Attention groupe culte, éphémère mais culte. Quelle bonne idée a eu Head Records de proposer pour la première fois en vinyle cet album mythique de Shovel, remasterisé pour l’occasion et agrémenter de deux titres bonus issus de la première démo Birth venant garnir un peu plus le superbe double vinyle marbre bleu.
Ce qui permet également de réparer une anomalie : il n’y avait pas encore de chronique de cet album culte.
Alors que le groupe Eastwood sévissait déjà à Lausanne, trois de ses membres décident de créer Shovel, à savoir François (guitare), Pol (guitare) et Franck (batterie). Ces 3 ex-Eastwood donc recrutent Raph à la basse et Francisco au chant. Rapidement, le groupe enregistre une première démo Birth puis un split avec Unfold avant ce fameux Latitude 60º Low en 1999 chez Headstrong Records.
A la sortie de cet album quelque chose se passe, un peu comme avec Nirvana quelques années avant. Ça se répand comme une traînée de poudre, de nombreux concerts un peu partout, le groupe a même droit à un passage à Nulle Part Ailleurs sur canal+. Il faut dire que ce Latitude 60° Low a tout pour plaire : un son très 90’s et un flow très Deftones et Nu Metal, un style qui cartonnait à cette période. Le parfait chaînon manquant.
Là où le groupe tire son épingle du jeu c’est qu’avec Shovel il n’y a pas de chant rapé à outrance, pas de tentative désespérée pour être le plus émotif possible pour attirer l’attention. Mais plutôt un penchant post hardcore plus radical.
Certes l’influence Deftones est bien présente donc niveau titres qui jouent sur la corde sensible, il y en a bien, mais de manière subtile et surtout nuancés par des envolées brutales qui flirtent avec le hardcore. Il suffit d’écouter Path par exemple pour s’en convaincre. Mais revenons au début : Lurk et sa guitare incisive, la voix éraillée de Francisco, le final tout en douceur font de ce titre un classique. Scythe, qui était donc présent sur la démo Birth, est un véritable hymne de stade. En fait les quatorze titres sont excellents, c’est d’ailleurs rare qu’un album bien fourni d’autant de titres ne souffre d’aucun remplissage, chaque morceau apporte sa pierre à l’édifice, culte. Les très brutaux Path et Boil Over, le riche en effets de distorsion Gasoline, le long et très emo Wreck, un album vraiment complet qui aura donc fait remarquer le groupe un peu partout. S’en suivra de longues tournées mondiales intenses qui auront raison du groupe, les tensions apparaissent et le chanteur Francisco décide de quitter le groupe, ce qui conduira au split de Shovel. Latitude 60º Low n’aura donc pas de suite, sauf si le groupe décide de se reformer 25ans après comme c’est pas mal la mode en ce moment mais ça n’en prend pas le chemin. Un album magistral et puis s’en va, Shovel aura tout de même réussi à marquer son époque.