Bon voilà, je viens de ranger l’album dans sa pochette, et je suis interloqué. Les gars vous êtes sérieux ou vous vous foutez du monde ? Parce que dans les deux cas on touche au génie. Allez léger feed back, c’est parti ! Royal Republic est un groupe suédois de glam punk rock composé d’Adam Grahn et ses sublissimes bacchantes à la guitare et au chant, de Joan Almen à la basse, d’Hannes Irengard à la guitare et Per Andreasson à la batterie. Déjà plus d’une quinzaine d’année qu’ils officient dans cette sphère punk glam jusqu’à l’obtention d’une certaine crédibilité depuis qu’ils ont ouvert pour The Offspring par le passé et se voient depuis reluqués par les amateurs de metal comme un groupe avec lequel il faut compter. Et pourtant après quatre albums on se demande toujours s’ils sont sérieux dans ce qu’ils font tant c’est un joyeux bordel, et forcément il n’y a pas de demi mesure avec eux : on adore ou on déteste. D’ailleurs Necrovore en a fait l’amère expérience il y a quelques années dans les pages de notre estimé webzine puisque sa chronique de Week End Man ne lui a pas laissé un souvenir mémorable. Et pourtant l’annonce du cinquième opus, LoveCop a tenu une partie du public et des fans en haleine, le groupe teasant en annonçant du renouveau dans leur son avec plein de surprises, et pour tout vous avouer, je faisais partie de ces derniers. C’est donc avec une sacrée impatience que j’ai découvert LoveCop. D’ailleurs le groupe qui n’en est plus à une provocation près a intitulé un album punk rock LoveCop ou "j’aime les flic" pour les plus nuls en anglais ce qui est assez osé et montre le second degré du groupe qui assume totalement son décalage. Cette galette décoiffe rien que sur l’artwork avec la présence de néons à l’ambiance très eighties et un groupe vêtu de cuir nous ramenant quelques années en arrière vers des discothèques "à thème" pour rester dans le politiquement correct. Le groupe nous balance d’entrée un My House totalement décalé lui aussi avec beaucoup d’electro, des claps, et des bons riffs de guitares, mais loin du punk rock auquel on s’attendait à entendre. Pour nous prendre à rebrousse poil, y’a pas mieux, et pourtant la chanson est juste topissime, une claque pour commencer et ça ne sera pas la seule, c’est moi qui vous le dis et là où c’est bien joué c’est qu’on est sur quelque chose pas vraiment metal ni punk.
La bande à Adam poursuit son chemin avec Lovecop un peu dans la même ligne que la précédente, une chanson drôle au premier et second degré, mais plutôt sympa avec toujours en fond ces riffs de guitares bien trouvés. On retrouve le son bien rock de Royal Republic sur Wow! Wow! Wow! avec une grosse guitare et un chant bien testostéroné, et pourtant les chœurs et les cuivres renvoient là aussi vers d’autres cieux. C’est à croire que Royal Republic soit se saborde volontairement, soit part dans de géniales envolées.
Le son revient parfois sur des trucs bien plus dans les clous sur Boots, chanson bien plus punchy et de loin l’un des meilleurs titre de cet opus, et qui devrait envoyer du très très lourd sur scène. C’est concis et aucun temps mort ici, grosses guitares et batterie bien en avant, le groupe s’en donne à cœur joie. On retrouve le côté rock décalé sur Ain’t Got Time, et même si on constate que les guitares ont remplacé les synthés, le chant légèrement décalé et hurlé en font un titre superbe une fois de plus.
Royal Republic va explorer de nombreux chemins, une ballade énorme sur Lazer Love, le timbre de voix d’Adam est à tomber, et le genre de ballade qui monte progressivement fonctionne du tonnerre de dieu. On dirait une chanson moderne datée des eighties. Avant le final funk Sha La La Lady, on trouve Electra qui sort de ce qu’on avait entendu jusque là pour nous faire partir vers du pop rock et surtout vers la musique de U2 période 85. Si le titre est discutable sur son impact et son côté popisant, il faut reconnaitre qu’en 2024 ils ont réussi à faire du bon U2, ce que ces derniers ne savent même plus faire. Ce titre possède quand même de bons moments de guitares et un solo là aussi assez réussi. Au final Royal Republic aura réussi son pari de se mettre en danger avec un album qu’on pourrait qualifier de pop-punk-glam-funk-rock, qui, s’il va perdre quelques fans punk purs et durs, aura le mérite, et il faut le reconnaitre, d’avoir balancé onze titres superbes, sans aucune fausse note (ou sans aucune bonne note), mais ce LoveCop est très très addictif tant il est déroutant. Donc le groupe se fout-il de notre gueule ? Je ne pense pas, et je pense surtout qu’ils sont très sérieux, même s’ils prennent un plaisir coupable avec nous faire tourner en bourrique. Rendez-vous est pris le 16 novembre pour un Zénith qui risque de voir son plafond sauter avec un Royal Republic de feu.
Tracklist de LoveCop :
01. Intro My House 02. My House 03. LoveCop 04. Wow! Wow! Wow! 05. Frakshow 06. Lazerlove 07. Boots 08. Love Somebody 09. Ain’t Got time 10. Electra 11. Sha-La-La-Lady