Les "super-groupes" (plus ou moins supers, d’ailleurs) en provenance de l’écurie Frontiers continuent d’affluer avec une régularité impressionnante. Si vous vous absentez un peu trop longtemps des actualités musicales, vous risquez d’en louper pas mal... Ce mois-ci, le label italien nous propose donc une nouvelle association de "malfaiteurs" qui répond au nom de Skills et additionne les talents suivants : Renan Zonta (impressionnant chanteur brésilien découvert avec Electric Mob), le bassiste Billy Sheehan qu’on ne présente plus (si ? Allez, David Lee Roth, Mr. Big, The Winery Dogs, Sons Of Apollo entre autres...), le guitariste Brad Gillis (Night Ranger) et le batteur David Huff (Giant). Et comme (trop ?) souvent avec Frontiers, qui est passé par là pour poser des claviers, des chœurs et produire la galette ? Alessandro Del Vecchio bien sûr (le gars ne doit pas être loin du burn-out, sérieusement) ! Au programme, vous ne devinez pas ? Non, pas de djent, ni de black bestial, rien d’expérimental ou de moderne non plus mais du bon vieux hard rock classique. 

Et alors ? Eh bien, c’est sympa, forcément. Extraordinaire ? Bah non, qu’allez-vous imaginer ? Votre appréciation du disque sera forcément conditionnée par vos attentes. Plus celles-ci seront raisonnables, plus vous prendrez et aimerez Different Worlds pour ce qu’il est : un album rassemblant des musiciens certes renommés mais qui n’ont pas écrit (ni vraiment posé leur patte sur) cette brochette de compos plaisantes mais peu aventureuses et livrées par d’autres. Mais vous passerez un bon moment. Eh oui, pourquoi pas ? Il est très agréable, ce Different Worlds. Je le dis sans ironie. Mais voilà, n’espérez pas de surprises ou de magie, ni même de prouesses techniques invraisemblables... Sheehan, Gillis et Huff ont suffisamment de bagages pour vous offrir une prestation évidemment irréprochable, pro jusqu’au bout des ongles, mais tout cela reste bien sage. La folie est absente du propos. Les interventions guitaristiques de Gillis sont très brèves et passent même régulièrement inaperçues. Les parties de basse pourraient également parfois être jouées par quelqu’un d’autre que Sheehan (on retrouve à quelques moments sa touche - et un son caractéristique - mais il reste globalement un poil sous-exploité). La production ? Tout à fait honnête, elle ne créera pas de problèmes d’égo, tout le monde est audible, personne n’est désavantagé... mais elle reste un peu plate (un petit manque de punch est à signaler) et ne met pas assez en avant la section rythmique à mon goût. Mais tout cela sonne bien et demeure très propre. Celui qui brille le plus ici, c’est Zonta. Un sacré chanteur ! 

Les compos ? Mélodiques, globalement accrocheuses, entraînantes... mais pas toutes mémorables. Certaines font un peu plus tendre l’oreille (la speedée Blame It On The Night en deuxième position, par exemple) alors que d’autres s’oublient dès qu’elles s’achèvent. L’ensemble passe bien et vite (onze titres, une petite quarantaine de minutes, des variations de tempo d’une chanson à l’autre, deux ballades balancées dans le mix), on ne s’ennuie donc pas mais on n’en ressort pas bouleversé non plus. C’était prévisible, on est face à du classic hard des 80s avec quelques petites touches AOR de temps en temps. Le fan du style est caressé dans le sens du poil car le savoir-faire est là et les mélodies souvent instantanément efficaces à défaut d’être brillantes... Mais on n’échappe pas à une impression de déjà entendu ici ou là : un morceau enlevé à la Mr. Big (Blame It On The Night, déjà cité), une ballade très Bon Jovienne (Just When I Needed You) à un autre endroit (mais qui serait chantée par Sebastian Bach, Zonta s’amusant à imiter - fort bien d’ailleurs - son idole) et d’autres titres qui se ressemblent parfois un peu trop entre eux (Different Worlds et Stop The World, par exemple) ou qui vous rappelleront des formations signées sur ce label peuplent cette production. Encore une fois, tout cela est plutôt sympathique et je passe un bon moment à l’écoute de ce disque mais plus de personnalité et de folie n’auraient pas fait de mal. Comme dit plus haut, si c’est ce type de produit que vous cherchez, Skills fait le job et n’a rien de honteux. Mais si vous vouliez quelque chose de plus remarquable, qui sorte du lot, vous n’êtes pas à la bonne adresse.

Tracklist de Different Worlds :

01. Escape Machine
02. Blame It On The Night
03. Different Worlds
04. Losing The Track
05. Writings On The Wall
06. Show Me The Way
07. Just When I Needed You
08. Need To Fall
09. Stop The World
10. Hearts Of Stone
11. Don’t Break My Heart