion et tout ce qui s’en suit. Les titres enregistrés avec Gash restent donc sur l’étagère, attendant qu’on daigne s’occuper d’eux. Ce qui n’arrivera pas parce qu’en 1998, Steve apprend la mort prématurée de son pote Johnny, dans un accident. Dévasté, et on le comprend, il ne touchera pas aux bandes avant un paquet d’années... ce qui nous amène à maintenant, à la sortie de ce machin que, je pense, personne n’attendait puisque personne ne savait trop que ça existait. Mais, dieu merci, c’est sorti.

Vous avez vu la note, amis lecteurs, donc vous avez bien compris : cet album est tout simplement fabuleux, du genre 24 carats serti de tous les diamants possible. Huit titres, huit tubes, une petite demi-heure de hard rock absolument impeccable, imparable. Le seul petit défaut que je trouve à l’ensemble n’en est même pas vraiment un : c’est trop court ! On en aurait tellement repris un peu plus, un ou deux titres, mince ! À part ça, difficile de ronchonner, impossible de râler. Certains pesteront à la rigueur contre le fait que c’est très classique, que ça n’invente rien et qu’on a finalement "juste" un album de hard rock qui évoque Kiss, Van Halen (les deux périodes) et compagnie. Mais grogner pour ça me paraît un peu malvenu, puisque c’est exactement ce que Vai voulait faire. Vous râlez parce que votre mousse au chocolat a goût de chocolat et que, quand même, c’est pas hyper original, vous ?

Et puis, franchement, n’est-ce pas un peu ironique de reprocher à Steve Vai de faire un truc classique ? S’il y a bien un type à qui on ne peut pas reprocher son manque d’innovation, c’est bien lui. Vous l’avez vue, sa nouvelle guitare à trois têtes qui lui suffit pour créer un morceau complet ? Parlons-en, tiens, de son boulot sur l’album. En gros, il a presque tout fait : écriture, composition (sauf sur New Generation, coécrite avec Nikki Sixx), guitares, basse, clavier, backing vocals. Il a juste laissé la batterie et le chant. Et ce qu’il fait est absolument irréprochable : les compos sont parfaites, ultra efficaces, ça riff et ça solotte. Vous me direz : "encore heureux, vu le bonhomme". C’est pas faux. Mais il a en plus l’intelligence de ne pas trop en faire, de ne pas être trop extravagant : il se fait plaisir, ça se sent, mais n’empiète pas sur la chanson. Pourtant, dieu sait qu’il pourrait se permettre d’en foutre partout et de noyer les compos dans des parties de gratte dont il a le secret. Mais non. La chanson d’abord. Attention, hein, ça ne veut pas dire qu’il assure le service minimum, il tricote. Mais il dose.

Et il peut se permettre de doser, vu la qualité des chansons ! Tiens, prenez She Saved My Life Tonight, par exemple, que j’ai stratégiquement placée juste au-dessus de ce paragraphe, pour vous obliger à l’écouter. Ce riff, il est trop bon ! Et ces lignes de chant ! Et, surtout, ce refrain !!! Avant même la fin de la première écoute, je me surprenais à le fredonner. Si ça, c’est pas un signe... Et toutes les chansons sortent du même tonneau. Pas un seul morceau de "passable", que du très très bon. Même le joli slow qui conclue l’album est une petite merveille, émouvante et bien foutue. Chacun aura son titre préféré : le très 70’s In The Wind, le Van Halen-ien Busted, le Gun’s-ien Danger Zone... Personnellement, sans surprise, c’est She Saved que je préfère. On retiendra super vite les huit chansons, le faible nombre aidant, forcément mais, même après moult écoutes, je ne m’en lasse pas une seconde. Bon signe, donc. Et puis, courte durée oblige, une fois l’écoute finie, on n’a qu’une envie : relancer le disque et reprendre une demi-heure de bonheur pur.

Tout ça, c’est bien beau, mais Gash, alors, ça vaut quoi ? Quoi, vous voulez un énième paragraphe de dithyrambe ? Bon, d’accord. Johnny Gash est un chanteur merveilleux, à l’aise dans tous les registres. Une voix chaude, éraillée, pile comme j’aime. Un genre de mix entre Graham Bonnet et Sammy Hagar, deux de mes chanteurs préférés du genre. Une très grande voix, capable de passer du pur rock aux refrains les plus efficaces -qui a dit pop ?- en passant par des ambiances plus bluesy et les belles balades. Puissant, émouvant, impeccable. On peut toujours s’amuser à réécrire l’histoire, donc je me demande si, s’il n’était pas mort et si cet album était sorti à l’époque, Gash serait devenu un grand du genre... En ce qui me concerne, il a largement le potentiel et le talent de nos héros. P*tain de faucheuse...

Que dire de plus, finalement ? Foncez écouter ce truc, rendez-vous service. C’est imparable, un genre d’album de rock parfait, qui ne réinvente rien mais qui réussit tout. L’année ne pouvait pas mieux commencer. Merci.

Tracklist de Vai/Gash :

01. In The Wind
02. Busted
03. Let’s Jam
04. Woman Fever
05. She Saved My Life Tonight
06. Danger Zone
07. New Generation
08. Flowers Of Fire

 

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