Certains groupes ont ce qu’il faut là où il faut dès leurs débuts ; on peut appeler ça de la chance, un concours de circonstances, mais dans le cas de Quietus c’est plus de talent dont il faut parler. Jeune groupe fondé en 2017 du côté de Charleville-Mézières, Guillaume D est à la basse et au chant, Guillaume C et Charles D-L sont à la guitare et Jérôme T à la batterie et au chant. Quand je dis jeune groupe, cela concerne la création de Quietus car pour les membres c’est loin d’être leur coup d’essai. En effet, les quatre compères étaient déjà présent dans le groupe Ed Warner, créé en 2004 et auteur de trois splits, deux albums et un EP. Vingt ans de musique derrière eux, c’est cette longue expérience qui a permis a Quietus de nous proposer directement un album au lieu d’un EP comme il est souvent coutume. 

Huit titres au compteur, confortablement installé dans un joli digipack trois volets avec un artwork soigné. L’écoute vaut-elle le visuel ? Définitivement oui. Et pourtant le pari n’était pas forcément gagné d’avance quand on analyse de façon globale cet album qui propose une multitude de styles différents. En effet, selon les morceaux, parfois même selon les minutes écoulées dans un même morceau, nous naviguons dans les sphères math rock pour la complexité de certains arrangements, pour le côté rapide et volcanique. Nous surfons sur la vague screamo avec des envolées lyriques d’une puissance maîtrisée par des hurlements dantesques. Nous nageons en plein bonheur d’un post metal reposant avant que la tempête nous emporte. Le tout trempé dans une ambiance hardcore chaotique, et le tour de force qu’a réussi Quietus c’est de rendre tout cela cohérent. Le paradoxe c’est que le groupe sait exactement où il va, tout s’imbrique parfaitement, se complète, s’enrichit et nous prend aux tripes à chaque écoute. Le côté noise rock efficace de Modern Rome, les changements de rythmes et la basse prépondérante et même essentielle au morceau Le Ruban De Möbius, les spoken words associés à la musique lente façon post rock émouvant de Johnny... Crevé, puis la déferlante screamo et à nouveau la beauté post rock pour finir, le math rock alambiqué et torturé du Colosse Aux Pieds D’Argile, c’est peut-être la maîtrise en tout temps, en tout rythme et en tout style qui fait que l’ensemble s’avère impeccable. L’utilisation intensive des cymbales comme sur Modern Rome ou Intrication Quantique est là aussi maîtrisée tout comme ce riff entêtant qui s’accélère à la fin de Anomie. Quietus est à la fois original, multi styles, carré, talentueux et enivrant. C’est peut-être beaucoup pour un seul groupe, mais c’est aussi ça, Quietus, beaucoup de bonnes choses réunies en un seul album. Et pour cela, merci beaucoup. 

Tracklist Chaos Is Order Yet Undeciphered : 

01. Modern Rome
02. Always A Matter Of Sexual Thoughts 
03. Le Ruban De Möbius
04. Johnny... Crevé
05. Yokin Club
06. Intrication Quantique 
07. Le Colosse Aux Pieds D’Argile
08. Anomie