Artiste/Groupe:

Silver Lake by Esa Holopainen

CD:

Silver Lake by Esa Holopainen

Date de sortie:

Mai 2021

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Metal/Rock progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Voilà une bien belle surprise ! Esa Holopainen, guitariste des excellents Amorphis, a profité du break imposé par le contexte sanitaire pour se lancer dans la réalisation de sa première aventure en solo. Cet album nous arrive aujourd’hui sous le patronyme de Silver Lake et c’est un très beau disque. Le talent de son créateur n’est plus à démontrer... il s’illustre ici encore mais de manière différente. Avant d’entrer dans les détails, deux (bons) points à savoir :

1. Holopainen n’a pas sorti un album sous son nom pour nous refaire du Amorphis. On est sur quelque chose de plus rock, posé... presque pop par moment et très varié d’un titre à l’autre (on y revient dans quelques instants). C’est exactement ce que j’attends d’un album solo. Refaire plus ou moins la même chose qu’avec son groupe habituel, quel intérêt ?

2. On aurait pu croire (vu l’instrument de prédilection du monsieur) que Silver Lake serait un "album de guitariste", il n’en est rien. Le contenu n’est pas instrumental et la guitare ne se voit pas offrir un espace spécialement plus important que celui accordé aux autres participants de cette aventure.
Penchons-nous maintenant plus en avant sur le contenu de cette galette.

Au menu : neuf pistes, trente-sept minutes de musique, un premier titre instrumental, puis huit chansons bien distinctes (impossible de les confondre) avec notamment sept vocalistes différents qui contribuent à la diversité des compositions proposées (oui, sept et non huit car Jonas Renkse de Katatonia apparait sur deux compos). Vu la variété de l’offre et la durée assez courte de l’ensemble, l’ennui n’est pas une option. D’autant plus que la musique de Silver Lake est de celle qui fait voyager, souvent évocatrice de paysages majestueux ou détentrice d’une puissance épique et mélodique (même dans les moments les plus doux) qui fait mouche. 

Holopainen propose un disque versatile. Cela ne plaira pas forcément à tout le monde, le compositeur ne s’étant pas imposé de limites. Stylistiquement, l’absence d’homogénéité peut déranger. Il faut accepter de passer d’un titre instrumental mélangeant sonorités acoustiques et symphoniques (le beau Silver Lake) à du rock progressif mélancolique (Sentiment avec une prestation poignante de Jonas Renkse), en prenant des détours par des compos aux textures plus électroniques et popisantes (Storm et Ray Of Light bien pourvues en mélodies accrocheuses) ou un morceau plus lourd narré en finnois (Alkusointu qui mélange voix grave - cette voix couplée à la pesanteur du titre m’ont fait penser au Defender de Manowar - avec l’intervention surprise d’un saxophone suivi d’un solo de clavier aux sonorités proches de celles qu’on peut trouver chez Ayreon), sans oublier quelques moments de metal plus enlevés et remuants, davantage présents dans la seconde moitié de l’album.

En effet, alors que le début de Silver Lake s’avère assez éloigné de la musique d’Amorphis en terme de robustesse, on trouve un peu plus de muscle à partir de In Her Solitude dont le chanteur invité n’est autre que Tomi Joutsen (tiens, tiens... comme par hasard !). Gros riff, ambiance plus sombre, chant alternant growl caverneux et clarté mélodieuse... ce morceau très réussi pourrait se trouver sur un album récent d’Amorphis. Promising Sun (avec l’excellent Björn Strid derrière le micro) est plus léger, enlevé (on note même un peu de double grosse caisse) et voit son chanteur (qui ne se sert que de sa voix claire) briller sur des lignes qui caressent encore le mélomane dans le sens du poil. Fading Moon conserve une patte relativement heavy tout en introduisant une touche de féminité grâce au chant impeccable d’Anneke Van Giersbergen. Encore un refrain aérien et particulièrement catchy (l’un des plus mémorables du disque, je trouve) à se mettre entre les oreilles. Apprentice vient "boucler la boucle" avec cohérence en ramenant les guitares acoustiques au premier plan, le chant mélancolique de Renkse et des mélodies très proches des thèmes présents sur l’instrumental qui ouvrait si bien l’album... et c’est beau, tout simplement.  

La foisonnance dont fait preuve Silver Lake sera peut-être perçue par certains comme une faiblesse... En ce qui me concerne, elle est évidemment l’un des grands attraits (et une force incontestable) de ce disque. Voilà une œuvre poétique, audacieuse, riche en mélodies, très bien écrite et produite, interprétée par des musiciens impeccables et enrichie par d’excellents vocalistes. Bien joué, Esa ! S’il devait y avoir une suite à cet aparté, je serais très curieux de l’entendre. 

Tracklist de Silver Lake :

01. Silver Lake
02. Sentiment (feat. Jonas Renkse)
03. Storm (feat. Håkan Hemlin)
04. Ray Of Light (feat. Einar Solberg)
05. Alkusointu (feat. Vesa-Matti Loiri)
06. In Her Solitude (feat. Tomi Joutsen)
07. Promising Sun (feat. Björn Speed’ Strid)
08. Fading Moon (feat. Anneke Van Giersbergen)
09. Apprentice (feat. Jonas Renkse)

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