Aujourd’hui, dans cette chronique, je ne ferai pas de présentation, qui servent de temps en temps à donner gratuitement quelques lignes à un chroniqueur qui manque, parfois, de matière pour écrire sur un groupe. Il peut être causé par un déficit d’émotion, d’originalité, de créativité ou encore d’ambition. Point Mort et son nouvel opus Le Point de Non-Retour est absolument tout, sauf ça. (Donc, si vous souhaitez savoir qui ils sont, n’hésitez pas à fouiner sur notre site.)

C’est la seconde fois que les Parisiens de Point Mort me retournent. Oh, pas littéralement, car là, il y a du boulot, mais émotionnellement. Dès que j’écoute cet album, je ressens un mélange d’épuisement et d’euphorie, simultanément submergé et soulagé, comme si la souffrance était une forme de bonheur puisqu’elle m’offre également le moyen de me sentir tout simplement vivant. 

Cette dichotomie est le résultat de la somme de contrastes que produit l’écoute de cet album. C’est un véritable foisonnement musical accompagné d’un chant où le terme virevoltant est déjà trop faible. L’ensemble est véritablement enchanteur. Avec ce genre de matière incandescente, il n’est donc pas surprenant de retrouver Amaury Sauvé derrière les manettes.

Pour celles et ceux qui avaient eu le plaisir de découvrir Pointless, An Ungrateful Wreck of Our Ghost Bodies est probablement le titre qui est le plus dans la continuité. Le premier riff rappelle le côté Convergien de leur musique, aussi imprévisible que rentre-dedans. Pour autant, les passages divers et variés s’enchaînent avec une aisance rare, pour un premier pavé de dix minutes… Skinned Teeth est également un titre très direct qui peut rappeler la tendance de certains groupes des 90’s (avec un clip en 4:3 SVP) à mettre le feu et la recherche permanente de l’intensité sur le titre, mais également dans le clip.

Autre pierre angulaire, The Bent Neck Lady possède, dans sa première partie, une structure progressive d’une sensibilité rare : les éléments s’enchaînent et se déchaînent pour une fin totalement apocalyptique. Le Point de Non-Retour qui alterne groove et puissance, bénéficie d’une mélodie plus accompagnante que déstabilisante. 

Celle qui est le plus grand vecteur d’émotion, c’est sans aucun doute Sam la chanteuse qui alterne sa manière de chanter avec une aisance rare. Elle est aussi facile dans le rôle de Jevetta Steele au début The Bent Neck Lady, que dans le chant râpé sur Le Point de Non-Retour, intégrant des pointes dans les aigus très sautillant, du nasillard presque enfantin, et une schizophrénie permanente entre chant clair et hurlement destructeur. Une prestation magistrale qui est le ciment de cet album. 

Après un Pointless qui m’avait permis de découvrir l’univers du groupe, Le Point de Non-Retour est l’album qui entérine l’admiration que j’ai pour ce groupe. Savoir manier avec autant d’élégance différents styles ou genres n’est pas donné à tout le monde. La digestion de cet album n’est pas encore arrivée totalement à son terme, et je continue de découvrir fil après fil, riff après riff, une toile tellement riche qu’il me faudra peut-être autant de temps que Pénélope…

Tracklist de Le Point de Non-Retour :

01. ॐ Ajar
02. An Ungrateful Wreck of Our Ghost Bodies
03. The Bent Neck Lady
04. Skinned Teeth
05. Le Point de Non-Retour
06. Iecur             
07. Der
08. The Bent Neck Lady (radio edit)