Resurrection Kings est un nouveau groupe récemment signé chez Frontiers Records. Il est probable que cette première phrase déclenche déjà chez vous une petite suite de déductions. Pour commencer, vous vous dites qu'il y a de grandes chances pour qu'il s'agisse de hard rock ou de quelque chose de très mélodique. Vrai. Vous pensez que ça va sonner rétro, un peu comme dans les années 80 ou 70... ou les deux ? Bien joué. Comme c'est chez Frontiers, vous imaginez une collaboration entre musiciens plus ou moins renommés ? Encore vrai. Bon, et comme d'habitude, ça va être bien fait, pro, emballé comme il faut avec une production soignée mais ça ne va rien révolutionner, c'est ça ? Bingo ! Vous êtes en forme, c'est un joli sans-faute ! Rentrons un peu dans les détails. Alors, oui Resurrection Kings fait dans un hard parfois très mélodique et teinté d'influences seventies comme Led Zep ou Rainbow mais donne aussi dans les eighties avec des relents de Whitesnake ou quelques touches plus heavy qui ne sont pas sans évoquer Dio. Et qui joue là-dedans ? On retrouve Craig Goldy à la guitare et Vinny Appice à la batterie... Voilà qui explique déjà la touche Dio (ils ont tous les deux fait partie du groupe du fameux chanteur). A la basse, c'est Sean McNabb (qui a joué chez Quiet Riot, Great White ou Dokken) qui officie... et derrière le micro, c'est Chas West (Tribe Of Gypsies) qui donne de la voix.
Pour ce premier disque, les quatre compères nous ont concocté un recueil de compos principalement mid-tempos, oscillant entre bon vieux hard rock des familles et bon vieux heavy (des familles aussi), au feeling épique (les claviers, présents du début à la fin du disque, contribuant à installer cette ambiance) et gorgées de très bons riffs et solos volubiles. La production signée Alessandro Del Vecchio est impeccable et chaque instrument tire son épingle du jeu. On reconnaît bien le jeu de batterie de Vinny Appice tout comme on remet immédiatement le style et surtout le son de guitare de Goldy qui nous renvoie en 1987, à la sortie du Dream Evil de Dio (écoutez les riffs de Fallin' For You ou Silent Wonder, c'est flagrant). Au milieu de tout cela, Livin' Out Loud se distingue de par son tempo beaucoup plus lourd et Never Say Goodbye également parce qu'il s'agit de la seule ballade (comme Bon Jovi ou Whitesnake en sortait dans les 80s). Ce ne sont pas mes morceaux préférés. Je préfère largement quand les Resurrection Kings se montrent plus énergiques, groovy voire heavy. Je me tourne donc avec plus de plaisir vers Distant Prayer qui ouvre très correctement cet album (bon riff, très bon refrain), Wash Away au feeling plus rock mélodique, Don't Have To Fight No More qui propose un tempo plus enlevé ou la très bonne Who Did You Run To qui évoque une sorte de mix entre Whitesnake, Europe et même Malmsteen dans ses heures les plus "FM" (Eclipse). Tous ces morceaux ont en commun mélodies avenantes et très bonnes parties de guitare... on sent le plaisir que Goldy a pris à jouer ces chansons. On notera aussi que Chas West est un chanteur plus que correct. Il a son propre timbre de voix mais ses lignes ont souvent des accents Coverdaliens ; en cela, il me fait parfois penser à David Readman (Voodoo Circle) ou à un Jorn Lande light.
Au bout du compte, ce premier essai s'avère très plaisant. Cette sortie Frontiers, comme beaucoup d'autres avant elle, s'adresse principalement aux nostalgiques. Les compos ont, dans l'ensemble, un air de déjà-entendu mais elles sont de qualité et l'exécution est au-delà de tout reproche car les musiciens ont du métier. Resurrection Kings nous offre donc un disque absolument pas révolutionnaire ni unique mais agréable dont on retiendra surtout le jeu inspiré d'un Craig Goldy en grande forme. Ce qui joue un peu contre le quatuor provient surtout du fait que les groupes de musiciens talentueux qui jouent un hard rock traditionnel (ou d'une autre époque, diront certains), ce n'est pas ce qui manque ces temps-ci. Et tous ces projets estampillés Frontiers qui fleurissent en permanence pourraient finir par créer un effet de saturation et, par conséquent, un certain désintérêt... si ce n'est déjà fait (rappelons quand même qu'à peine deux semaines après la sortie de cet opus, Last In Line, lui aussi composé d'ex-musiciens de Dio, va vous proposer sa première production). Mais objectivement, sans qu'on puisse le qualifier d'extraordinaire, cet album est réussi et il n'y a pas grand-chose à lui reprocher. Les amateurs du style devraient y jeter une oreille.
Tracklist de Resurrection Kings :
01. Distant Prayer 02. Livin' Out Loud 03. Wash Away 04. Who Did You Run To? 05. Fallin' For You 06. Never Say Goodbye 07. Path Of Love 08. Had Enough 09. Don't Have To Fight No More 10. Silent Wonder 11. What You Take
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