Artiste/Groupe:

Prong

CD:

State Of Emergency

Date de sortie:

Octobre 2023

Label:

Steamhammer

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

Bane

Note:

15.5/20

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Je ne connaissais pas du tout Prong il y a encore quelques mois. Entendons-nous bien, ami lecteur : j’avais évidemment déjà vu le nom du groupe passer ici et là, ce dernier étant dans la catégorie "mi culte, mi méconnu". Je savais qu’un groupe appelé Prong existait et qu’il avait des fans mais personnellement, je n’avais jamais entendu la moindre note de leur musique. Pour être tout à fait honnête avec toi, à l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai toujours pas écouté le moindre album précédant la sortie de ce State Of Emergency. Si, si, je te jure.

Mais alors, me demanderas-tu avec une certaine pertinence, qu’est-ce que je fiche ici, à vous parler de ce nouvel album ? Excellente question, il me faut donc y répondre : tout part d’un point de rupture. Littéralement, d’ailleurs ! Parce qu’en effet, il y a quelques mois -huit et demi, en fait, la vache-, par le truchement de quelque algorithme, le single Breaking Point a résonné dans ma voiture. Une fois, puis deux fois, puis vingt fois, puis mille fois. C’était un morceau absolument impeccable : un petit thrash un peu crossover sur les bords, avec un refrain à beugler, un riff qui tue et un break qui casse tout. Tout ce qu’il faut, là où il faut. Autant te le dire tout de suite : depuis la sortie de ce single, j’ai dû l’écouter pratiquement tous les jours, pour me chauffer le matin. Mais, à la sortie de ce fabuleux titre, aucun album n’était annoncé. Il allait donc me falloir prendre mon mal en patience...

Ami curieux qui a lancé le titre : avoue, ça tue ! Revenons donc à aujourd’hui. L’album est là, planqué derrière une très jolie pochette et moult promesses. Des promesses qui sont tenues, en ce qui me concerne, dès le début de l’album ! Parce que manger The Descent en pleine trogne à peine le disque lancé, pour le petit fan de thrash que je suis, c’est une certaine idée du bonheur. Me voilà donc convaincu que Prong est un bon p’tit groupe de thrash, un des seconds couteaux que j’aime tant découvrir. Pfff, tendre naïveté... Parce que dès le deuxième titre, celui qui donne son nom à l’album, j’ai compris que le groupe officiait dans un registre un poil différent : un peu de thrash, oui, mais avec un peu de punk, un peu d’indus, un peu de "groove" et compagnie. En gros : Tommy Victor, leader incontesté du projet, fait un peu ce qu’il veut, comme il le veut. Et nous, les auditeurs, on l’accepte sans broncher, parce que le bonhomme a une pelleté de gros riffs qui défoncent à nous filer.

Bien entendu, on a quand même pas mal de thrash, sur cet album. Sinon j’aurais été bien chafouin et j’aurais peut-être insulté m’sieur Victor dans ma tête. Mais entre les deux titres que j’ai déjà cité, le très mosh (mais pas moche) Who Told Me ou le presque hardcore Back en fin de galette, State of Emergency m’a donné ma p’tite ration de thrash et quelques maux de cervicales. Soyons honnêtes : Obeisance, plus lente et lourde, sort à peu près du même moule et la quasiment punk rock Disconnected garde un p’tit pied dans le thrashouille.

Mais, j’en reviens à la deuxième piste : on n’a pas que ça. En effet, ce morceau-titre est un gros mid-tempo bien lourd, un truc que n’aurais pas renié Machine Head et consorts. Sauf que moi, normalement, j’aime pas Machine Head, notamment à cause de Flynn, dont je trouve la voix et le style de chant assez ridicule (désolé, les fans). Paradoxalement, alors qu’il officie dans un registre pas si éloigné, j’aime beaucoup la voix et le chant de Tommy Victor ! Dans le même esprit, écoutez donc le riff d’Obeisance : on est en plein dans ce "power US", comme on dit. Normalement, ça ne me parle pas... mais Prong arrive à me le rendre digeste. Dingue. Et puisqu’on parle de trucs que je n’aime pas mais que ce disque me fait aimer, évoquons Compliant, qui lorgne pas bien loin du metalcore. Si j’avoue ne pas encore avoir remonté la discographie de Prong, c’est notamment parce que le côté "indus" me fait un peu peur. Mais vu les tours de magie dont a été capable State Of Emergency, il va falloir tenter le coup.

Presque anecdotique, de l’aveu de Victor lui-même : l’album se ferme sur une reprise de Working Man, excellent morceau de Rush. Ouais, on est assez loin du style habituel de Prong, faut le dire. Tommy a d’ailleurs confessé ne pas être un fan hardcore de Rush, mais qu’il a toujours aimé les voir sur scène. Il voulait clore ce disque sur une reprise un peu lente et doomy, mais sans reprendre le sempiternel Black Sabbath. Et si je suis un inconditionnel de la bande à Iommi, j’avoue adorer Working Man, son riff de zinzin, son ambiance et l’accélération finale presque thrash que Prong lui donne. Pas une reprise indispensable donc, mais ce serait dommage de passer à côté.

Finalement, cette dernière phrase pourrait bien être un excellent résumé de ce State Of Emergency : l’album n’a rien d’indispensable, ça n’est qu’un bon disque "de plus" au sein d’une féconde discographie et en plein milieu d’une rentrée musicale particulièrement fournie (un très chouette Cannibal Corpse, un superbe Baroness dont on reparlera et un merveilleux Kvelertak, que tu te dois de ne pas zapper). Mais il serait dommage de passer à côté de ce très sympa State Of Emergency, qui casse des gueules avec le sourire. Tiens, d’ailleurs, je vous laisse : je vais aller m’acheter le CD ! Et découvrir le reste des albums de Prong !

 

Tracklist de State Of Emergency :

01. The Descent
02. State Of Emergency
03. Breaking Point
04. Non-Existence
05. Light Turns Black
06. Who Told Me
07. Obeisance
08. Disconnected
09. Compliant
10. Back (NYC)
11. Working Man (reprise de Rush)

 

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