Il y a quelque chose que je n’arrive pas bien à comprendre (ou cerner) dans la généalogie patronymique des membres de Profond Barathre : d’un côté on sait que ce sont les frères Skoggath (je n’ai pas d’autres informations) qui ont produit les deux premiers opus, les excellents Un Voile de Poussière et Snaar ; de l’autre, le nouvel album (sous la houlette du label Hummus Records) annonce Morgan d’Argenteuil, Julien Floch et Joachim Braekman pour Tinnitus. Or je ne trouve aucun lien entre ces noms/pseudonymes. S’agit-il d’une reformation ? Ou juste d’une reformulation des patronymes ? Toujours est-il qu’il y a bien une différence de style entre ces deux moments. Mais peut-être que je complote un peu trop… Dans ce cas, veuillez excuser mes questionnements douteux… et remettez-moi gentiment à ma petite place de chroniqueur.

Bref. Tinnitus n’a de toute façon plus grand-chose à voir avec le Profond Barathre période Snaar et son Ambient très typé vague suisse (cf. Paysage d’Hiver), que j’adorais par ailleurs. Tinnitus est un album totalement instrumental. Je ne sais pas pourquoi, mais certains comparent ce nouveau style à du Harakiri For The Sky. Je n’y perçois aucune comparaison. Alors oui, il y a un côté un peu transcendantal comme dans le Post-BM en général, dans cette impression d’élévation vers une force supérieure, ou intime. La comparaison s’arrête pourtant là.  

Profond Barathre fait beaucoup mieux que Harakiri For The Sky. Sans le chant, le groupe obtient paradoxalement un effet encore plus hallucinogène que ces derniers. Tout y est plus intense, dynamique, concentré, efficace. Chaque instrument s’écoute et se perçoit à sa très juste valeur. Les sens sont aux abois, sans jamais partir dans toutes les directions. La voie est tracée, et elle l’est très justement vers un objectif final : ressortir exalté, héroïque, altier.

Il y a aussi un aspect philosophique, voir même thérapeutique chez Tinnitus. On y parle d’âme, de corps, d’esprit. Tout ceci sonne très juste, authentique, sans pédantisme outrancier. Juste des sensations, présentes à l’état d’éclats de lumières, d’éclairs spirituels à travers une envolée mélodique, une batterie martelant la voie tracée, sans « voix », justement ! Ce qui est assez rare pour le noter.

Vous l’aurez remarqué, j’ai dû utiliser le mot « juste » et ses variantes à de multiples reprises. C’est tout simplement parce que Tinnitus l’est de long en large et en travers. Un album qui sonne « juste », juste beau, parfait, sans faille.

Tracklist de Tinnitus :

01. Stella
02. Spiritus
03. Anima
04. Corpus
05. Terra