Bon comment résumer la situation qui va suivre…Oui voilà ! Me lancer dans cette missive de Silos de Starset pourrait se résumer à gravir le Mont Blanc en claquettes. Non pas que cet album soit au-dessus de mes capacités, mais il va falloir se plonger dans toute cette nouvelle mouvance de metal alternatif qui nous arrive des Etats-Unis avec des mélanges de metalcore, de pop, et d’electro. Certains tirent leur épingle du jeu, d’autres suivent la mouvance, mais vu le nombre de groupes émergent, sans compter ceux déjà bien en place, il va falloir s’y pencher très sérieusement, et pour ce faire, se configurer les esgourdes bien comme il faut, et comprendre le concept de ces groupes biberonnés aux réseaux sociaux et au numérique. Alors quand, comme votre humble serviteur, on ne voit que par le son chaud du vinyl, vous comprendrez aisément mon histoire de montagne et de claquettes. Mais bon certains me disent (les plus jeunes surtout) qu’il faut vivre avec son temps, donc allons y ! Et pourquoi je m’épanche là-dessus ? Tout simplement parce que Starset est considéré comme un groupe à grand succès pour avoir développé ses idées sur Youtube et autres réseaux sociaux, ce qui leur a valu plus de 300 millions de vue et presque autant d’argent. Cela a eu pour conséquence de propulser le groupe tout en haut des charts US, et là moi je suis paumé, je n’y comprends plus rien, cette génération me paume moi et mes concepts plus terre à terre.

Si on se recentre un peu, Sarset nous vient de Columbus dans l’Ohio, fondé par Dustin Bates qui s’occupe des parties chant, mais aussi de la programmation et claviers, de Brock Richards aux guitares, de Ron DeChant à la basse et claviers, Adam Guilbert à la batterie, mais aussi, et c’est plus surprenant qu’il faut le souligner, Siobhan Richards au violon et Zuzana Engererova au violoncelle. Gageons que ces deux derniers membres vont donner une touche toute particulière à l’ensemble de l’œuvre de Starset.

Ce cinquième album du combo, Silos fut précédé de huit singles, tous présents sur cet opus. C’est Brave New World qui a lancé les hostilités avec un titre assez puissant et plutôt sympa avec l’alternance de chant clair et growlé qui montre que le groupe est venu pour en découdre. C’est suivi par Degenerate, morceau typique du metal alternatif US avec un refrain puissant et mélodique alternant avec des passages electro, un chant qui oscille entre le growl, le chuchotement par moments. Il n’y a absolument rien de novateur, mais c’est diablement efficace.

On retrouve cette énergie débordante sur l’autre single TIKSOK où les passages electro sont beaucoup plus présents. D’ailleurs ce sont ces derniers qui donnent cette couleur metal à ce titre, ce qui n’est pas banal. Le reste est bien dans les clous avec, une fois n’est pas coutume, un refrain mélodique porté par le chant clair de Dustin, et bien que le chanteur s’autorise presque des passages rappés sur les couplets, pas du meilleur effet, l’ensemble est plutôt de bonne facture. Toujours dans la rubrique singles, Starset nous offre deux reprises qui, l’une comme l’autre, peuvent laisser perplexe. La première est une reprise de Head Over Heals de Tears For Fears, et si on reconnait les paroles, la musique est tellement modifiée, le tempo ralenti que l’auditeur s’y paume un peu (moi le premier). La seconde est une reprise de Shattered Dreams de Johnny Hates Jazz, et mes vieux souvenirs m’ont rappelé à ce morceau d’époque pop sucrée et sympa au demeurant. Ici Starset a à peine musclé cette version, mais surtout proposé une relecture moins punchy et rythmée. C’est un choix étonnant qui m’a surtout fait replonger dans l’original qui m’a redonné le sourire pour un titre que je classe dans les « plaisirs inavouables ».

Le reste des morceaux de Silos est un peu dans la même lignée de ce que cette frange du metal moderne US propose avec des refrains puissants et mélodiques, un chant clair plutôt bien emmanché. On est bien dans une sorte de hard rock moderne aux couleurs electro dont un certain nombre de groupes se sont engouffrés dans un style qui trouve ses lettres de noblesse outre atlantique. Ici Starset ponctue ses titres de ponts musicaux, trop nombreux selon l’auteur de ces lignes puisque cela joue sur l’ensemble comme un soufflé qui retombe trop souvent. Ces ponts ressemblent plus à du remplissage dont cet album n’avait pas besoin.

Ce cinquième album de Starset peut paraitre assez inégal car il est truffé d’imperfections, et autres moments un peu crispants. Il n’empêche qu’avec une telle fan base Starset a trouvé une formule efficace et attire du monde dans son giron. Et pourtant certains resteront perplexes sur leur musique, question de génération…