Artiste/Groupe:

Paysage D’Hiver

CD:

Geister

Date de sortie:

Avril 2021

Label:

Kunsthall Produktionen

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

12/20

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Paysage D’Hiver c’est l’immersion dans un univers figé par le froid, un son rugueux qui plonge l’auditeur dans une nuit sans fin, un tunnel noir dans lequel il fait bon chuter pour s’échapper, loin. La discographie labyrinthique de ce projet solitaire a, release après release, consciencieusement bâti ce monde lointain, aux confins de l’imaginaire, accumulant une imposante masse de Black Metal simple, pur et unique, d’une intensité totalement hypnotique. C’est donc avec l’espoir de l’évasion que j’envisageais avec gourmandise l’écoute prometteuse de ce nouvel opus, les passagers pour Geister sont priés d’embarquer. 

J’aurais pourtant dû me douter de quelque chose en voyant cette cover plutôt inhabituelle pour Paysage D’Hiver. Où sont passés les forêts, les montagnes, la neige et la nuit ? Autant d’éléments ô combien clichesques mais tellement réconfortants pour qui aime se perdre dans ces ambiances nuiteuses, devenues familières depuis l’Eclipse du légendaire Emperor. Le contenant est différent et le contenu est à l’avenant, Wintherr semble avoir changé sa formule pour quelque chose de plus direct. En résulte des morceaux plus courts qui ne possèdent pas le pouvoir d’immersion auquel nous sommes habitués, les nappes de synthé sont plus discrètes, moins grandioses, moins impériales, moins amples, la production est très âpre et puis, et puis il y a cette voix, hurlée, saturée,  qui ne s’arrête jamais, déversant une logorrhée sans fin hurlée sans une once de modulation et qui finit par véritablement gâcher une écoute déjà guère passionnante. Aïe !

Moins lancinant mais plus efficace ? Malheureusement non, les compositions sont construites sur très peu de riffs, ce qui n’est évidemment pas rédhibitoire si l’ensemble fonctionne, mais l’album repose également sur trois ou quatre patterns de batterie différents, utilisés selon la vitesse de croisière du moment. Ce que Paysage D’Hiver perd en atmosphère, il ne le gagne pas en énergie ni en force d’impact, il manque définitivement quelque chose et ce manque se fait sentir, de plus en plus, en même temps que les mesures passent, trop souvent similaires. La monotonie s’installe insidieusement et l’ennui pointe dangereusement le bout de son nez. Ajoutez à cela cette voix bavarde, inexpressive et monocorde et l’impression d’écouter le même titre en boucle se fait tristement sentir. 

Faire tourner peu de riffs, peu d’idées, pour créer les conditions de l’hypnose sonore est un projet plus ambitieux qu’il n’y paraît, un travail qui ne supporte que la réussite absolue, le moindre écart vous faisant glisser dans l’ennui profond. Attraper l’auditeur par les tripes n’est pas une mince affaire et cette fois-ci Paysage D’Hiver, pourtant expert en la matière, semble avoir quelque peu raté sa cible. Reste quelques très bons riffs, disséminés ici et là et des arrangements toujours simples et souvent pertinents, preuve, s’il en fallait une, que le bonhomme n’a rien perdu de son génie. Geister aurait peut-être mérité plus de travail, une mise en forme plus soignée et une vraie réflexion sur la dynamique et l’énergie de ces compositions qui, malgré leurs qualités, ne parviennent pas à captiver et retombent comme des soufflés, dommage. 

Geister ne fait pas l’unanimité chez les fans du groupe, loin de là. Certains impitoyables, très mesurés, estimant même que le projet est définitivement mort, rien que ça ! Ayant en tête le monstrueux Im Wald sorti il y a à peine plus d’un an, je n’irai évidemment pas jusque là, persuadé que Wintherr saura retrouver le chemin brumeux qui mène à ce monde glacial dans lequel il sait si bien nous perdre depuis maintenant deux décennies.  

Tracklist de Geister :

01. Schattä
02. Bluet
03. Wüetig
04. Undä
05. Äschä
06. Wärzä
07. Anders
08. Schtampfä
09. Gruusig
10. Schuurig
11. Geischtr

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