Ma première rencontre avec la scène New Wave Of Traditional
Heavy Metal (NWOTHM) fut assez déstabilisante. C’était à un concert
d’Airbourneet alors que je n’étais pas
renseigné sur le line-up de ce show, et quand nous pensions voir débarquer les Australiens
et leur déjanté de chanteur, quelle ne fût pas notre surprise de voir
débarquer un groupe de heavy - glam rock avec un look décomplexé bien rétro
qui va bien ? Ignorant tout de ce revival, nous crûmes d’abord à une vaste
plaisanterie (certes ô combien bien faite) mais non, tout cela semblait bien sérieux avec des
musiciens impliqués. J’allais apprendre que le groupe en question se nomme Enforcer. Renseignements ultérieurs pris, une nouvelle
scène prenait son essor. L’hommage à la La New Wave Of British Heavy Metal est assez
évident sur le nom retenu et les références musicales / look aux années 70
– 80 sont assumées. Au passage, j’apprenais l’existence d’un festival
dédié à du nostalgique pur et dur, le Keep It True où le concept
est clair : on se la joue comme « à l’époque ». Le format me
décontenance un peu car les jeunes groupes en question n’ont pas connu ces
années-là et, certes s’inspirer de ces styles peut s’entendre, mais utiliser
le même matos, porter les mêmes frusques me semble un peu trop jusqu’au-boutiste.
Enfin, chacun fait bien ce qui lui plaît mais quand j’entends un fan m’expliquer
qu’en metal il n’y a rien eu de bien depuis 1989, je tombe un peu de ma chaise
… En effet, la scène Metal se porte bien, fait preuve de dynamisme et est tout sauf
moribonde (au contraire d’une scène rock me semblant plafonner un peu !).
Décidément, Kurt Cobain et son inoubliable Smells Like Teen
Spirit a dû faire des malheureux.
Cette longue introduction pour m’amener à mon sujet avec ce
nouvel album de Skull Fist. La formation canadienne est une pointure de cette
scène évoquée plus haut et, jouons cartes sur tables, étant un ado des
années 90, ne vous attendez pas à maintes références sur les 70’s,
80’s que je connais moyennement bien. Si le lecteur espère de la référence
bien pointue, qu’il me pardonne par avance, il n’en trouvera point en ce lieu. Cependant,
les noms des chansons pourront certainement servir d’Easter Eggs bien sympathiques
(Madman, Blackout, etc.). Je peux aussi préciser que les auditeurs y trouveront
un bon disque forcément daté dans son registre, assez peu audacieux dans son style mais
ça, vu le concept assumé du groupe, il ne faut pas s’en étonner. Reste que
c’est bien agréable à l’écoute, même pour un non-initié /
habitué de ces styles musicaux et j’y trouve plutôt mon compte faisant tourner
l’album bien volontiers. C’est d’autant plus facile que le format est assez court
(huit titres, une grosse demi-heure) mais le rendu gagne ainsi en efficacité. Zach
« Slaughter », le leader en chef du groupe, a perdu au passage son acolyte
Johnny Exciter, ce dernier étant parti former Thunderor (avec
le batteur) alors que les deux guitaristes sont restés en bons termes mais n’avaient juste
plus l’envie de bosser ensemble. Une séparation qui se passe sans réflexions
amères, sans règlements de comptes par presse interposée, ce n’est pas
très 80’s ça !
Point de projet de fond, de concept abouti, juste huit bonnes pistes, bien
troussées, sans surprises mais un vrai bon moment. Allez, il y a un peu trop de chant aigu pour
moi mais sachant ce que j’écoutais, je n’ai pas le droit de m’en plaindre.
C’est dans le cahier des charges il me semble ! Skull Fist est aussi
désormais signé chez Atomic Fire, le label construit par les anciens de Nuclear Blast
suite à la vente de ce dernier et il est plaisant de voir que ce nouveau label se lance sur de
très bonnes bases. Aussi, les Canadiens ont retrouvé les droits de leurs morceaux et remis
de l’ordre dans la maison. Encore un nouveau cycle lancé pour le groupe (qui sera
bientôt rejoint par un second guitariste), un bon disque qui fera le job sans problème. Sur
le fond, ce registre « revival » me laisse toujours un peu perplexe mais il serait
malhonnête de nier la qualité proposée. Sympathique balade en amnésie
qu’on ne peut que recommander aux fans de ces époques.
Tracklist de Paid In Full :
01. Paid In Full 02. Long Live The Fist 03. Crush Kill
Destroy 04. Blackout 05. Madman 06. For The Last
Time 07. Heaver Than Metal 08. Warrior Of The North