Smycka est un groupe russe basé à Moscou, qui propose Fated. L’album est entièrement chanté en russe, ce qui n’est pas commun, et je dois reconnaitre que je suis incapable de vous dire exactement ce que raconte le groupe… Bref, passons sur mon manque de culture pour s’attarder (verbe finement choisi…) sur le contenu de cet album qui m’est arrivé dans les oreilles comme la création du Slinky, vraiment par hasard.
Et comme le hasard fait parfois bien les choses, j’ai très vite été séduit par ce que propose Smycka et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’ambiance qui se dégage des compostions. A l’instar d’un Cult Of Luna le groupe prend le temps de faire les choses bien, de développer des atmosphères spécifiques. Le groupe a connu quelques changements depuis l’enregistrement de l’album, je vous laisse le soin de découvrir le line-up qui a enregistré l’album et le line-up actuel en fin de chronique.
Le véritable savoir-faire de Smicka réside dans sa capacité à magner la mélodie. Elle sait aussi bien se faire planante, sombre ou bien encore très directe, voir violente. Il en résulte ainsi une synthèse d’influences Post-Rock-Metal, parfois Dark Jazz, ou Black, voire Death metal. La qualité musicale de l’album est évidente. Les musiciens ont la parfaite maîtrise de leurs instruments, ce qui leur permet d’avoir un spectre musical aussi large que raffiné. Si je devais trouver un seul qualificatif à cet album, c’est le terme d’intensité qui me vient en premier lieu, non pas par sa violence musicale brute mais au contraire pour le contraste d’émotion que procure cet album.
Il faut dire que le choix de thématique est lui aussi assez singulier. Ce n’est pas ici Le Monde de Nemo qui nous est conté mais bien celui de Frantz Kafka, qui comme Marin est un rabat-joie avéré mais qui en plus a légèrement oublié de mettre un peu de joie dans sa vie…. Bref, ce concept album propose de « s’offrir » un voyage dans l’atmosphère sombre des cauchemars kafkaïens tout en le liant à une approche expérimentale de la musique. Vous l’aurez compris, on est loin de faire tourner les serviettes, même de plage…
Le groupe présente son œuvre ainsi : «Ces morceaux font référence à la courte prose de Franz Kafka. L’idée principale derrière cela est la collision avec les circonstances. Parfois, le protagoniste peut être physiquement vaincu: dans Fated, Betrayed et Torn, la mort devient la fin. Parfois, il est la tragédie personnifiée: Mut(at)ed décrit une personnalité détruite par la peur et le mensonge. » Bref une chaude ambiance à la Kafka…
Et comme média de cette douce folie, la chanteuse Arina gère très bien ces allers-retours entre mélodie et agressivité. Il est aisé de faire un parallèle avec Julie Christmas de Battle Of Mice. Ce chant à fleur de peau rajoute forcément au flow d’émotion voulu par le groupe. Elle peut chanter comme un oiseau et se transformer en lionne féroce l’instant suivant, cette schizophrénie entre chant et growl est lui aussi vecteur d’émotion.
Vous l’aurez compris, Fated est un album qui joue avec nos émotions. Un album à ressentir autant qu’il s’écoute, qui frôle avec une expérience quasi mystique à condition de bien vouloir s’ouvrir à ce que le groupe propose. Vous l’aurez compris j’ai été malmené par Smycka mais pour mon plus grand plaisir.
Allo? Docteur ? Comment ça un plaisir masochiste, ah bon vous êtes certains… Ok j’arrive…
