Il se passe clairement quelque chose au sein de la scène black allemande, dans sa faction la plus extrême, bestiale et noisy. Un véritable vivier de formations qualitatives est train d’émerger.
Pale Spektre est clairement l’une d’entre elles.

Trio composé de membres de Ch’ahom, Hadopelagyal et Necropolissebeth (pour ceux que je connais et apprécie), Pale Spektre frappe déjà très fort avec ce premier album et unique sortie à ce jour.

Un savant mélange malsain et putride d’ambient noisy, de black, de death et de doom dans ce qu’ils ont de plus rétrograde, une ambiance à couper au couteau, des morceaux d’une longueur et d’une langueur extrême, pas trop axés sur le riffing mais bien plus sur les atmosphères, un chant ignoble complètement noyé dans la réverbération ; une alchimie qui marche du tonnerre et une musique immersive et dérangeante, bien que n’ayant rien a priori de particulièrement accrocheur.

Je reviens au line-up, qui a deux particularités : déjà, c’est une front-woman aux commandes, qui gère guitare, voix (on ne va pas dire chant, tout de même), basse et qui doit certainement être autrice des compositions ; l’âme du groupe, quoi. Ensuite, un batteur, rien d’extraordinaire. Enfin, un organiste et théréministe, chose assez rare pour être signalée. Qu’est-ce que le thérémine ? Il s’agit sans doute d’un des plus vieux instruments de musique électronique, inventé en 1920 (par un Russe qui s’appelait Thérémine, forcément) et qui a la particularité de pouvoir être joué sans toucher à rien ; l’instrumentiste se contente de bouger les mains et les approcher à une certaine distance de deux récepteurs, un jouant sur la hauteur de la note, l’autre sur le volume. Je vous la fais courte, je n’ai pas spécialement approfondi le sujet. Le rendu est assez proche de la voix humaine et l’instrument a été utilisé notamment pour certaines musiques de film.
Chez Pale Spektre, en sachant cela, on imagine sans l’avoir forcément entendu avant les passages où le thérémine est utilisé. Et c’est bien flippant, je vous laisse juges.

J’aurai l’occasion de parler d’autres groupes de la même clique, mais je ne saurais trop conseiller de jeter une oreille à cet album, déjà très abouti pour une première œuvre et dans lequel on prend finalement un malin plaisir à se replonger à chaque fois.

Tracklist de Bereft Of Xerotic Layers :

01. Helcoid Sanguine Maculation Shrouded
02. Of Gaping Hollow’s Grate
03. Raising Cinder In Morne Bethel
04. Tacent Over Obsidian Bastille
05. In Anguine Redivivus Virulence
06. Bereft Of Xerotic Layers
07. Riven Spirits Shall Abide