Artiste/Groupe:

Simulacrum

CD:

Genesis

Date de sortie:

Février 2021

Label:

Frontiers Music

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14.5/20

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La dernière fois que je me suis intéressé à une nouvelle signature étiquetée "Power Metal Progressif" du label italien Frontiers, je suis tombé sur le Worlds Beyond des Suédois de Paralydium (en juin 2020). Un disque agréable et bien fichu mais qui dissimulait mal ses influences (Symphony X entre autres). Retour au présent : il y a quelques jours de cela, je croise par hasard la route du groupe Simulacrum (finlandais) fraîchement signé sur le fameux label et qui, lui aussi, fait dans le power progressif. J’écoute un titre (Scorched Earth, je vous colle la vidéo un peu plus bas) et je me dis : "Yes, ça joue très bien... mais ça ressemble quand même beaucoup à Symphony X (encore !)". Mais ce n’est pas possible, c’est une malédiction ou quoi ? On ne va pas nous refaire le coup tous les ans quand même ?! Je décide alors d’écouter d’autres titres pour en avoir le cœur net... et là, je me rends compte que, bien que je ne sois pas totalement conquis par la proposition, ce Genesis (qui est - soit dit en passant - le troisième album de Simulacrum, il était temps que je m’y intéresse) est finalement plus intéressant et aventureux qu’il en avait l’air de prime abord. Alors, n’écoutant que mon courage et ma curiosité (et l’envie de ne pas m’atteler à d’autres tâches peu intéressantes que je ne vous détaillerai pas car vous vous en fichez royalement et vous avez bien raison) je décide de me pencher plus sérieusement sur cette affaire... et j’ai bien fait. Explications.

Première chose qui distingue Simulacrum de ses pairs : on compte sept musiciens dans le groupe (oui, et alors ?) dont deux chanteurs (ah ok, pardon). Donc oui, deux vocalistes complémentaires (Niklas Broman et le nouveau venu Erik Kraemer), c’est une petite originalité en soi dans le genre. Ce n’est pas totalement inédit mais clairement pas quelque chose que l’on voit tous les jours non plus. En plus de cela, dès qu’on prend le temps d’aller un peu au-delà des singles mis en avant pour appâter le chaland, on se rend vite compte que le groupe est bien plus qu’un ersatz d’autres formations. C’est certain, on entend du Michael Romeo dans les riffs de Scorched Earth (l’ensemble du morceau fait bien penser à du Symphony X, comme dit plus haut), on perçoit des touches, mélodies ou ambiances qui rappellent Dream Theater, Pagan’s Mind ou DGM (le couplet de Nothing Remains) par ailleurs mais ces influences ont tendance à s’estomper assez rapidement ou à se mélanger avec d’autres éléments plus modernes (il y a du Djent dans l’air) ou courants musicaux hors metal (certains passages sonnent très jazz). En fait, Simulacrum fusionne des éléments prog metal issus des 90s avec des influences power épiques et grandiloquentes mais s’inscrit aussi dans son époque en jouant sur des terrains récemment arpentés par des combos comme Haken ou Between The Buried And Me. Tout cela donne un album foisonnant qui fait que l’on ne sait plus toujours bien où donner de la tête... surtout au début. 

Cela dit, l’album est agencé de façon cohérente. Deux parties se distinguent. La première moitié (les cinq premières compos) met en avant la facette plus heavy/power du groupe (à l’exception de Like You Like Me qui incorpore plus de douceur à sa recette, avec des passages acoustiques et planants). C’est là que vous trouverez les morceaux les plus robustes, rythmés et accessibles (comme Nothing Remains ou Scorched Earth déjà cités). On note vite que les musiciens sont assez époustouflants de virtuosité et que chacun a le droit à sa mise en avant (le claviériste vous propose des sonorités variées et interventions en solo, le bassiste intervient aussi en premier plan pendant Traumatized, le morceau d’ouverture). La deuxième moitié de l’album, c’est l’énorme Genesis, divisé en quatre parties qui forment un tout d’une demi-heure. Et là, on est plus en territoire progressif que power. Le groupe se lâche, va où il veut (il y a un solo de xylophone en plein milieu de The Celestial Architect), s’autorise quelques incursions jazz fusion dans l’esprit, impressionne avec sa deuxième partie instrumentale et développe les aspects mélodiques et prog rock de sa musique sur les parties trois et quatre de sa tétralogie... c’est globalement plus audacieux et intéressant que la première moitié du disque (déjà bien riche et dense à sa façon). Je me répète mais il faut le souligner : le niveau des musiciens est étourdissant.

Beaucoup de qualités donc. Et d’ambition aussi. Alors pourquoi pas une note qui tue ou un coup de cœur ? Eh bien parce que malgré la maestria démontrée, cette œuvre imposante peut se révéler fatigante sur la longueur (pour votre serviteur en tout cas). C’est le style qui veut ça et aussi la façon dont l’album est produit, avec un gros son compact et écrasant qui fait que la musique a un peu de mal à respirer. Il y a un effet "mur de son" qu’on se prend en pleine tronche... qui a ses avantages mais peut également éreinter. Voilà, je ressens parfois un effet de "trop plein" à l’écoute de ce Genesis. La performance des deux chanteurs est également à souligner mais, bémol, je trouve le duo également un peu usant par endroit. Tout cela est subjectif et vous ne ressentirez peut-être pas la même chose. A vous de voir. En tout cas, Simulacrum est un groupe intéressant - à la maîtrise remarquable - qui laisse entrevoir un très grand potentiel. Et il nous rappelle qu’il faut se méfier des apparences (ou des premières impressions causées par certains singles). 
 

Tracklist de Genesis :

01. Traumatized
02. Nothing Remains
03. Arrhythmic Distortions
04. Like You Like Me
05. Scorched Earth
06. Genesis Pt. 1 - The Celestial Architect
07. Genesis Pt. 2 - Evolution Of Man
08. Genesis Pt. 3 - The Human Equation
09. Genesis Pt. 4 - End Of Entropy

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