Cet album est une blague ! Il est difficile de trouver un terme plus approprié que celui-ci. En effet, les Princesses Leya nous présentent leur premier album L’Histoire Sans Fond. L’équipe qui se compose de Dédo le comique metalleux du Jamel Comedy Club qui ici assure le chant, Antoine Schoumsky homme multi-casquette (mais vraiment allez voir sa bio…) à la guitare, Cléo Bigontina alias Cléo Marie à la basse et Xavier Gauduel à la batterie.
C’est le duo Dédo et Antoine qui est à l’initiative de cette fable qui porte un regard décalé sur notre société qui semble aujourd’hui prise au piège de ses propres excès. Cet "album" mélange allègrement sketchs et musique et tente de reproduire la comédie musicale initialement prévue pour la scène. Le groupe a défendu ce joli bébé au cours du Warm Up Hellfest en 2019.
Afin d’évacuer tout de suite ce qui m’a chagriné, je vais d’abord commencer par une belle palanquée de malgré, car je trouve:
Qu’il est extrêmement difficile de rendre sur album un rendu concept pensé pour la scène. C’est souvent difficile de retrouver l’énergie d’un sketch, et par conséquent certains effets sont un peu poussifs. Le spectacle vivant est basé sur le corporel, du coup, ben sur disque, ça marche moins bien.
Beaucoup de titres sont des reprises, ou des clins d’œil appuyés à des titres déjà connus, Makeba de Jain, une version Rammstein de Boys Boys Boys de Sabrina qui devient pour le coup Balls Balls Balls, ou encore Grâce à l’Alcool en écho à Love Is All deThe Butterfly Ball and the Grasshopper’s Feast (avec du Roger Glover et du Ronnie James Dio dedans)… Et même si globalement c’est bien foutu, on avance en terrain déjà connu même si l’objectif est clairement parodique.
Ce spectacle est une usine à vanne, style stand up / comédie club, qui a une limite évidente dans l’écriture d’un album. L’alternance sketchs / musique n’est pas évidente à gérer et peut, sur les premières écoutes, déstabiliser.
Et malgré cette bonne dose de malgré, je me suis fait tout de même prendre dans les filets de Princesses Leya, pour plusieurs raisons :
Déjà parce que comme tout metalleux moyen, je suis assez fan de l’humour potache, et ce spectacle en est rempli. J’ai beaucoup ri à l’écoute de cette comédie musicale. Il y a un côté rafraîchissant très agréable, d’autant plus que le choix de l’univers totalement délirant fait écho au petit monde du Metal, et il est clair que le groupe en a bien compris les contours.
Je retrouve également des voix que j’adore et qui ont grandement contribué à m’immerger dans le monde des Princesses Leya. Quel plaisir d’entendre Brigitte Lecordier (doublure de Sangoku dans Dragon Ball entre autres…) en plein craquage en train de sortir des insanités plus grosses les unes que les autres, le contre-emploi parfait ! Second petit plaisir, en tant que grand amateur de South Park, on retrouve ici l’immense Christophe Lemoine (qui ne se limite pas non plus qu’à la voix de Cartman…). Même s’il reprend ici ce timbre de voix si reconnaissable pour alimenter un autre personnage là encore bien singulier: Eric Baudelaire.
Même s’il y a musicalement pas mal d’effet de manche, il y a de très bons titres qui sont d’une efficacité évidente. Que ce soit le très mélodique The Twenty Seven Club, le rentre dedans Je Vous Emmerde et Je Rentre à Ma Maison, ou encore le punky Tue tes parents (que j’ai dû chantonner pendant quarante-huit heures non-stop, preuve de son efficacité…), font aussi preuve que le groupe n’est pas juste dans la parodie et sait aussi composer.
Mais surtout il se dégage une bonhomie évidente de cet album. On sent que le quatuor s’apprécie, qu’ils sont là pour passer un bon moment, et en tant que public cela se ressent. Du coup, je comprends mieux la motivation à créer ce disque issu de la frustration de ne pouvoir prendre plaisir sur scène.
Pour conclure, cet album sort des sentiers battus de par son format atypique, et je pense que je l’aurais encore plus apprécié sur scène. Mais c’est globalement une belle réussite. L’énergie comique et positive qui se dégage de cet « album » fait un bien monstre dans cette période bien morose. Alors pourquoi vous priver d’une bonne tartine de divertissement metallico-burlesque ?
Tracklist de L’Histoire Sans Fond :
01. La Malédiction Viking (Sketch) 02. Planète Chlamydia 4 (Sketch) 03. Le Type Chelou en Capuche 04. La Mission (Sketch) 05. Makeba 06. La Ziggurat (Sketch) 07. Balls Balls Balls 08. La Salle Sans Intrus (Sketch) 09. Ustensiles 10. Les Shitty Producteurs Zombies (Sketch) 11. Single Lady Killer 12. Goule Jazz (Sketch) 13. The Twenty Seven Club 14. Le Club des 27 (Sketch) 15. La Vieillesse 16. Bibliothèque Paf (Sketch) 17. Ouais Ouais Ouais 18. Décédés (Sketch) 19. Renaissance (Sketch) 20. Destruction Vaginale 21. Princesses Cocktails (Sketch) 22. Grâce à l’Alcool 23. Eric Baudelaire (Sketch) 24. Je Vous Emmerde et Je Rentre à Ma Maison 25. Home Sweet Home (Sketch) 26. Tue Tes Parents