Artiste/Groupe:

Sex Pistols

CD:

Never Mind The Bollocks

Date de sortie:

1977

Label:

Style:

Punk Rock

Chroniqueur:

Orion

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Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols. Tout a déjà été dit sur cet album. On pourrait juste le définir en un seul mot. Au choix : Fondateur. Légendaire. Incendiaire. Mythique. Révolutionnaire. Unique. On pourrait… Mais on va tout de même développer un peu plus que ça, on est là pour ça, non ? 

Fondateur. 
Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols est tout simplement l’album qui est à l’origine du mouvement punk anglais. Car même si les Sex Pistols ne sont pas à proprement parler le premier groupe de punk, ils sont ceux qui ont popularisé le phénomène. Un grand nombre de bouleversements qui vont avoir lieu dans le monde de la musique rock et metal lors des deux décennies suivantes prend son origine ici. 

Légendaire. 
Aux débuts du groupe, on trouve le guitariste Steve Jones et le batteur Paul Cook qui fondèrent tout d’abord The Strand. Influencés par des groupes tels que les Who ou les Stooges, ils prônent un retour à la sincérité du rock des années 60, en opposition au rock des années 70 devenu trop pompeux et grandiloquent à leur goût (le rock progressif avec en tête Pink Floyd leur sort par les yeux). En 1972, ils font une rencontre qui va être déterminante pour leur carrière : Malcolm McLaren, un homme d’affaire qui possède une boutique de vêtements à Londres et qui est aussi manager des New York Dolls. Celui-ci voit dans ce nouveau groupe un excellent vecteur pour promouvoir sa ligne de vêtements. Bien vu puisque ça va lancer tout simplement la mode punk. McLaren va aussi leur présenter l’homme qui tiendra la basse jusqu’à la sortie de l’album : Glen Matlock.
Ce n’est qu’en 1975 qu’ils rencontrent l’emblématique John Lydon, qui deviendra chanteur du groupe sous le nom de Johnny Rotten ("rotten" qui signifie "pourri" et ce serait une référence à l’état de sa dentition. Poétique.) Et quand je dis chanteur… C’est une définition de chanteur un peu différente de celle qu’on connaît jusqu’alors. Rotten, comme les autres membres du groupe, n’a pas un bagage technique très développé, il n’a jamais travaillé le chant et sa voix n’est pas particulièrement marquante, juste une voix de sale môme un brin je-m'en-foutiste et ça colle tout à fait au concept.
A la suite de son recrutement, The Strand devient The Sex Pistols et le groupe commence à écumer la région de Londres en se produisant dans des pubs, des universités et des clubs. Ils décrochent alors un contrat avec le gros label EMI et sortent leur premier single, Anarchy In The UK en novembre 1976. Contrat de courte durée puisque le label le rompt en janvier ‘77, à cause de la polémique créée par les paroles de la chanson. En souvenir de ce bref passage chez ce label d’importance, les Sex Pistols lui dédicaceront une chanson sur leur album, tout simplement intitulée EMI. Histoire de régler quelques comptes… D'ailleurs, le label suivant, A&M, a droit à un petit clin d'oeil lui aussi à la toute fin du morceau. 

Incendiaire.
C’est donc avec ce nouveau label, A&M, que le groupe sort son second single, God Save The Queen… Enfin, il serait plus juste de dire "a failli sortir" car le single, à peine édité en mars 77, est retiré de la vente, le label ne voyant pas du tout d’un bon œil la critique qui y est faite de la monarchie anglaise. Il faut dire que, dès la première strophe, ça ne fait pas dans la dentelle : "God save the Queen, the fascist regime"... C’est même un véritable scandale, on ne touche pas à cette institution qu’est la Royauté en Angleterre et les Sex Pistols sont alors boudés par les médias et même par les autorités des villes où ils doivent se produire et où leurs concerts sont annulés. Toutes ces polémiques feront évidemment une énorme publicité au groupe (aujourd’hui, on dirait un" buzz de ouf") et n’empêcheront pas le single de se vendre comme des petits pains quand un nouveau label, Virgin Records, le sortira deux mois plus tard. La signature des Sex Pistols sera d’ailleurs l’un des plus gros coups marketing de Richard Branson, PDG de ce tout jeune label.

Mythique.
Grâce à Virgin Records, le groupe retourne en studio pour enregistrer le reste des titres de l’album mais sans Glen Matlock qui vient d’être remercié (il était pourtant l'un des auteurs principaux des musiques). Il est remplacé par l’emblématique Sid Vicious, personnage violent et incontrôlable qui va devenir une véritable icône de la scène punk. A l’époque, c’est juste un pote de Johnny Rotten qui faisait partie du "Bromley Contingent", un groupe de fans qui suivait le groupe dans tous ses déplacements. Sid (de son vrai nom John Simon Ritchie) est d’ailleurs plus recruté pour son look que pour son jeu puisqu’il n’a jamais tenu une basse de sa vie. C’est donc finalement Steve Jones qui va assurer la plupart des parties de basse de l’album (à part sur Anarchy, titre sorti en single en 1976 et sur lequel figure l’ancien bassiste Glen Matlock), le temps que Sid apprenne à maitriser son instrument. Apparemment, Bodies serait le seul titre où apparaît Sid à la basse.
A l’automne 1977, l’album parait enfin, après de longs mois d’attente pour les fans. Un visuel avec des couleurs criardes mais plus soft que celui des singles parus précédemment et un titre provocateur bien sûr ("on s’en bat les couilles"), qui résume bien l'état d'esprit du groupe et qui va une nouvelle fois créer de nombreuses polémiques. Mais rien n’y fait, c’est un succès énorme et Richard Branson peut se féliciter d’avoir été le seul à bien vouloir produire l’album de ces sales gosses car dès sa sortie, Never Mind The Bollocks se vend par palettes. Il sera même premier des ventes d’albums le mois de sa sortie en Angleterre alors que la plupart des grandes enseignes de disquaires du pays refusent de le distribuer. La révolution est en marche…

Révolutionnaire. 
Venons-en à la musique. Car même s’il a été dit que les Sex Pistols étaient avant tout un produit marketing créé par McLaren pour engranger un max de thunes (ce qui n’est pas tout à fait faux), il n’en reste pas moins qu’il y a un avant et un après Never Mind The Bollocks. Et ça, personne ne pourra le nier. Et que si, musicalement, c’était aussi vide que certains aiment à le penser, cet album n’aurait pas eu un tel impact dans le monde de la musique. Sérieusement, vous en connaissez beaucoup, vous, des "boys bands" qui ont profondément marqué le monde de la musique en l’espace d’un seul album ?
En plus des deux singles déjà évoqués, Anarchy et God Save The Queen, qui sont devenus des hymnes intemporels (franchement, qui ne les connait pas ?), l’album contient quelques autres bijoux devenus des classiques comme Holidays In The Sun et son intro militaire, Pretty Vacant, Bodies, Liar ou encore No Feelings. Des hymnes à la rébellion portés par les riffs simples mais d’une efficacité diabolique de Steve Jones. Quand on sait que le guitariste a appris à jouer de la guitare très peu de temps avant de former le groupe, on ne peut être qu’impressionné. Comme quoi, inutile d’être un cador de la six cordes pour révolutionner l’histoire de la musique (cf Kurt Cobain). La rythmique tabasse comme il faut mais sait aussi faire dans la nuance (le groovy Submission). On renforce quelques refrains par des choeurs (Bodies, Seventeen, Pretty Vacant, God Save The Queen, EMI...), histoire de rendre le truc encore plus fédérateur. Les titres dépassent rarement les trois minutes trente. Pas de doute, le but défini au départ est atteint : on est loin ici de la sophistication des groupes rock prog de l’époque, c’est un retour à une forme de rock dans sa formule la plus basique : une musique, dépouillée, binaire... et revendicative. 
Là-dessus vient se plaquer la voix gouailleuse de Johnny Rotten qui crache des paroles subversives à souhait. Car la révolution portée par cet album, elle est aussi au niveau des lyrics. On est loin ici des textes "hors sol" des groupes de rock de l’époque. Voilà du texte bien terre à terre, contestataire, revendicatif, provocateur qui a pour but de faire réagir. Pas étonnant, en ces temps de crise, que la jeunesse britannique se soit retrouvée dans ces compositions et se soit identifiée à ces quatre énergumènes. Elle va aussi adopter rapidement le look Sex Pistols (cheveux dans tous les sens et de toutes les couleurs, vêtements déchirés ou rapiécés avec des épingles, slogans tapageurs sur les tee shirts ou les blousons), histoire de se démarquer et de montrer aux yeux de tous leur adhésion à ce contre-courant en révolte contre le système.

Unique.
Never Mind The Bollocks sera le seul album du groupe puisque celui-ci se sabordera peu de temps après sa sortie, en pleine tournée américaine. Et en l’espace de ce seul album, les Sex Pistols ont tout bouleversé. Car Never Mind The Bollocks n’a pas seulement lancé le mouvement punk, il a aussi profondément marqué le monde musical et notamment celui qui nous intéresse sur ce site. En effet, si l’on a cru dans un premier temps que le Punk avait tué le Hard Rock, il n’en fut rien. Au contraire : la NWOBHM, le Speed puis le Thrash Metal, Mötley Crüe, Guns n’ Roses, Nirvana… Tous ces courants et ces groupes qui ont fait vivre et évoluer le Metal lors des deux décennies suivantes s’en sont inspirés. Ce n'est pas pour rien que cet album est reconnu comme l'un des disques de rock les plus influents de tous les temps.

Et toi, jeune métalleux, tu n’as toujours pas écouté cet album ? Tu sais donc ce qu'il te reste à faire...

 

Tracklist de Never Mind The Bollocks :

01. 
Holidays In The Sun
02. 
Bodies
03. No Feelings
04. Liar
05. 
God Save The Queen
06. Problems
07. Seventeen
08. Anarchy In The UK
09. Submission
10. Pretty Vacant
11. New York
12. EMI

 

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